Si le réalisme socialiste s'est inévitablement effondré totalement suite au coup d'Etat révisionniste de 1953 en Union Soviétique, il reste une œuvre marquante, produite juste au lendemain de ce putsch : le ballet Spartacus, d'Aram Khatchatourian.

Aram Khatchatourian a été une figure du réalisme socialiste, avant d'être récupéré par le révisionnisme ; le choix de Spartacus n'est pas étonnant, et totalement conforme à l'esprit réaliste socialiste.

Spartacus, à la tête de 70 gladiateurs révoltés en -73 avant JC, s'est retrouvé l'un des chefs de 120 000 personnes en guerre contre l'oppresseur impérial romain. Une « guerre servile » dont Spartacus reste le symbole, les communistes d'Allemagne choisissant même le nom de « spartakistes » en 1918.

Il est dommage que le ballet Spartacus n'ait pas été connu de Staline. On avait reproché à Khatchatourian son passage au formalisme et sa démarche finalement coupée du peuple : avec Spartacus, on a une réponse solide, d'une très grande force évocatrice.

L'adagio est ni plus ni moins qu'une pure merveille ; et quel symbole de décadence barbare que la série télévisée « Spartacus », glorifiant le sang et le viol, à l'opposé de ce que Spartacus a pu représenter pour les masses.

Khatchatourian a su retranscrire le cœur moral de ce symbole, sa valeur sentimentale également. La danse n'est pas ici sans valeur sur le plan de la représentation, elle n'est pas gratuite, abstraite, elle s'insère dans une histoire, en alliance avec une musique constructive. « Spartak » de Katchatourian est un ballet représentant une importante contribution au réalisme socialiste.