20 nov 2008

Invisibles et muets ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis le 11 Novembre, les neuf personnes du « comité invisible » se murent dans le silence.

Se taire devant les flics et les juges est une attitude tout à fait normale pour des révolutionnaires.

L'absence de communiqué politique de la part des emprisonnéEs, quant à lui, et encore plus la ligne « silencieuse » de la « mouvance », commence à être problématique.

Cette stratégie du silence est étrangère à la tradition révolutionnaire. Historiquement, en dehors des conditions propre au fascisme, les révolutionnaires emprisonnéEs ont toujours exprimé leur identité révolutionnaire dans un communiqué public.

Quand le fascisme arrête des révolutionnaires, son offensive ne s'arrête pas aux arrestations: il s'ensuit la torture, l'emprisonnement en camps spéciaux, etc.

Mais dans la démocratie bourgeoise, après les arrestations vient le moment où l'Etat tente de conquérir l'opinion publique dans le cadre du rapport de forces entre le capitalisme et les masses populaires.

Voilà pourquoi les révolutionnaires, lorsque devenus des otages de l'Etat bourgeois, ont toujours tenu à exprimer leur identité et leur caractère prolétarien.

Faire de leur emprisonnement même un moment de l'affrontement avec le capitalisme, porter la lutte de classe au coeur même du dispositif judiciaire a toujours été la tactique des révolutionnaires.

C'est une tâche politique absolument incontournable et d'une grande importance, c'est une étape dans la lutte des classes, étape qui joue un rôle énorme dans la liaison entre les masses et les révolutionnaires.

De la même manière, le soutien aux militantEs emprisonnéEs a été et est toujours compris comme une tâche politique, comme une part de la guerre du peuple contre le système capitaliste.

Cette compréhension du caractère politique de la lutte dans les prisons est, d'ailleurs, une des différence entre les révolutionnaires et les sociaux-démocrates.

Au lieu de cela, les « comités de soutien » suivent tous une ligne totalement apolitique et pour tout dire à la limite de la dissociation.

On y parle que de « l'injustice » qui serait faite aux inculpés, leur « innocence », de la « disproportion » de la répression, de la non-dangerosité des actions supposées des personnes inculpées.

Sans parler des insinuations sur le « complot d'Etat » et sa quête de « bouc-émissaires » qui serait derrière tout ça - délires habituels des trotskistes, révisionnistes et autres syndicalistes, mais habituellement étrangers aux autonomes ou aux anarchistes révolutionnaires.

Est-ce cela la ligne des « anarcho-autonomes » ?

Parler de « guerre sociale », d'« insurrection », mais voir la main de l'Etat derrière chaque action de rébellion, se plaindre de la « disproportion » de la répression et demander à l'Etat bourgeois de « respecter sa légalité »?

Pire que tout, le seul document public qui émane du près des personnes inculpées et qui est mis en avant est une « Lettre ouverte des parents des neuf mis en examens du 11 Novembre » datée du 24 Novembre.

Il y est dit:
« Nous sommes bien obligés de dire à Michelle Alliot Marie que si la simple lecture du livre "L'insurrection qui vient" du Comité Invisible fait d'une personne un terroriste, à force d'en parler elle risque de bientôt avoir à en dénombrer des milliers sur son territoire.
Ce livre, pour qui prend le temps de le lire, n'est pas un "bréviaire terroriste", mais un essai politique qui tente d'ouvrir de nouvelles perspectives. »

« Aujourd'hui, des financiers responsables de la plus grosse crise économique mondiale de ces 80 dernières années gardent leur liberté de mouvement, ne manquant pas de plonger dans la misère des millions de personnes, alors que nos enfants, eux, uniquement soupçonnés d'avoir débranchés quelques trains, sont enfermés et encourent jusqu'à 20 ans de prison.»

Il faut poser la question: est-ce là un point de vue conforme à la guerre sociale prônée dans l'insurrection qui vient? »

Est-ce la ligne de défense des personnes arrêtées: affirmer qu'elles ne sont pas des « terroristes », mais simplement des saboteurs, ou encore des contestataires, des utopistes?

N'ont-ils qu'une si piètre opinion des actions menées ?

N'est-ce, comme le laisse entendre les « parents », finalement qu'un « jeu » pour eux ?

Et que dire du couplet sur les « financiers » responsables des maux de la société si ce n'est que c'est une réflexion classique de la bourgeoisie catholique et qu'elle relève à proprement parler, il faut bien le dire, du spectre idéologique fasciste et antisémite!

Est-ce là le point de vue des personnes arrêtées sur l'économie, sur le capitalisme?  

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