23 juin 2013

La peinture flamande - 7ème partie : Pieter Brueghel

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Immense Pieter Brueghel ! Né à Bruegel vers 1525 et mort le 9 septembre 1569 à Bruxelles, Pieter Brueghel est une figure éminente de la peinture flamande et de son réalisme.

Avec Pieter Brueghel, on a le peuple qui est montré, dans un cadre collectif, dans son environnement. Cela signifie qu'on passe à une étape supérieure. Jamais le Moyen-âge n'aurait connu une telle affirmation populaire, de par la réalité des classes sociales.

Pour qu'il y ait une représentation du peuple, il faut en effet la négation de l’Église catholique et l'affirmation bourgeoise comme quoi chaque individu peut être rationnel. La peinture flamande est une affirmation sociale et son contenu est démocratique.

Voici par exemple Chasseurs dans la neige.

Voici Paysage hivernal avec patineurs (cliquer pour agrandir).

On atteint ici un incroyable niveau de complexité, puisqu'il s'agit pour le peintre de combiner un très grand nombre de facteurs afin de rester fidèle à la complexité de la réalité. On n'est pas ici f ace à des anges grassouillets comme en Italie à la même époque ; on a une représentation du peuple en mouvement.

On a d'ailleurs non seulement le peuple, on a donc le mouvement, mais on a également une retranscription fidèle de la réalité, avec également ses limites, comme en l'occurrence la chasse (ou comme la viande chez Pieter Aertsen).

C'est très important, car cela signifie que la modification des rapports de production se reflètent dans la superstructure ; la religion catholique romaine, idéologie de l'aristocratie européenne, est battue en brèche.

Naturellement, pour des raisons historiques, c'est par l'appropriation de la religion par le peuple – le protestantisme – que passe le processus.

Voici le formidable Le Combat de Carnaval et Carême (cliquer pour agrandir).

Voici quelques scènes de ce tableau, dont la véracité est évidente ; chaque scène est une expression de la réalité, un reflet synthétisé dans un ensemble, lui-même dans un ensemble, ensemble lui-même dans un ensemble : c'est pour ainsi dire un tableau en oignon.

Et cet oignon est justifié par la religion devenue populaire et urbaine, c'est-à-dire, en fait, bourgeoise.

Voici une autre scène ; Brueghel a signé sur la pierre sur laquelle les deux personnages jouent aux dés.

Le repas de noce est également très connu. Là encore, la vie quotidienne bourgeoise est présentée. Et que dire de L'excision de la pierre de folie, qui montre le début de la reconnaissance de la « folie », dans un terrible prix humain.

Les deux singes témoignent également de la souffrance des animaux, happés comme esclaves dans le développement du mode de production capitaliste.

Mais on est également d'une certaine manière encore au Moyen-Âge, et sa sortie est douloureuse. L'Espagne va intervenir contre le développement du calvinisme aux Pays-Bas, et la furia espagnole sera sanglante.

Le triomphe des morts, avec sa foule de détails morbides, est ainsi également un témoignage historique, réaliste, mais d'un autre aspect : la sortie douloureuse de l'époque du moyen-âge (cliquer pour agrandir).

Voici quelques détails de ce tableau.

La violence est ici exprimée dans toute sa crudité.

Malgré l'imagerie religieuse, on voit que les morts forment comme des masses prenant d'assaut l'aristocratie.

Dans la scène ci-dessous, la mort s'approprie la richesse du roi, et un religieux est embarqué par un squelette ayant pris ses attributs (le chapeau), un thème classique de la dénonciation de l'Eglise catholique.

Voici, dans une même veine, Le massacre des innocents.

Ici, La chute des anges rebelles et La tour de Babel, de facture plus religieuse en apparence, mais on reconnaît le sens du détail et encore une fois la vue d'ensemble, un degré de complexité que seul le réalisme pouvait alors atteindre.

  

La peinture de Pieter Brueghel est témoignage formidable – il n'y a pas de « renaissance », c'est un monde nouveau qui naît : celui de la bourgeoisie.