8 juin 2013

A propos des réactions politiciennes au meurtre de Clément Méric

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les réactions politiciennes à la mort de Clément Méric ont unanimement consisté en un rejet de la violence politique, avec du côté social-démocrate une volonté très nette de mettre en avant l'idéologie national-républicaine.

Alors que le reponsable de l'UMP, Copé, appelait à interdire à l'extrême-gauche et l'extrême-droite, on a pu voir Manuel Valls sortir un très ambigu :

« Ce n'est pas le moment de faire des amalgames. Ce sont des groupes d'extrême droite qui depuis des mois portent des discours de haine. Il ne faut pas confondre ce discours avec ceux qui d'une manière ou d'une autre luttent contre le fascisme. »

C'est pour le moins ambigu, ou plutôt devrait-on dire : la social-démocratie absorbe aisément ce qui est sur sa gauche lorsqu'il n'y a pas de rupture réelle avec elle.

On voit clairement ici comment la social-démocratie engloutit aisément l'anarchisme et le trotskysme ; politiquement ce sont le Front de Gauche et le NPA qui se sont littéralement appropriés Clément Méric pour en faire leur cause, le tout profitant à Hollande et au Parti Socialiste.

L'éditorial du Monde est une parfaite illustration de tout cela :

 

Clément Méric, émotions et amalgames

LE MONDE | 07.06.2013

Mourir pour ses idées, quand on a 19 ans, à Paris, en 2013, est aussi inconcevable qu'effroyable.

Clément Méric, étudiant à Science Po et militant d'extrême gauche, est mort pour ses idées.

Une rixe fortuite avec un groupe de jeunes activistes d'ultradroite, un violent coup de poing, une chute brutale ne font pas un "assassinat", si les mots ont un sens. Mais, au-delà de l'émotion et de l'indignation qu'il suscite, ce drame témoigne, comme l'a dit justement le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, d'une "banalisation de la haine" et de la violence qui sont intolérables.

Les causes en sont multiples. La crise économique et sociale qui mine le pays depuis cinq ans, autant que l'impuissance des gouvernants à la surmonter, attise toutes les désespérances, nourrit l'état de dépression nerveuse nationale, favorise les passages à l'acte.

Le retour de la gauche au pouvoir a réactivé, dans le débat public, une intolérance et un sectarisme que l'on imaginait d'un autre âge. Il y a trente ans, le Front national avait poussé brusquement sur ce terreau. Aujourd'hui, très au-delà d'une droite qui se veut "décomplexée", c'est une nébuleuse de groupe ultranationalistes et xénophobes, quand ils ne sont pas ouvertement inspirés du fascisme ou du nazisme, qui entendent sortir de leur marginalité. La stratégie de "dédiabolisation" engagée par la présidente du Front national leur a ouvert, depuis deux ans, un espace politique nouveau.

"PAS D'AMALGAME !"

Depuis des mois, encore, le climat politique a dangereusement tourné à l'orage, électrique, tendu, agressif. "Pas d'amalgame !", ont réclamé, après la mort de Clément Méric, tous les responsables politiques, à gauche comme à droite. Et ce ne sont évidemment pas les centaines de milliers de Français qui ont protesté et manifesté contre le mariage pour tous qui ont tué le jeune étudiant.

Il n'empêche que cette longue controverse a libéré une violence verbale et symbolique qui est tout sauf anodine. Entendre les uns appeler à la résistance – contre un projet de loi en discussion au Parlement – comme si la France était une dictature, ou les autres rendre par avance le chef de l'Etat responsable du "sang" qui coulerait bientôt, a offert aux groupuscules les plus radicaux une caisse de résonance inespérée. Jusqu'à nourrir des fantasmes de putsch d'une revue d'extrême droite invitant des généraux à renverser le pouvoir.

Nous en sommes donc là. De nouveau plongés dans cette espèce de guerre civile froide dont le débat public et politique français ne parvient pas à s'émanciper depuis deux siècles. François Hollande avait promis, lors de sa campagne de 2012, une France "apaisée". Elle est, plus que jamais, exaspérée.

Chacun doit assumer la responsabilité qui lui en revient, en mesurer le risque, s'imposer – pour mieux imposer – des paroles et des actes strictement conformes à la devise de la République. Ce serait la meilleure suite qui pourrait être donnée à la mort de Clément Méric.

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