Les tâches du Parti Communiste d'Allemagne
Submitted by Anonyme (non vérifié)Présidium Elargi du Comité Executif de l'Internationale Communiste
25 Février 1930
Durant la période écoulée depuis la Xe session plénière, le P.C.A. a fait un grand progrès dans la lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière, pour la consolidation organique de son influence politique dans les masses.
En démasquant et en combattant chaque jour impitoyablement la politique social-fasciste du gouvernement de coalition et de la bureaucratie syndicale, en résistant énergiquement à l’orientation réactionnaire de la social-démocratie, en particulier par l’organisation de manifestations politiques, de grèves économiques, par l’organisation d’un large mouvement de défense des intérêts des chômeurs (manifestations, marches de la faim), le parti a réussi à saper l’influence du social-fascisme dans d’importantes couches de la classe ouvrière (défaite de la social-démocratie aux élections municipales de Berlin, de la Ruhr et dans d’autres centres industriels), à conquérir de nouvelles couches de prolétaires (victoire aux élections municipales à Berlin, victoire aux élections des conseils d’usines de la Ruhr et d’autres régions, succès dans le mouvement sportif et dans celui des libre-penseurs).
Le parti a remporté de grands succès dans la consolidation organique de son influence politique dans les masses. Le congrès national de l’opposition syndicale, qui a créé le centre de l’opposition syndicale, puis les congrès régionaux tenus à la suite d’une grande campagne dans les usines, marquent une importante étape dans l’œuvre d’organisation des millions de prolétaires ralliés aux mots d’ordre du parti communiste.
La recrudescence d’activité d’une certaine partie des cellules d’usines et des conseils d’usines rouges, le grand succès du front unique des chômeurs et des ouvriers occupés, le travail énergique des organisations de masses, le succès de recrutement du parti à Berlin, tout cela, de même que le succès des congrès de l’opposition syndicale, témoigne d’une activité croissante du parti.
La bonne ligne politique du parti, sa politique offensive à l’égard du social-fascisme a resserré les rangs du parti, a obligé une partie des conciliateurs (Ewert) à capituler, obligeant en même temps les brandlériens à découvrir leur jeu social-démocrate. Le plus important indice de l’influence politique et organique croissante du parti, de son renforcement intérieur est l’autorité croissante de sa direction, tant à l’intérieur du parti que dans les grandes masses ouvrières.
Le C.C. propose de continuer à s’orienter vers une large autocritique et à encourager par tous les moyens l’initiative à la base. Ce n’est qu’à l’aide des méthodes de l’autocritique et d’un système étendu de contrôle dans toutes les régions, organisations locales du parti et organisations révolutionnaires de masses, que le parti pourra activer son travail, se débarrasser de ses défauts et de ses faiblesses (lutte insuffisamment nette contre le social-fascisme de « gauche », en particulier en Saxe, démasquement tardif de la démagogie sociale des fascistes, développement très insuffisant des cadres des délégués révolutionnaires à l’usine, recrutement insuffisant au parti dans certaines régions industrielles (Halle, Mersebourg, etc.), faibles effectifs des cellules d’usines, faible développement de l’autocritique dans les organisations de base, opportunisme dans l’activité de certaines cellules et conseils d’usines rouges (par exemple chez Ulstein et Loewe à Berlin), développement insuffisant de la lutte idéologique contre l’opportunisme) qui, en majeure partie, ont déjà été signalés dans les dernières décisions du B.P.
Les tâches immédiates du P.C.A. sont déterminées par les objectifs de la lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière dans les conditions de contradictions de classes s’accentuant rapidement et provoquées par l’aggravation de la crise de la stabilisation capitaliste en Allemagne ; dans les conditions de la préparation de la bourgeoisie et de ses serviteurs social-démocrates à une dictature fasciste par le moyen d’une attaque énergique contre le P.C.A. et contre le mouvement ouvrier révolutionnaire d’Allemagne, de la préparation active de la guerre contre l’Union soviétique, pays de la dictature du prolétariat ; dans les conditions d’une croissance rapide du chômage ainsi que d’une recrudescence de l’activité et de la conscience révolutionnaire des masses.
Continuer à développer la lutte contre le plan Young, instrument d’asservissement et de spoliation du prolétariat allemand, encouragement de l’offensive patronale contre les masses ouvrières dans les pays vainqueurs, instrument de préparation du blocus économique et de l’intervention militaire contre l’U.R.S.S. et facteur aggravant la menace de guerre entre les impérialistes pour un nouveau partage de leur proie, en se donnant pour tâche dans cette lutte de mobiliser les masses sous des mots d’ordre concrets d’actualité, de même qu’en popularisant dans les masses le programme de la révolution prolétarienne qui balaye le plan Young et tout le système parasitaire de l’impérialisme et qui à la place de l’Allemagne de Young établit l’Allemagne soviétique.
