4 aoû 2009

Gauche, Gauche, Extrême-gauche! (encore une fois au sujet du Jura Libertaire)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le Jura Libertaire a répondu à Contre-Informations, encore une fois.

Il faut dire, que dès le départ, le Jura Libertaire était le dos au mur: en mettant en avant une interview de Michéa, il y avait quelque chose de pas commun.

N’importe qui tapant Michéa dans un moteur de recherche sur le net, n’importe qui connaît un tant soit peu l’extrême-droite française, peut constater à quel point cet auteur, défini comme « anarchiste conservateur », est utilisé à l’extrême-droite.

De toutes manières, il suffit de le lire pour voir que le fond comme la forme sont ultra réactionnaires. D’ailleurs, ni les anarchistes ni les différents courants autonomes ne se revendiquent de Michéa.

Le Jura Libertaire a bien fait quelque chose de nouveau, et d’inquiétant (mais pas étonnant dans le climat actuel): valoriser un tel personnage réactionnaire tout en se voulant (grosso modo) d’extrême-gauche.

Face à la critique, somme toute antifasciste et que n’importe quelle organisation d’extrême-gauche pourrait et devrait faire, le Jura Libertaire peut bien tenter de s’en sortir en montrant les maos comme les « bolcheviks avec les couteaux entre les dents ». Là n’est pas la question.

La question, c’est Michéa et les fachos, pas les maos; et le Jura Libertaire délire en affirmant: « Le fond de leur querelle, révélée par leur courriel du 18 juillet, n’est autre que d’assimiler les anarchistes au fascisme. »

Ce ne sont pas les anarchistes ni les autonomes qui ont été critiqué, mais le Jura Libertaire pour son libéralisme dans sa façon de faire, ou plutôt sa fascination pour un auteur servant le fascisme.

Les différences et querelles entre anarchistes et communistes sont une chose, le rapport aux fascistes en est une autre. Mais pour le comprendre, encore faut-il être d’extrême-gauche, et dans ce cadre, il a été dit dans les critiques faites que finalement, le Jura Libertaire est de culture ultra-gauche, et donc pas vraiment libertaire, malgré ses prétentions à ce niveau.

De fait, dans sa tentative d’auto-justification par le Jura Libertaire, il est parlé du Comité Invisible. On ne voit pas très bien à la base ce que cela fait dans cette histoire, sinon justement pour que le Jura Libertaire montre sa nature d’ultra-gauche: « On ne s’étonnera pas que des staliniens viennent chercher des poux dans la tête à des camarades victimes de la répression d’État. »

Camarades? Non, les gens du Comité Invisible ne sont certainement pas des camarades. Le terme de « camarade » est un terme communiste, et de toutes manières les gens du Comité Invisible n’ont jamais prétendu être ne serait-ce qu’être d’extrême-gauche.

S’ils avaient assumé, ils auraient pu vraiment contribuer à organiser quelque chose de nouveau. Une grande attention leur avait été accordée. Ils auraient pu dire des choses claires, s’exprimer dans les médias révolutionnaires, apporter de nombreuses choses à l’extrême-gauche.

Mais non, ils ont préféré ne rien assumer, et s’exprimer de rares fois dans Libération et Le Monde, chose que justifie le Jura Libertaire en disant qu’il s’agissait de « l’occasion de pousser l’avantage, serait-ce avec les armes de l’ennemi. »

Et le Jura Libertaire va justement jusqu’à… citer Julien Coupat pour conclure son texte, disant que les maos veulent prendre la relève du «ramassis d’escrocs, d’imposteurs, d’industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l’heure tient le pays».

On a les guillemets, mais pas l’origine de la citation (et pour cause) : l’interview de Coupat par… le quotidien Le Monde de la fin du mois de mai 2009. Après l’agrégé de philo Michéa utilisé abondamment par l’extrême-droite, on retrouve la figure de Coupat, grand bourgeois utilisant la métaphysique pour fantasmer une insurrection.

Tout cela relève du dandysme à la Nietzsche, de l’élitisme bourgeois, du culte aristocratique de l’esprit « rebelle », du culte des grands hommes.

Tout cela est inquiétant, tout cela révèle non seulement la force de la tendance à la confusion, mais surtout l’influence et le poids que commence à avoir la « révolte contre le monde moderne » prônée par l’extrême-droite.

Chaque jour qui passe témoigne de la profondeur de la putréfaction de la société capitaliste.         

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