28 mar 2014

La visite du président chinois Xi Jinping à Paris et Versailles

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Quiconque regarde un tant soit peu l'histoire de la Chine populaire voit bien qu'en 1976, à la mort de Mao Zedong, il y a un tournant. Le capitalisme se développe, toujours plus vite, dans une vague associant accumulation du capital localement et investissements étrangers.

La visite du président chinois Xi Jinping à Paris se situe dans le prolongement de cette lancée, dont le grand initiateur a été Deng Xiaoping, qui a théorisé le triomphe du révisionnisme en Chine populaire et l'a dirigé, à partir du coup d'Etat fasciste de 1976.

L'Etat bourgeois ne s'y est pas trompé, en recevant le président chinois avec faste, avec comme point culminant hier soir un dîner au château de Versailles, dans l'aile du Grand Trianon baptisée « Trianon-sous-Bois ».

La dernière fois qu'un tel « honneur » a été fait, c'était pour le président de la Russie post-social-impérialisme soviétique, Boris Eltsine, en 1992.

Preuve aussi que le président chinois appartient à la clique dominante depuis longtemps, lorsque mercredi François Hollande a dit « Demain, nous allons à Versailles, lieu que j'aurai peut-être le plaisir de vous faire découvrir… », le président chinois lui a répondu : « Je connais Versailles pour y être déjà allé deux fois, la première au début des années 1980. »

Cerise sur le gâteau, l'Etat français offre au président chinois une porcelaine de Sèvres et des grands crus de vin, ainsi... qu'un buste de Charles De Gaulle. Tout un signe comme quoi, inévitablement, le rapport à la Chine, désormais un Etat social-fasciste, se place sous l'égide du néo-gaullisme.

Il y a cinquante ans en effet, Charles De Gaulle était le représentant de la bourgeoisie impérialiste, et la situation de la France était très difficile face à l'impérialisme américain et au social-impérialisme soviétique.

Mao Zedong, usant de ces contradictions, a réussi à faire en sorte que le 27 janvier 1964, la France établisse des rapports avec la Chine populaire, brisant ainsi le blocus diplomatique impérialiste qui, bien évidemment, ne voulait avoir comme partenaire que la pseudo « république de Chine » à Taiwan, île servant de refuge historique aux contre-révolutionnaires chinois partisans de Jiǎng Jièshí (connu en France sous le nom de Chiang Kaï-chek).

Jusqu'en 1971, la Chine populaire n'existe d'ailleurs pas pour l'ONU ! C'est dire si la reconnaissance de la Chine populaire par l'impérialisme français a été une victoire pour briser l'encerclement menaçant le bastion du socialisme dirigé par Mao Zedong.

Désormais, par contre, cela n'est plus célébré que comme alliance possible de l'impérialisme français et du social-fascisme chinois. La Chine d'aujourd'hui est comme la Russie avant 1917 : l'industrialisation est lancée dans certaines zones, mais le capitalisme national est un colosse aux pieds d'argile et largement dépendant de ses rapports avec les autres pays capitalistes.

Bien entendu, malgré les révoltes quotidiennes, ce qui apparaît surtout est l'arrogante richesse de la nouvelle bourgeoisie, et sa volonté de s'intégrer aux goûts des autres grandes bourgeoisies. D'où, par ailleurs, dans le vaste programme France – Chine 50 organisé par la bourgeoisie française, l'organisation d'une exposition de « 50 photographies de célébrités chinoises » prises par le Studio Harcourt, pas moins que dans le Domaine national de Chambord !

On ne sera pas étonné, par conséquent, que tout cela se soit conclu par un discours de François Hollande au Ministère des Affaires étrangères, en tant que conclusion du séminaire « Pour une nouvelle étape du partenariat global stratégique franco-chinois ».

Le président français a même expliqué, dans un grand élan démagogique, que les penseurs des Lumières ont été influencé par la Chine ! Du côté de l'impérialisme français, comme avec le Qatar, on est prêt à tout pour trouver des alliés (ce qui ne veut pas dire que la bourgeoisie soit unifiée dans le choix de ceux-ci : le FN représentant, par exemple, la fraction anti-Qatar et ouvertement pro-Russie).

Le président chinois, qui a également pris la parole à la suite de Hollande, s'est lui contenté de maintenir la proposition stratégique de la bourgeoise chinoise : se « mettre au service » des impérialistes, afin de continuer le « renouveau de la nation chinoise », avec comme objectif l'affirmation ouvertement impérialiste pour 2049 (qui sera le 100e anniversaire de la révolution chinoise).

Mais ce projet est impossible : le régime qui opprime les masses de Chine va inévitablement s'effondrer sous le poids de ses contradictions. Il a aidé les pays impérialistes à relancer un cycle d'accumulation du capital, et à ce titre les contradictions qui se sont développées en son sein ne pourront que grandir et s'affirmer au grand jour.

De la même manière, l'impérialisme français n'a pas les moyens de ses ambitions, et l'actualité française des 30 prochaines années va être celle de la révolution socialiste, avec très certainement un passage obligé par la démocratie populaire comme base antifasciste.

Les impérialistes français et les sociaux-fascistes chinois ont pavoisé hier à Versailles, mais leur sort est historiquement déjà scellé.

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