Dénoncer impitoyablement la social-démocratie, principal appui et principale force pour l’instauration de la dictature fasciste et aussi en tant que principal organisateur de la guerre contre l’U.R.S.S. (en prenant particulièrement soin de démasquer le rôle fasciste des social-démocrates de « gauche »). Démasquer impitoyablement les cas de collaboration croissante de la social-démocratie et du fascisme.
Les organisations du parti doivent savoir distinguer entre les simples ouvriers dans les usines qui sont encore sous l’influence des social-démocrates et les cadres du parti social-fasciste afin de pouvoir rallier les premiers au front révolutionnaire par une application conséquente de la tactique du front unique par en bas en vue d’une lutte révolutionnaire énergique.
Organiser et grouper les millions de chômeurs dans des conseils de chômeurs travaillant sous la direction de l’opposition syndicale et du parti.
Déclencher les luttes économiques sous le mot d’ordre de la lutte contre la rationalisation capitaliste, pour l’augmentation des salaires, contre les renvois en masses, pour la journée de 7 heures avec le même salaire, de façon à placer sur le terrain de la lutte politique de masses ces luttes économiques et toutes les autres formes de l’activité et de la lutte de masses du prolétariat (grèves économiques, manifestations révolutionnaires, marches de la faim, démonstrations antifascistes).
Lier les revendications partielles de la lutte quotidienne avec les mots d’ordre politiques de principe du communisme. Lancer des mots d’ordre précis pour toutes les couches de la classe ouvrière et pour chaque usine, chaque atelier.
Organiser la lutte des paysans pauvres et des paysans travailleurs contre l’oppression des propriétaires fonciers et contre le fardeau fiscal croissant. Renforcer et améliorer le travail du parti parmi les employés et dans toutes les autres couches des travailleurs des villes pour organiser la lutte contre le capital monopoliste, contre la rationalisation capitaliste et contre l’offensive financière et politique du gouvernement de coalition social-démocrate.
Continuer à renforcer et à développer l’opposition syndicale révolutionnaire à l’intérieur et en dehors de l’A.D.G.B. et renforcer au maximum l’action des fractions communistes dans les syndicats. Renforcer sous tous les rapports les rangs du mouvement syndical révolutionnaire et son centre d’organisation.
Les mesures suivantes sont nécessaires pour élargir la base de masse de l’opposition syndicale révolutionnaire : organiser plus solidement les adhérents de l’opposition révolutionnaire, procéder à un large enregistrement de tous les lecteurs des journaux syndicaux et révolutionnaires, l’adhésion collective à l’opposition syndicale révolutionnaire des comités d’usines rouges, des délégués d’usines révolutionnaires, des organisations syndicales exclues pour opposition ainsi que des comités de chômeurs.
Mobiliser les masses contre la menace croissante d’interdiction du parti communiste, pour la lutte pour son existence légale en développant un travail de masses, créer des organisations de masses d’autodéfense prolétarienne pour protéger les organisations et les manifestations ouvrières contre les attaques des social-démocrates, des fascistes et de leur police. En outre, toute cette lutte pour l’existence légale ne contredit pas, mais au contraire implique des mesures adéquates en cas d’une interdiction du parti communiste.
Développer la lutte contre l’opportunisme en pratique, avant tout sur le terrain syndical et municipal, en se basant sur la plus large autocritique de la base au sommet et sur la lutte idéologique contre l’opportunisme avéré (de droite) aussi bien que contre l'opportunisme « de gauche » dissimulé sous des phrases révolutionnaires.
Il est absolument nécessaire de convoquer des conférences périodiques de travailleurs (d’ouvriers d’usines, de chômeurs, de la petite bourgeoisie) auprès des fractions municipales communistes dans le but de réaliser un contrôle permanent des masses et une participation active des travailleurs aux problèmes de la politique municipale révolutionnaire sous la conduite du parti communiste.
Recrutement intense de nouveaux membres dans le parti, ce faisant il faut se tourner radicalement vers les ouvriers des grandes entreprises et surtout vers les ouvrières et la jeunesse ouvrière, les directions de rayon doivent diriger toute leur attention vers le développement du réseau des cellules d’usines, par l’extension du réseau des journaux d’usines, vers le renforcement et le développement des cellules d’usines comme organes de base de la direction communiste du travail de masse, renouveler les cadres et les éduquer idéologiquement : telles sont les tâches dont la solution garantira le succès de la lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière.
La fermeté et l’énergie avec lesquelles le P.C.A. a appliqué et applique encore les décisions du VIe congrès et de la Xe session plénière sont un gage des grands succès que le parti remportera dans la réalisation des nouvelles tâches, dans la lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière, dans sa mobilisation pour les batailles révolutionnaires décisives.