La pollution dans la vallée de l'Arve, exemple de contradiction entre les masses et l'Etat
Submitted by Anonyme (non vérifié)La pollution de l'air dans la vallée de l'Arve, avec ce long épisode de pollution de décembre et janvier, a atteint une reconnaissance à l'échelle nationale. La pollution là-bas était connue auparavant, désormais elle est un symbole national.
Il est normal que cela parle à tout un chacun : la contradiction entre villes et campagnes prend ici une tournure particulièrement morbide. Les images des enfants munis de masques, ne pouvant plus courir en raison d'une interdiction formelle, dans une vallée dans un environnement de montagnes, cela est particulièrement choquant.
L’État a d'ailleurs saisi le problème et cherche à tout prix à maintenir la fiction d'une gestion par en haut qui est « correcte », adaptée, etc.
C'est un esprit anti-démocratique par excellence et d'ailleurs le maire de Passy, Patrick Kollibay, avait demandé à la police municipale qu'elle fouille le public pour sa cérémonie annuelle de vœux, afin de trouver d'éventuels masques de protection, symbole de la situation et de la lutte anti-pollution, et les confisquer.
C'est là l'expression d'une mentalité bien réactionnaire, qui s'est d'ailleurs vu confronté à plus de 500 personnes venant l'interrompre, le forçant à partir, tout comme le préfet, ce représentant de l’État nommé par en haut et chargé du contrôle policier et militaire.
Le maire de Sallanches, Georges Morand, a été plus subtil, puisqu'il a expliqué en amont qu'il laisserait la parole aux opposants après la cérémonie, ce qu'il a fait.
C'est qu'il se doute que le point de vue des masses n'est pas encore assez développé. C'est surtout un ressenti. Voici des propos tout à fait représentatifs de cela, ils ont été tenu par une femme interviewée par Radio France :
« Ils disent tous qu’ils n’ont pas l’autorité pour, qu’ils sont bien d’accord avec nous, qu’ils n’aiment pas non plus vivre dans cette pollution, mais ils se cachent derrière « c’est pas moi, c’est pas moi, c’est pas moi ».
Et à force d’être « c’est pas moi », on va tous crever, nos enfants à 30 ans vont tous avoir des cancers des poumons, et là c’est inacceptable. »
Voilà qui est tout à fait bien vu et qui montre bien comment s'exprime la contradiction masses populaires / État au service des monopoles.
Ce qui est en jeu ici n'est pas un simple désaccord politique ou une question de gestion locale. En apparence, cela ressemble toujours à cela, sauf que cette fois la dimension générale est ressortie, de par l'ampleur de la crise.
On touche en effet à l'existence même de l'Humanité au sein de la Biosphère. Et on sait que les masses sont toujours prêtes à faire des sacrifices, à travailler dur, voir à engager leur vie quand la situation l'exige.
Or, le fait que dans la vallée de l'Arve ce soit les enfants qui sont le plus souvent et le plus durement touchés par la pollution rend forcément la situation explosive. En effet, pour les masses il est inacceptable de subir cette pollution qui entache l'avenir, la santé et les poumons de la jeunesse.
Là est l'enjeu de la bataille pour la démocratie populaire : les masses veulent toujours pour leurs enfants une vie meilleure, plus épanouie et développée culturellement, avec davantage de sécurité sociale, économique et en l’occurrence, sanitaire.
À cela s'ajoute le rapport à l'environnement, la volonté de vivre avec une Nature qui est ce qu'elle est et non pas dans un univers de béton, de routes et de centres commerciaux.
La pollution de l'air dans un environnement de montagne apparaît ici comme une aberration inacceptable, et il y a alors réaction politique et culturelle.
Le reproche fait aux institutions et aux élus de n'assumer aucune responsabilité et de rejeter la faute relève bien d'une exigence politique. Il y a en effet une contradiction avec la démocratie quant au fait que des institutions censées être au service de tous ne le soient pas, que des personnes censées représenter la population ne fassent en fait rien pour la population.
Le rôle des associations est ici insuffisant : il y en a beaucoup, elles sont là depuis de nombreuses années, elles ont développé une expertise sur le sujet, avec aussi un rôle de vigilance et de contrôle par rapport aux discours des élus ou de la Préfecture.
Elles ont même pu jouer un rôle pour la mise en place du Plan de Protection de l'Atmosphère (PPA) suite au Grenelle de l'Environnement (plan qui dans les faits n'est que très peu respecté).
Cependant, elles ne peuvent pas prendre le problème à la racine. Là, il faut de la dialectique, ce dont dispose seul le matérialisme dialectique. Il faut mettre en rapport ce qui se passe dans la vallée de l'Arve avec le principe de la planète comme Biosphère, et inversement faire en sorte que la compréhension du principe de biosphère permette de générer des luttes locales solides.
Des luttes locales qui, elles-mêmes, ne pourront réaliser leurs objectifs que par de vastes moyens, ce qui exige la démocratie populaire à l'échelle du pays !
La pollution dans la vallée de l'Arve est ici un exemple de crise écologique relevant parfaitement de la lutte de classes, avec ses vastes implications, la nécessaire présence d'une avant-garde synthétisant la réalité, un travail local de longue haleine pour mobiliser et diffuser la conception révolutionnaire, une organisation qui se développe à travers les luttes des masses.