A propos du sondage sur l'adhésion aux idées du Front National
Submitted by Anonyme (non vérifié)Jeudi a été publié dans le « grand » quotidien bourgeois Le Monde un sondage sur l'adhésion aux idées du Front National qui atteindrait 31 % dans la population française, avec un pic dans la classe ouvrière (40 %) et les habitants des zones rurales (41 %). Libération a tapé dans le même sens, avec une enquête dans la Somme (voir notre article inversement : La Picardie, des contradictions à l'image de la classe ouvrière).
Si les chiffres en eux-mêmes des sondages ne reflètent qu'un tâtonnement statistique étranger à la science, la tendance de fond à la progression du fascisme dans un contexte de crise générale du capitalisme est – quant à elle – indéniable.
Il est donc intéressant d'analyser ce sondage à la lumière de la grande bataille civilisationnelle qui opposera nécessairement communisme et fascisme.
Car ce sondage repose également sur une série de postulats qui, mis bout à bout, expriment clairement une vision du monde. Ces postulats peuvent être regroupés en deux thématiques, justice et immigration. Deux affirmations sont très proches l'une de l'autre, à savoir « la justice n'est pas assez sévère avec les petits délinquants » (66 % d'opinions favorables) et « il faut donner plus beaucoup de pouvoir à la police » (52 % d'opinions favorables).
La justice est une exigence du peuple qui ne peut supporter de vivre dans une société empli d'agressivité, de brutalité et de criminalité. Le réflexe consiste donc à réclamer davantage de protection. Mais il s'agit justement là d'un réflexe à court terme et pas d'une vision sur le long terme qui correspondrait à une élévation de civilisation. L'idée de réclamer plus de pouvoir à la police porte l'empreinte du conservatisme encore très fort au sein des masses.
Ce conservatisme est très visible dans l'organisation spatiale de la France et la constitution de zones péri-urbaines qui illustre la contradiction entre les villes et les campagnes dans le capitalisme. Ces zones péri-urbaines sont généralement des lieux d'arriération culturelle et d'aliénation au capitalisme, qui rassemblent une forte proportion de la population française et une partie importante de la classe ouvrière. Et c'est au coeur de ces zones péri-urbaines, aberrations capitalistes anti-écologiques, que s'exacerbe la confrontation idéologique entre le nouveau et l'ancien, entre communisme et fascisme.
Il faut bien voir que la police ne représente pas un aspect de la solution mais bien du problème car elle est placée directement sous la coupe de la bourgeoisie, classe dominante du capitalisme qui engendre les crimes. La criminalité se manifeste par la voie d'individus que la justice populaire inflexible se chargera de sanctionner, mais elle est aussi une forme de matière produite par le capitalisme lui-même. Cette réalité est d'ailleurs bien perçue par les masses qui savent qu'au-delà des individus, "ce monde là est dangereux", que "le danger peut surgir de n'importe où".
Voilà pourquoi le XXIè siècle verra l'affrontement idéologique entre le fascisme et le communisme avec pour enjeu la civilisation. Les fascistes considèrent la civilisation comme une réactivation du passé. Voilà pourquoi, dans le sondage, 63% des répondants estiment qu'« on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles de la France », rejoignant ainsi les 44 % qui considèrent qu' « on ne se sent plus vraiment chez soi en France ». Il faut comprendre ici les formidables contradictions qui traverse les masses populaires et dont nous avions parlé au moment du sortie du sondage annuel sur les personnalités préférées des Français.
Les mêmes personnes qui d'un côté ont dans leurs personnalités préférées des gens d'origine immigrée, votent ou respectent fondamentalement de l'autre des gens ayant une culture nationale totalement traditionnelle. [...]
Un pays ne peut pas d'un côté basculer dans le repli sur soi nationaliste, de Mélenchon à Le Pen, et de l'autre considérer que le divertissement apporté par des personnes immigrées a sa préférence !
Cette contradiction explosive est de celle qui forgera la guerre civile de demain.
Bien entendu, les postulats sont violemment réactionnaires, mais il est aussi nécessaire de les comprendre à la lumière de la dialectique car de telles propositions portent en elles les contradictions qui permettent de les dépasser.
En effet, en soi, les « valeurs traditionnelles de la France » ne signifient absolument rien. Ces valeurs traditionnelles, quelles sont-elles ? Dans sa décadence complète, la bourgeoisie qui avance ces proposition ne prend même pas la peine de les définir. Il s'agit juste ici d'une expression épidermique servant directement le fascisme qui se nourrit des approximations et du manque de culture scientifique.
Le site Voie Lactée et notamment le ministère de l'épicurisme s'attache justement à comprendre l'histoire de la France, à travers notamment les articles sur Rousseau, Diderot, le calvinisme ou le romantisme. Il est fondamental que les communistes en France connaissent parfaitement le cadre national dans lequel se déroulera la révolution afin de justement dépasser ces « valeurs traditionnelles » qui, avec la crise générale du capitalisme, prennent inévitablement un tour réactionnaire. C'est la raison pour laquelle, dans le sondage, les « valeurs traditionnelles de la France » entrent en corrélation avec des postulats liés à l'immigration, et plus particulièrement l'Islam : « On accorde trop de droits à l'Islam et aux musulmans en France » (51 % d'opinions favorables), « Il y a trop d'immigrés en France » (51 % également).
Une nouvelle fois, ces assertions réactionnaires sont à analyser de manière dialectique car les contradictions qu'elles renferment y affleurent. Ainsi, il est évident qu'une grande partie peuple rejette catégoriquement la dimension réactionnaire de l'Islam comme de toute religion. Mais Voie Lactée a aussi souligné l'apport incontournable de la culture islamique à travers une analyse détaillée de la Falsafa. Voie Lactée contribue donc à la connaissance universelle car la révolution socialiste puise dans cette exigence culturelle sans laquelle la nouvelle civilisation ne peut voir le jour.
Quant à l'immigration, il est évident que le programme communiste ne consiste pas à ouvrir en grand les vannes de l'immigration ! L'immigration est comprise par les communistes comme une conséquence directe de l'impérialisme qui exploite les pays de la zone des tempêtes. Ces pays sont semi-coloniaux semi-féodaux car ils vivent sous le joug impérialiste de puissances comme la France. L'immigration est dans l'immense majorité des cas vécue comme une contrainte et une grande souffrance pour les peuples de la zone des tempêtes, forcés de s'exiler pour trouver des moyens de subsistance.
L'internationalisme prolétarien consiste à défendre toutes les luttes de libération nationale pour terrasser l'oppression impérialiste, contrairement aux fascistes qui sont à la remorque de la bourgeoisie impérialiste française et glorifient la soi-disant grandeur passée de la France. Il existe déjà en France une population d'origine diverse, qui ne pourra s'épanouir que dans la communauté universelle issue de la révolution socialiste qui s'émancipera de la vieille nation bourgeoise étriquée. Voilà le choix de civilisation de notre époque !