Un baiser comme gifle à l'homophobie
Submitted by Anonyme (non vérifié)Peut-on être blanc et être authentiquement contre le racisme ? Bien sûr, n'en déplaise aux ethno-différentialistes, aux « indigènes de la république », aux racistes inversés. Quand on rejette une oppression en toute connaissance de cause – et il est vrai que c'est difficile – on peut vraiment la rejeter, même quand on fait théoriquement partie des oppresseurs.
Lors de la révolution française, des aristocrates ont participé au mouvement ; un écrivain comme Jean Genet a pu montrer comment une réelle sensibilité fusionne avec la lutte contre l'oppression, et là c'est une belle démonstration qu'ont faite deux hétérosexuelles en s'embrassant en plein milieu d'un rassemblement contre le droit des gays et des lesbiennes à se marier.
La photographie est très symbolique, puisque les visages à l'arrière-plan sont vieux et choqués, preuve de leur absence de matérialisme, de leur interprétation réactionnaire du monde.
Pour ces gens, les gays et les lesbiennes sont des abstractions, et là de manière parfaitement dialectique, ils ont été placés en face de leur propre contradiction. Les deux jeunes femmes ont d'ailleurs raconté par la suite que les réactions avaient été par exemple : « Vous êtes dégueulasses ! Vous êtes pas belles ! »
Mais ce n'est pas tout : cette action de solidarité a placé les gays et les lesbiennes devant leur propre contradiction. Il n'y a aujourd'hui en France plus de communauté gay, seulement des gays vivant de manière atomisée, dans une démarche individualiste similaire à celle des hétéros, ou alors consistant en ultra-individualisme capitaliste.
De la même manière, la communauté lesbienne existe, elle, vraiment en raison de sa difficile existence sociale, mais elle n'a rien de politique et se cantonne dans des postures petites-bourgeoises parfois « radicales ».
L'action de deux femmes hétérosexuelles bouleverse clairement la donne, car l'aspect libérateur existant dans la cause gay et lesbienne et, oublié par les gays et les lesbiennes, au nom de l'individualisme, repasse sur le devant de la scène.
Cette influence est ainsi positive, à l'opposé de la vie quotidienne gay et lesbienne individualiste et commerciale et purement fictive choisie par des personnes hétérosexuelles ayant opté pour un mode de vie ultra-capitaliste.
A l'opposé du sérieux et de l'ennuyeux de ce style de vie ultra-individualise, on a avec ce baiser quelque chose de ludique et de pédagogique, formant une réponse assassine aux velléités réactionnaires de s'opposer au droit au mariage des gays et des lesbiennes.
Quand on voit les visages choqués à l'arrière-plan sur la photo, on ne peut qu'imaginer ceux de gens religieux et pétris de patriarcat. Christianisme, Islam, judaïsme : toutes les religions s'opposent aux droits des gays et des lesbiennes et un simple baiser résolument moderne montre leur obscurantisme.
Ce qui est posé ici, c'est la question de l'universalisme, qui ne peut être porté que par la classe sociale qui n'a rien à perdre, à part ses chaînes : la classe ouvrière. Les gays et les lesbiennes doivent bien le voir : les droits conquis ont été en réalité fournis par la social-démocratie, mais l'ensemble de la société reste à convaincre, et les communautés gays et lesbiennes ne représentent pas des formes militantes organisées.
La question gay et lesbienne reste d'actualité car, pour changer les mentalités de toute la société, il faut briser la réaction, et donc, il faut le socialisme. Des droits authentiques ne pourront exister et être préservés qu'une fois la réaction mise hors d'état de nuire.