Expulsions des camps roms dans le Nord : roms et riverains victimes communes à différents niveaux
Submitted by Anonyme (non vérifié)Les toutes récentes expulsions de camps de roms dans le Nord, à Hellemes et à Villeneuve d'Ascq, et près de Lyon, à Vaux-en-Velin, ont été prétexte à un battage médiatique très éloquent et dont il faut comprendre la nature. Avec calme et détermination, en toute reconnaissance de la dignité du réel, en saisissant bien de manière dialectique tous les aspects.
Si dans le socialisme en effet, les individus ne peuvent certainement pas faire ce que « bon leur semble », tel n'est pas le cas dans le capitalisme.
Ce qui fait que des personnes roms errent en France, intégrées dans des structures claniques servant des intérêts mafieux, sans que l'Etat bourgeois français n'y mette le holà, à part en procédant à des mesures qui attaquent la base populaire des roms et non les mafias...
La situation à Villeneuve d'Ascq était typique. Les roms survivaient dans une friche, survivant d'actes illégaux et brûlant des câbles volés pour récupérer le cuivre, au grand dam des riverains confrontés à une délinquance lumpen.
Les riverains expliquaient que « La misère n’excuse pas tout » et exigeaient le départ des roms, sans aucune proposition sociale.
Les associations de leur côté défendaient les roms, mais non pas dans leur dimension populaire : elles niaient les structures claniques et la domination mafieuse, tout comme les problèmes très nombreux pour les riverains, vite considérés, de manière petite-bourgeoise, comme des prolétaires attardés fascistoïdes.
Les roms sont donc des doubles victimes : des mafias d'abord, des associations petites-bourgeoises ensuite, tout comme les riverains sont victimes de la bourgeoisie qui rejette les roms dans des camps établis à l'arrache, mais aussi d'eux-mêmes.
D'eux-mêmes, car ils ont nié la dignité du réel, sombrant dans le seul principe de se « débarrasser » des roms résumés à une « nuisance » (on se souvient de la campagne d'extrême-droite en soutien à « papy » René Galinier, qui avait tiré au fusil sur des cambrioleuses roms).
En fait, entre d'un côté des camps sauvages dans une atmosphère lumpen et de l'autre une aspiration à une vie paisible loin des grandes villes – impossible sous le capitalisme, on a une contradiction révélatrice sur l'anarchie qui prédomine dans la société capitaliste.
Les riverains auraient dû saisir les contradictions au sein des roms, contradictions niées d'ailleurs pareillement par les associations. On ne peut pas aider les roms sans dire d'abord que l'on va décapiter les mafias, qui maintiennent la base populaire rom dans des conditions médiévales.
Des mafias qui sont nés sur le terreau historique de l'exclusion des roms en Europe – et qui si elles sont roms, n'en sont pas moins une sorte d'équivalent des bourgeoisies bureaucratiques vendues à l'impérialisme en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Les riverains connaissent d'ailleurs une situation qui est celle de l'arroseur arrosé. Elles espéraient reprendre un cours de vie « normal » - une aberration petite-bourgeoise niant les contradictions.
Or, que s'est-il passé ? L'Etat a jeté des personnes, des familles avec des enfants à la rue, en ne leur laissant prendre qu'une partie de leur affaires, et celles-ci errent alors non loin, survivant dans une misère complète.
Les mafias conservent elles leurs richesses qu'elles ont ponctionné et mis à l'abri. Et les masses – les riverains comme les roms – sont perdantes.
On ne peut pas comprendre les roms sans voir cela ; on ne peut pas comprendre leur misère sur le plan de l'hygiène, de l’alimentation, du logement, sans voir que derrière il y a des structures mafieuses.
Il est d'ailleurs révélateur que les associations petites-bourgeoises et « catho de gauche » prenant les roms en otage pour leur jeu d'influence ne dénoncent jamais les réseaux mafieux, ni les pratiques imposées aux roms (vente de chiots et de chats, utilisation de bébés, etc.), ni les structures claniques, ni les valeurs réactionnaires.
Cela est très parlant, et cela montre que la réalité rom est niée à part pour être manipulée tant par l'extrême-droite que par les « cathos de gauche » petite-bourgeois.
Rappelons ce qu'il en est. Tous les Etats pseudo-démocratiques d'Europe abandonnent à leur sort les roms ayant fui l'Europe de l'Est, en raison du racisme extrêmement violent : verbalement mais aussi physiquement. Ce sont des personnes réfugiées, mais auxquelles on n'accorde aucune dignité et aucun droit ; ce sont des personnes réfugiées de fait, mais pas reconnu comme tel juridiquement.
Elles sombrent alors dans la misère et dans la dépendance aux structures claniques. Les roms sont alors victimes des mafias, du racisme d'Etat, puis du rejet par la population prisonnière d'une vision petite-bourgeoise.
Le racisme anti-roms devient alors de plus en plus criant et ce depuis quelques années. Loin d'être le fruit de l'esprit de Nicolas Sarkozy, il s'intensifie avec la crise et la montée du fascisme. Le fait que François Hollande continue les expulsions en est la preuve.
Voilà pourquoi nous avions longuement parlé des roms et de leur défense sur notre ancien média Contre-Informations, avec le mot d'ordre : « Il n'y aura pas de nouveau génocide ! »
Car il ne peut pas y avoir de solidarité « apolitique » ou « catho de gauche » avec les roms, qui dans cette phase historique risquent ni plus ni moins que les pogroms. Il faut refuser le relaticisme et l'ethno-différentialisme; c'est au communisme d'assumer la cause rom, en l'intégrant comme cause démocratique dans le programme révolutionnaire, rejetant tant le racisme anti-rom que son pendant : les mafias roms, structures claniques patriarcales.
Comme le disait un article de Contre-Informations de 2009 (Les socialistes contre les Roms à Marseille) :
« Contre-Informations a parlé des Roms, parle des Roms et parlera des Roms - il n’y aura pas de nouvel Holocauste! La solidarité avec les Roms est une nécessité absolue dans la période de crise générale du capitalisme. Les Roms (tout comme les personnes juives) sont une cible essentielle des fascistes, il est impératif d’avoir une identité ferme et résolue, prête au combat pour affronter les préjugés génocidaires!
Rien qu’en ce moment à Marseille, les socialistes mènent une campagne honteuse et criminelle, typique de la social-démocratie contre les Roms. Au lieu de souligner la terrible situation des Roms, les socialistes assument un discours populiste affirmant qu’il y a suffisamment de misère comme cela et qu’il n’y aurait ainsi pas besoin des Roms. Voilà ce qui est typiquement un discours social-fasciste, visant à monter le peuple contre une de ces composantes!
Un terrain pour les Roms devient un enjeu politicien et prétexte au populisme, sur le dos des Roms, qui sont ostraciséEs, montréEs du doigt, placéEs dans une situation tragique, et de plus en plus présentéEs comme une cible à la « vindicte populaire » poru servir de paratonnerre à la crise générale du capitalisme!
Les Roms affrontent dans la Communauté Européenne un rejet systématique, une impossibilité de travailler, une impossibilité de vivre, subissant un racisme de type génocidaire. La solidarité avec les Roms doit être une composante essentielle de l’identité révolutionnaire dans les années à venir - il n’y aura pas de nouvel Holocauste! »