4 déc 2009

Syndicat, revendications et révolution

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La question des revendications est très importante pour les révolutionnaires. Nous affirmons la validité du principe: « On a raison de se révolter » et, ainsi, la valeur des revendications des masses.

Mais où sont ces revendications? Comment s’expriment-elles? Quel est leur contenu, quelle est leur forme? Voilà ce qu’il faut comprendre si on veut servir le peuple.

Et que voit-on?

Que les syndicats et les élections sont en quelque sorte comme la religion: à la fois l’expression de la société capitaliste, mais également une protestation contre elle.

D’un côté bien sûr, ni les syndicats, ni les élections (ni la religion bien entendu) ne peuvent modifier la nature de la société. Seule la révolution socialiste le peut, la modification par la violence des rapports sociaux.

Mais de l’autre côté, les syndicats et les élections (tout comme la religion) sont souvent des éléments embryonnaires de protestation contre la société capitaliste.

Et il y a lieu ici de faire des différences. La religion est une forme organisée par la réaction, tout comme les élections. Quant aux syndicats, ils ont été en France historiquement manipulés par la social-démocratie (hormis la CGT-U) et depuis 1945 ils sont des composantes officielles des institutions.

Néanmoins, les syndicats se trouvent dans l’appareil productif, contrairement à la religion et aux élections, qui touchent à l’ensemble de la société. D’où l’importance pour la bourgeoisie de les intégrer aux institutions, comme dispositif d’intégration social-démocrate, réformiste.

Peut-on « déborder » de l’intérieur ces institutions? Non, on ne le peut pas. Leur nature est solide et stable; la bourgeoisie française est expérimentée, dispose de cadres solides, formés dans de nombreuses écoles d’administration, de gestion. Elle profite également d’alliés: les sociaux-démocrates, les réformistes, les révisionnistes.

Mais cette force bourgeoise est sa faiblesse, si les révolutionnaires ont une ligne de masse correcte, car les masses populaires sont par définition totalement extérieures aux institutions.

C’est leur nature d’être en conflit avec le mode de production capitaliste. Cela est inéluctable, en raison du principe dialectique des luttes de classe.

Une étincelle peut donc mettre le feu à toute la plaine.

Etre communiste, c’est savoir que les masses forment leurs revendications non pas dans les institutions (comme le pensent les sociaux-démocrates et les révisionnistes), ni à côté des institutions (comme le pensent les anarchistes), mais contre les institutions.

Les institutions visent justement à réduire ces revendications, à les annuler, à modifier leur nature: il faut les combattre et les détruire, au moins temporairement, pour triompher!

En France les révolutionnaires de type « économistes « (de la CNT à Lutte Ouvrière) pensent pouvoir déborder ce blocage des revendications. Ils font de la lutte purement économique leur stratégie (ce qui correspond aux thèses de Trotsky dans « Le programme de transition »).

Bien entendu, ils maquillent cette lutte économique de différentes vertus (soit disant politiques, ou bien organisationnelles, etc.).

Ils développent leurs revendications économistes:

-soit dans des syndicats existant;

-soit dans des syndicats nouveaux (SUD, CNT…) ou bien des structures quasi syndicales parallèles (ce qui est principalement le cas pour Lutte Ouvrière).

Mais ce point de vue est limité, et donc faux. Pour nous communistes, la politique est le condensé de l’économie comme l’a expliqué Lénine, et les revendications économiques, si elles sont parfaitement justes, doivent se transformer en lutte politique, en lutte pour le pouvoir.

En tant que révolutionnaires, nous nous fondons sur la science, et cela signifie donc que ni les élections ni les syndicats ne sont, pour nous, la question centrale. La question centrale est celle du pouvoir, et les élections tout comme les syndicats sont le prolongement de l’appareil d’État.

L’objectif des communistes est la construction d’un État socialiste, et leur stratégie est donc la guerre populaire. Et dans la guerre populaire, il n’y a de place ni pour les syndicats, ni bien entendu pour les élections.

Toutefois, qui dit stratégie dit tactique. La différence entre les communistes authentiques, arméEs de la science MLM, et les réformistes, est justement dans la compréhension du rapport entre tactique et stratégie.

Pour bien comprendre cet aspect, on peut profiter de l’explication tout à fait clair du Parti Communiste du Pérou, dans le document La ligne de masses:

« Dans notre Parti, au « Début », le Président Gonzalo demanda que l’on ne doute jamais des masses et que l’on combatte ceux qui sont aveugles et sourds à la voix des masses.

Il faut prêter l’oreille à leur moindre murmure et s’occuper de leurs problèmes concrets et quotidiens avait-il dit et aussi, que l’on ne doit jamais tromper les masses, ni les contraindre; elles doivent connaître les risques qu’elles devront affronter; il faut les convoquer à la cruelle et longue lutte pour le Pouvoir, mais en ayant ce but, les masses comprendront que ce sera une lutte victorieuse et nécessaire.

Ainsi, la lutte pour le Pouvoir est le principal, mais on ne peut la délier de la lutte revendicative, ce sont les deux faces de la même médaille.

