Fin d'avis de pollution de l'air en Vallée de l'Arve : les causes restent, la Préfecture relativise
Submitted by Anonyme (non vérifié)La Préfecture de Haute-Savoie a mis fin à l'Avis de pollution de l'air en Vallée de l'Arve mercredi 4 janviers 2017 à 13h, après trente-six jours ininterrompus. En raison des conditions météorologiques et surtout du vent, les particules fines PM10, les plus en cause lors de cet épisode de pollution, ont pu se disperser en grande partie.
Néanmoins, le problème est loin d'être résolu, évidemment. Les sources de pollution n'ont pas disparu comme par enchantement ! Elles sont toujours présentes, mais seulement repoussées plus loin dans la Nature, dans l’atmosphère.
Il suffit de peu, d'un simple nouvel épisode anticyclonique par exemple, pour que le situation empire de nouveau. C'est d'ailleurs régulièrement ce qui se passe en Vallé de l'Arve.
La santé des masses de la Vallée de l'Arve est toujours en danger, ce d'autant plus que la fin du « pic » de pollution (peut-on encore parler de pic, comme la plupart des médias, après plus d'un mois de pollution à ce niveau) ne signifie pas que la qualité de l'air soit bonne. Cela signifie simplement que la concentration moyenne des particules fines PM10 est au dessous des 50 μg/m³.
Le seuil de « bonne qualité » recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé est de 20 μg/m³. Or, les relevés mis en avant sur l'Avis de fin d'épisode de pollution de la Préfécture indiquent une moyenne de PM10 de 33μg/m³ dans la vallée de l'Arve, et 40 μg/m³ pour la ville de Passy.
On peut constater cependant que la situation s'est améliorée depuis à ce sujet, avec un relevé à Passy jeudi 5 janvier 2017 à 8h à 11 μg/m³ pour les PM10 (d'après Air Rhône-Alpes sur aqicn.org).
Mais quand bien même, il est ahurissant de voir la Préfecture sauter sur la moindre fenêtre d'amélioration, dont rien ne permet pour l'instant d'être certain qu'elle soit durable, pour lever les quelques mesures d'urgences ayant été prises (circulation alternée des poids lourds mis en circulation avant 2001 – environ 30 % de la flotte locale, interdiction d’utilisation des chaudières biomasses du secteur du travail du bois à des fins de chauffage, sauf s’il n’existe aucun moyen alternatif de chauffage sur le site et report des opérations de séchage du bois après l’épisode de pollution).
Plutôt que d'encourager au mieux une situation s'améliorant, la Préfecture fait le choix de libérer de nouveau les émissions de particules fines. Plutôt que d'amplifier et développer des mesures antipollution, elle compte sur le vent pour dégager la pollution ailleurs. Ou comme le dit l'expression populaire : on cache la poussière sous le tapis pour ne pas faire le ménage.
Une telle attitude n'est pas étonnante de la part de la Préfecture et de son Préfet Pierre Lambert quand on voit la façon dont il considère la situation, relativisant largement la pollution et le danger pour la santé des masses.
Ses propos tenus lors d'une interview à France-Bleu Pays de Savoie mercredi 4 janvier 2014 atteignent un degré particulièrement élevé dans la négation des faits et le mépris des habitants :
« Il faut que la population soit ramenée à des justes valeurs et ne confondent pas climat, météorologie et pollution. »
C'est que selon lui la population paniquerait pour rien, confondrait tout, ne comprenant pas vraiment la situation :
« Il faudrait que la population soit informée le mieux possible, c'est pour ça que sur notre site et sur les sites publics il y a des données objectives. Donc quand ont donne un niveau de pollution, alors effectivement ont se situe au dessus de 50 depuis un mois maintenant, on a pas dépassé le niveau 80 milligrammes par mètre cube [il s'agit en fait de microgrammes et non de miligrammes, NDLR] qui est le niveau de catégorie 2 qui nous permettrait de réglementer le trafic international, donc on n'est pas dans ce cas de figure là. La population s'inquiète mais confond peut-être des problèmes de climat et de températures inversées avec un fond d'air froid en bas et une température chaude en haut, qui fait qu'effectivement les nuages qu'on voit, la brume qu'on voit, sur la vallée, est due à la fois à l'aspect climatologique et à l'aspect anticyclonique et pas du tout, ou en tous cas pas nécessairement à l'aspect pollution. »
Les parents d'élèves n'ont pourtant pas inventé le fait qu'il était déconseillé aux enfants de courir lors des récréations. Les associations d'habitants n'ont pas inventé non plus les données fournies par Air Rhône-Alpes. Les médecins locaux n'ont pas non plus inventé les mutliplications de consultations pour des soucis de respiration.
Voici l’enregistrement en entier ; remarquons au passage le travail de la journaliste qui ne se laisse pas impressionner par le « rang » de son invité et le met face à son inaction et son relativisme.
Le Préfet, en tant que fonction, a un rôle particulièrement antidémocratique dans la société française. Il n'est pas une personne élue et devant rendre des compte à la population mais une autorité administrative ayant pour rôle de maintenir l'ordre.
Dans une société où ce sont les intérêts des monopoles qui priment, maintenir l'ordre signifie empêcher la population de remettre en cause le mode de production. Voilà pourquoi le Préfet de Haute-Savoie en est rendu à relativiser largement la situation, malgré les données scientifiques qu'il avance lui-même.
Pour finir, puisque l'épisode de pollution est considéré comme étant terminé par la Préfecture, précisons quand même que le taux de PM10 n'est pas le seul indicateur de la qualité de l'air. Pour la journée du 5 janvier, Air Rhône-Alpes présente un indice Atmo (regroupant le dioxyde d'azote (NO2) et l’ozone (O3) en plus des particules fines PM10 qui est « moyen » avec une valeur de 58/100 et prévoit une tendance à la dégradation pour le lendemain, avec un indice « médiocre » et une valeur de 66/100