Du meurtre de Ilan Halimi à ceux de Toulouse : la spirale ascendante de l'antisémitisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Dans l'article Henri Guaino nie les responsabilités de la société bourgeoise décadente dans le massacre antisémite de Toulouse, nous disions :
« D'abord, l'antisémitisme de Mohamed Merah ne provient pas de nul part, il n'a rien inventé tout seul mais cela est le résultat de sa perception sensible du monde dans lequel il a vécu, et donc de l'antisémitisme qui y existe.
Mais en même temps, l'acte barbare de Mohamed Merah dans l'école juive de Toulouse est une cristallisation de l'antisémitisme, c'est une forme d'existence matérielle de l'antisémitisme qui produit elle-même de l'antisémitisme , qui le fait exister de manière terriblement réelle et perceptible dans la société.
Autrement dit, il existe un rapport dialectique entre individu et société : c'est la société qui produit les individus, mais elle est elle-même le produit des individus qui la compose. C'est la société capitaliste qui a façonné Mohamed Merah tel qu'il a existé, mais cette société est aussi produite par Mohamed Merah et ce qu'il représente, comme symbole et comme acteur de la société. »
C'est-à-dire que l'antisémitisme est présent et se développe dans la société capitaliste française en crise. L'antisémitisme est un anticapitalisme romantique, une idéologie née en France qui a toujours été présente dans la bourgeoisie impérialiste française.
Elle sert à mobiliser les masses dans les projets criminels de l'impérialisme français. Ce développement de l'antisémitisme influence la culture d'individus qui eux-même le re-synthétise et le propage dans les masses que ce soit par leurs actes ou leur paroles.
Cela seul le PCMLM l'a compris. Il a eu une analyse juste du fascisme en France à un moment où toute l'extrême-gauche l'annonçait moribond. Il a dénoncé et compris le rôle de l'antisémitisme dans les progrès du fascisme en France. Et cela alors que tout l'extrême-gauche organisée se vautrait dans le populisme et l'opportunisme de manière lamentable avec le pseudo « antisionisme ». C'est pour cela qu'il avait lancé en 2006 le slogan « Il n'y aura pas de nouvel Holocauste », malgré les crises de nerfs du reste de l'extrême-gauche.
Le massacre nazi perpétré par Mohamed Merah rentre lui aussi dans cette dynamique globale de progrès de l'antisémitisme en France. Il a été possible car d'autres avant l'avait préparé et il servira – et sert déjà - de catalyseur à d'autres actes antisémites.
Ce n'est pas un « acte isolé d'un fou » venant de nulle part et tout ne « reviendra pas à la normale » après. C'est un moment de la marche du fascisme au pouvoir, un moment de l'effondrement de la société capitaliste dans la barbarie génocidaire.
Durant la décennie 2000, le fascisme français a entamé une nouvelle synthèse, dopé par la crise structurelle du système capitaliste.
L'antisémitisme et le racisme ont pris une direction clairement pogromiste et violente. La déshumanisation des personnes juives et la volonté de les faire disparaître s'est affirmée de plus en plus fort dans les paroles et dans les actes.
Les insultes, les agressions lâches, les caillassages d'écoles confessionnelles, les profanations de cimetière, les attaques au cocktail molotov de synagogues ou de mosquées se sont généralisés à partir de 2000.
Il existe plusieurs exemples marquant de cette progression dans la barbarie génocidaire. Des sorte de jalons de la diffusion toujours plus profonde de l'antisémitisme.
Le premier d'entre eux est le supplice du jeune Ilan Halimi en Janvier 2006. Il l'est car il marque la première affirmation nette du caractère génocidaire de l'antisémitisme.
Enlevé parce que juif et donc supposé riche, le jeune Ilan Halimi a été soumis à des tortures dignes des SS, finissant aspergé d'essence et brûlé vif par le chef du « Gang des Barbares » Youssouf Fofana. A l'époque déjà, à l'extrême-gauche le silence fut assourdissant, la plupart refusant de voir l'aspect antisémite et typiquement génocidaire du calvaire d'Ilan Halimi.
A l'époque déjà, seul le PCMLM s'était élevé contre l'interprétation fumeuse du « crime crapuleux », sauvant ainsi l'extrême-gauche du déshonneur face à l'Histoire. Car évidemment, il est vite apparu que Fofana était un antisémite fanatique se fantasmant dans le Djihad pour justifier ses crimes.
Le véritable pogrom du 23 Novembre 2006, à la sortie du match de Ligue Europa entre le Paris Saint Germain et l'Hapoël Tel Aviv, est quant à lui la démonstration éclatante que les actes d'individus ou de groupes d'individus produisent de la culture qui se matérialisera ensuite par les actes d'autres individus ou groupes d'individus dans une spirale toujours ascendante.
Ainsi, moins d'un an après le supplice barbare du jeune Ilan Halimi, c'est un autre juif qui est pris en chasse parce que juif par plus d'une centaine de hooligans.
Après la défaite du PSG, des centaines de hooligans s'adonnent à la traque et l'agression de plusieurs personnes supposées juives de par leur caractéristiques physique (« gros nez ») qu'elles soient supportrices du PSG ou de l'Hapoel Tel Aviv. Au final, un supporter de l'Hapoel Tel Aviv est pris en chasse par une centaine de hooligans.