Comment faut-il concevoir la lutte revendicative?

On nous accuse de ne pas avoir de ligne spécifique pour la lutte économique et politique des masses.

Mais, en réalité, nous appliquons une autre manière, nous adoptons d’autres formes, une autre politique contraire à celle de l’opportunisme, ou du révisionnisme, une manière nouvelle et différente de la manière traditionnelle.

Le Président Gonzalo nous enseigne que la lutte revendicative est l’autre face d’une médaille où le Pouvoir est au revers et qu’il est totalement erroné de les séparer; parler seulement de lutte revendicative c’est du révisionnisme.

Et, en spécifiant les thèses de Marx pour notre société, il nous dit:

« La crise nous pose deux problèmes: premièrement, comment défendre ce que l’on a conquis bien que, s’il est vrai qu’au cours des crises économiques on perd toujours ce que l’on a conquis, moins on les défendra et plus on perdra.

Là réside la nécessitée de la lutte revendicative… lutte économique et lutte politique…

En plus, dans cette lutte la classe et les travailleurs se forgent en combattant pour le Pouvoir. Deuxièmement: comment en finir avec les crises?

On n’en verra pas la fin si l’on n’en finit pas avec l’ordre social qui prédomine…

La lutte révolutionnaire est nécessaire et sert à la prise du pouvoir à travers la lutte armée, sous la direction de son Parti…

On ne peut dissocier l’une de l’autre.

La relation de ces deux problèmes se concrétise dans le développement de la lutte revendicative en fonction du Pouvoir ».

Pour mener la lutte revendicative on utilise le syndicat et la grève qui est la forme principale de la lutte économique du prolétariat, en la développant comme guerre de guérillas qui entraîne la classe dans la lutte pour le Pouvoir et élève son niveau, à travers d’actions armées concrètes qui renforcent cette forme de lutte en lui conférant une qualité supérieure.

Il faut donc développer la lutte revendicative en fonction du Pouvoir; ceci est un principe politique du travail de masses. »

Le syndicat n’est qu’un pas en avant, il est une forme embryonnaire, élémentaire, basique. Il n’a de sens qu’en se subordonnant aux objectifs politiques, donc au Parti, et en transformant sa forme de lutte de telle manière à s’intégrer dans la guerre populaire.

Le syndicat n’est pas « tout » ou « rien », il est une forme sociale au cœur de l’appareil productif, une forme sociale contrôlée par les sociaux-démocrates (les socialistes) et les révisionnistes (les faux communistes), mais il se peut que, malgré tout, les masses arrivent à momentanément se servir du syndicat.

Cette éventualité ne saurait être niée, car le chemin des masses vers la guerre populaire n’est pas une ligne droite, et la bataille des revendications est toujours semée d’embûches!

Évidemment, il vaudrait mieux perdre le moins de temps possible avec les formes embryonnaires. Mais ce sont les luttes de classe qui décident. Souvenons-nous donc ici de la nécessité d’être tenace, comme Lénine nous l’a explique dans son fameux document La maladie infantile du communisme (le gauchisme) notamment dans le chapitre intitulé « Les révolutionnaires doivent-ils militer dans les syndicats réactionnaires ? »

« La « théorie » saugrenue de la non-participation des communistes dans les syndicats réactionnaires montre, de toute évidence, avec quelle légèreté ces communistes « de gauche » envisagent la question de l’influence sur les « masses », et quel abus ils font dans leurs clameurs du mot « masse ».

Pour savoir aider la « masse » et gagner sa sympathie, son adhésion et son appui, il ne faut pas craindre les difficultés, les chicanes, les pièges, les outrages, les persécutions de la part des « chefs » (qui, opportunistes et social-chauvins, sont dans la plupart des cas liés – directement ou indirectement – à la bourgeoisie et à la police) et travailler absolument là où est la masse.

Il faut savoir consentir tous les sacrifices, surmonter les plus grands obstacles, afin de faire un travail de propagande et d’agitation méthodique, persévérant, opiniâtre et patient justement dans les institutions, sociétés, organisations – même tout ce qu’il y a de plus réactionnaires – partout où il y a des masses prolétariennes ou semi-prolétariennes. »

Voilà pourquoi le PCMLM doit inlassablement rappeler: ne perdons pas du temps à parler de syndicats, d’élections, de religions. Ces formes sociales sont dépassées. Parlons des masses populaires, célébrons la classe ouvrière.

Il faut comprendre le chemin de la révolution, le fait que notre époque est celle de la guerre populaire.

Refusons catégoriquement ceux qui participent aux élections, alibi « démocratique » de la bourgeoisie.

Discutons de manière ferme et scientifique avec ceux qui sont happés par l’idéalisme religieux (tout en ne tolérant il va de soi aucun dépassement de la frontière anti-raciste et anti-sexiste).

Contribuons à ce que soient dépassées les formes syndicales, économistes, qui ne sont pas à la hauteur de la dimension de la lutte des masses populaires.

Toutes les tactiques doivent correspondre et se fondre dans la stratégie: la guerre populaire!   

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