Le Qatar est au cœur de la tourmente. La raison tient bien entendu à la compétition que se livrent deux pays fictifs nés de la pénétration impérialiste au Moyen-Orient : l'Arabie Saoudite et le Qatar.

En l’occurrence, le Qatar, profitant de son gaz, a donc tenté de s'opposer à la pétro-monarchie saoudienne. Celle-ci a décidé de profiter de la situation actuelle pour lancer une contre-offensive.

Ces monarchies religieuses ultra-réactionnaires représentent de manière typique les pays semi-féodaux semi-coloniaux au capitalisme entièrement bureaucratique ayant comme fonction économique d'exporter de manière continue et stable les ressources gazières et pétrolières.

Leurs velléités expansionnistes prolongent leur modernisation : leur base n'a pas changé, mais ces monarchies ont davantage de moyens.

L'Arabie Saoudite a ainsi financé massivement l'islamisme dans sa version wahhabite, et le Qatar a fait de même avec un activisme tout azimut dette dernière décennie, en tant que propagateur historique de l'idéologie des Frères Musulmans, qu'acteur central du « printemps arabe », de financier très actif des activistes islamistes radicaux, d'organisateur du média Al Jazeera, de principal lien du Hamas…

Sans oublier les 350 milliards d'euros investis dans le monde, notamment en France, dans Lagardère, France Telecom, Vivendi, Total, Vinci, Veolia Environnement, LVMH, ainsi que l'achat du Paris Saint-Germain, de grands hôtels à Paris (Raffles, Concorde Lafayette, Peninsula et l'hôtel du Louvre) et sur la côte d'Azur (le Martinez et le Carlton à Cannes, le Palais de la Méditerranée à Nice), à quoi s'ajoute l’organisation de la Coupe du monde de football de 2022.

La France et le Qatar ont également en commun un fond de 300 millions d’euros, dirigé par la Caisse des Dépôts et Consignation et le fond souverain Qatar Investment authority (QIA), destiné au financement de PME françaises.

Mais Emmanuel Macron représente une ligne de rupture avec le Qatar et François Bayrou vient d'appeler à remettre en cause les accords organisés par Nicolas Sarkozy, qui permettaient au Qatar d'investir massivement en évitant largement les impôts.

Il y a une fracture qui se forme et le Qatar connaît un processus d'isolement. En 2014, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis avaient retiré pendant huit mois leur ambassadeur au Qatar.

Cette fois, il y a eu la décision d'un boycott général du Qatar décidé par l'Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, le Yémen, l'Égypte.

Cela suit bien sûr la visite toute récente de Donald Trump en Arabie Saoudite, se soldant par un faramineux contrat d'armement, les Saoudiens achetant pour 110 milliards d'armement.

Donald Trump n'a pas hésite à tweeter qu'on lui a désigné le Qatar comme le promoteur du terrorisme :

"Durant mon récent voyage au Moyen-Orient j'ai affirmé que le financement de l'idéologie radicale devait cesser. Les dirigeants ont montré du doigt le Qatar - Et regardez !"

Cela signifie que le Qatar connaît désormais un blocus à toutes ses frontières, sauf pour sa façade maritime, qui est face à l'Iran. Un pays dont le Qatar s'est justement rapproché ces derniers temps, avec même le gouvernement iranien ayant rendu public sur internet une discussion entre l'émir du Qatar et le président iranien.

La Turquie, quant à elle, a appelé à soutenir massivement le Qatar, votant même en urgence une loi permettant d'envoyer des troupes sur sa base militaire au Qatar, ouverte en 2014, où sont présent 150 soldats.

C'est un pas de plus vers la guerre impérialiste. Les camps se dessinent et se redessinent, les alliances se font et se défont, la guerre se cristallise toujours davantage.

Les appétits impérialistes grandissent, parallèlement à l'accumulation du capital, à la pression pour que cette accumulation se renforce toujours, alors que la chute tendancielle du taux de profit est un processus inarrêtable.

Seule la mobilisation populaire en faveur de la paix, avec l'écrasement des va-t-en-guerre, des monopoles, peut empêcher la guerre impérialiste qui est sinon inévitable.