12 mai 2017

Nous avons besoin de l'antifascisme et d'une Action antifasciste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y aurait pu avoir une vaste mobilisation contre Marine Le Pen entre les deux tours : sa large défaite le prouve. Mais il aurait fallu pour cela une organisation antifasciste à la base, ancrée localement, capable de diffuser l'appel à se mobiliser.

Comme cela n'a pas existé, il n'y a rien pu y avoir, à part des initiatives locales,  avec un écho très différent selon les endroits. Car il n'y a rien de spontané, tout est une question d'organisation.

Les blocages de lycée à Paris, par exemple, lancés depuis le lycée Buffon, relevaient d'un véritable engouement, mais il n'y avait aucune ligne et les partisans du barrage général à Marine Le Pen côtoyaient des partisans de l'abstention, avec les anarchistes tentant de récupérer le tout.

Et la question de l'organisation antifasciste va continuer de se poser. Car la défaite temporaire de Marine Le Pen freine le fascisme et l'affaiblit d'un côté, mais inévitablement les petits groupements fascistes vont tenter de prendre l'initiative, profitant de la déception existant à l'extrême-droite sur le plan électoral.

Prendre des initiatives pour y faire face est capital et deux options existent.

Soit il s'agit de mobiliser largement, donc en se tournant vers les gens liés aux cultures socialiste et communiste historiquement, aux progressistes en général.

Soit il s'agit de chercher l'escalade au moyen d'un « antifascisme » qui n'est que le masque de l'anarchisme, avec son sectarisme, son antiparlementarisme primaire, son refus de tout contenu au nom de la « révolte », etc.

Naturellement, le premier choix est le bon. C'est d'une Action antifasciste dont nous avons besoin.

Lorsque nous avons au début des années 2000 tenté de diffuser le principe de l'Action antifasciste, c'était bien entendu en profitant de l'expérience allemande, d'esprit unitaire et où il s'agissait d'impulser de l'intérieur d'un large mouvement.

Les blacks blocks émergeant alors en Allemagne en tant qu'Action antifasciste étaient uniquement défensifs et intégrés dans de vastes rassemblements unitaires.

Cela n'a jamais été des initiatives cherchant la casse pour la casse !

Mais l'Allemagne n'est pas la France et inversement. Nous avions donc alors sous-estimé cependant l'imagination ultra-gauchiste existant en France, et ses capacités de récupération. Ce n'est pas la raison et l'unité au-delà des différences qui l'ont emporté, mais une imagerie radicale au service d'un anarchisme rénové.

En France, le fascisme était compris de manière anarchiste comme les « fachos », tous les réactionnaires mis dans un même sac. C'est cette erreur de fond qui a amené au refus de choisir de voter Emmanuel Macron pour, à tout prix, barrer la route à Marine Le Pen.

Ce que l'Action antifasciste avait su impulser en Allemagne dans les années 1990 était par contre l'unité antifasciste la plus large. Citons ici l'explication de l'organisation « antifa autonome [M] », qui a été l'initiatrice de la naissance de l'Action antifasciste des années 1990.

« Dans l'opinion publique définie par les médias, il y a avant tout les manifestations unitaires contre les centres fascistes servant de base à leur politique.

Ce fut le cas par exemple à Adelebsen en 1993 (l'école de formation du parti NPD) et à Northeim en 1994 (l'école de formation du parti FAP).

Les réactions de la presse ont montré que les manifestations sont un moyen essentiel, afin d'avoir un écho dans l'opinion publique (…).

Une caractéristique des manifestations unitaires était le black block, dont les participantes et les participants se masquaient.

Le black block avait d'abord la fonction de protéger les antifascistes présents et présentes des observations et agressions des fascistes et de la police, à quoi s'ajoute une autre fonction au sein de la politique unitaire.

Le black block est devenu justement un élément porteur des manifestations unitaires, parce que cela prouvait devant les yeux de tous et toutes qu'il s'agissait d'une union de larges cercles, allant des forces antifascistes radicales aux Verts et même à un moment le parti socialiste SPD.

Il n'était alors pas possible aux médias de passer sous silence les forces de gauche. »

L'Action antifasciste en Allemagne, dans les années 1990, a été le pôle radical d'un antifascisme conçu comme devant être le plus large possible.

C'était la leçon de la défaite de 1933… Pour faire face au fascisme, seule l'unité tient la route !

Bien entendu, les forces d'ultra-gauche dénoncèrent de manière véhémente ce positionnement de l'organisation « antifa autonome [M] » et de l'Action antifasciste qui en naquit dans toute l'Allemagne.

Un black block sans « casse » leur apparaissait impossible. Et bien sûr aujourd'hui les anarchistes en France, amateurs de la destruction d'abribus, adeptes du « ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen » au second tour des élections présidentielles, pensent pareils.

L'organisation de l'« antifa autonome [M] » et de l'Action antifasciste ont donc été décriées…

Mais ont réussi. Car l'anarchisme qui combat les « fachos », mais ne saisit pas ce qu'est le fascisme, n'aboutit qu'à un cul-de-sac.

Face au fascisme, seule la mobilisation la plus large et la plus profonde dans la société peut aboutir.

Seul un travail prolongé, unificateur des progressistes, ancré dans la réalité locale, peut aboutir. C'est la ligne de masses, c'est le principe de Front populaire élaboré par Georgi Dimitrov, c'est la voie pour barrer la route au fascisme et, de là, ouvrir une perspective émancipatrice !

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