Il n'a dû sa survie qu'à l'intervention solitaire du policier Antoine Granomort qui se trouvait là par hasard (il n'était pas en service). Acculé au sol après s'être interposé seul face aux hooligans pogromeurs, ce policier d'origine antillaise a été la cible du déchaînement de haine raciste. Il a été obligé de se servir de son arme à feu pour échapper au massacre, tuant un des ces hooligans fascistes et en en blessant un autre.
Cette tendance pogromiste du fascisme n'a fait que prendre de l'ampleur depuis, enchaînant sur de multiples actes antisémites réguliers instaurant un climat de stress permanent dans la minorité nationale juive.
Cette tendance pogromiste ne vise pas unilatéralement les personnes juives. Ainsi, dans une même dynamique décadente, le racisme à l'encontre des personnes arabes et noires a lui aussi pris une dimension violente et génocidaire.
Ainsi, les dégradations et attaques violentes de mosquées se sont généralisées, de même que les attaques directes contre les personnes arabes ou noires.
Le jalon le plus important de la montée de l'aspect génocidaire du racisme anti-arabe et anti-noir est sans conteste le mitraillage à l'arme automatique d'un groupe de jeunes d'une cité de Saint-Michel-sur-Orge par les activistes néo-nazis du groupe Nomad88 le 28 Mai 2008. S'ils n'ont, heureusement, pas réussi à faire de morts, cette attaque militarisée avait pour but de tuer le maximum de jeunes arabes et noires.
Mais tous ces actes ont été précédé, nourri et synthétisé culturellement et politiquement. Les principaux intellectuels et propagandistes de l'antisémitisme sont depuis les années 2000 le duo Alain Soral et Dieudonné.
Le premier s'occupant de la partie politique, organisationnelle et idéologique et le second de la partie culturelle et massive. Tout deux viennent de la gauche (révisionniste pour le premier, sociale-démocrate pour le second), conformément à la thèse de Sternhell sur l'origine du fascisme.
Alain Soral a formalisé une doctrine anticapitaliste romantique basé sur l'antisémitisme, l'anti-impérialisme et l'exaltation de la République française. C'est une réactualisation du Nationalisme-Révolutionnaire des années 70, puisant dans la cutlure du P« C »F révisionniste.
Son groupe politique Égalité & Réconciliation a été au centre de la recomposition fasciste, y compris au sein du Front National et a pris son autonomie en 2009 en présentant une « Liste AntiSioniste » aux élections européennes avec Dieudonné en tête de liste.
Dieudonné, lui, a mis sa notoriété et sa capacité artistique comique au service de l'antisémitisme. Depuis 2000, il a enchaîné les provocations permettant de libérer la parole nazie en dépassant systématiquement les bornes posées jusque-là par la morale des masses et la loi. Loin d'être un phénomène marginal, ses spectacles attirent des milliers de personnes à chaque fois et son Théâtre personnel des dizaines de personnes toutes les semaines.
Il a ainsi fait applaudir par 5000 personnes le négationniste Robert Faurisson pour son « insolence ». Ceci servant de prélude à la parole laissée à ce nazi sur le dvd du spectacle de Dieudonné pour distiller ses théories.
L'aspect dialectique entre les actes et la culture apparaît très clairement dans la campagne qu'avait lancé Dieudonné il y a quelques mois pour la libération de Youssouf Fofana.
Le marxisme-léninisme-maoïsme nous enseigne que les mouvements dans la structure économique se traduisent d'abord dans la culture avant de passer à leur matérialisation en acte politique.
Il est notable que l'attentat nazi de Toulouse arrive alors que les actes antisémites recensés avaient reculé fortement durant l'année 2011. Si les actes de violence antisémite avait reculé momentanément, c'est qu'un saut qualitatif se faisait dans la structure culturelle avec justement les provocations de Dieudonné comme figure de proue.
Le massacre nazi de Toulouse se place dans une spirale ascendante de l'antisémitisme génocidaire. Il a été possible grâce aux actes l'ayant précédé et à la diffusion de l'antisémitisme dans la culture profonde de la petite-bourgeoisie et d'une partie des masses. Et il sera à l'origine d'un nouveau saut qualitatif de l'antisémitisme précédé d'un foisonnement d'attaques antisémites.
On le voit déjà à l'oeuvre quand, à peine une semaine après les assassinats de l'école Ozar Hatorah, un négationnisme insidieux se répand au grand jour. Cela est visible aussi dans les différents actes de soutien symbolique à Mohamed Merah qui ont lieu depuis son exécution par la police de l’État français.
Et plus encore, on voit que le massacre perpétré par Mohamed Merah ouvre la voie à d'autres actes nazis. Ainsi, un cimetière juif a été profané à Nice et la porte d'une école juive de Sarcelles criblée de balle. Plusieurs personnes identifiées comme juives ont reçu des menaces téléphoniques ou physiques. Des enfants juifs ont été agressés parce que juifs.
Faire comme si tout cela n'était qu'un « fait divers » sur lequel on pourrait passer, comme le fait l'extrême-gauche et la gauche révisionniste est non seulement absurde et aveugle mais est surtout criminel !
L'Histoire se rappellera de cet attentat comme le premier d'une longue série. Comme le départ d'une nouvelle tentative de génocide anti-juif. Comme le début du déchaînement de la barbarie fasciste sur les masses de France. Et l'Histoire se rappellera du silence de l'extrême-gauche française, de son soutien implicite à l'antisémitisme et du fait que seul le PCMLM a levé fièrement le drapeau de la civilisation.