Vers l’inévitable capitulation d’ETA… À moins d’une transformation!
Submitted by Anonyme (non vérifié)La lutte pour la reconnaissance des droits démocratiques de la nation basque, tant en Espagne qu’en France, a toujours marqué les esprits les plus progressistes en France.
Contre-Informations a ainsi l’honneur de proposer de nombreux documents basques, principalement ceux d’ETA des années 1970-1980, comme par exemple Le prolétariat devant l’oppression nationale d’Euskadi (juin 1970), Aux révolutionnaires, démocrates et antifascistes d’Euskadi et du monde entier (1973), Interview du commando Txikia au sujet de l’action contre Carrero Blanco (1974) ou encore l’autobiographie politique d’Argala (1977).
Néanmoins, il est évident qu’en tant que communistes, les limites d’ETA et du mouvement de libération nationale basque en général sautent aux yeux.
Sur le plan du contenu, le mouvement de libération nationale basque (MLN) a toujours considéré que la dimension nationale l’emportait sur la question ouvrière, même si celle-ci était posée initialement. Puis la question ouvrière s’est étiolée, disparaissant derrière l’objectif du « socialisme » dont le contenu est devenu toujours plus flou.
Le résultat en a été qu’au-delà d’une vaste sympathie pour la cause basque, cette dernière est notamment devenue un thème d’un côté pour les réformistes du type NPA, qui prônent la « solution pacifique »…
Et de l’autre, une référence pour les courants populistes anti-scientifiques, sur le mode « anti-impérialiste » ou bien « régionaliste. »
Bien entendu, cela ne change rien à la solidarité et à la reconnaissance qu’il faut accorder aux révolutionnaires basques affrontant la torture, la prison, l’exil, et même la mort.
Pour autant donc, il n’y a pas de hasard. La capitulation d’ETA, ou bien sa transformation radicale sur le base d’objectifs clairement assumés, est inévitable.
Le MLN basque est travaillé en effet au corps par le courant « solution pacifique », qui a une influence de plus en plus grande dans le mouvement légal (frappé d’interdiction de représentativité politique), avec notamment l’appui des renégats irlandais du Sinn Fein.
Il y a deux jours, samedi 25 septembre, 23 partis et mouvements basques se sont réunis à Gernika, afin de proposer un «scénario de paix et des solutions démocratiques en Pays Basque. »
Ce scénario présuppose qu’ETA fasse signe de «sa volonté d’arrêter définitivement son activité militaire » alors que l’Etat espagnol doit cesser les persécutions politiques des activistes basques.
Inversement, à côté de cette tendance en faveur de la « réconciliation » il y a la ligne mouvementiste, de type militariste, qui a amené ETA à essuyer ces derniers temps échec militaire sur échec militaire, les arrestations se succédant (arrestations systématiquement présentées de manière ridicule par les Etats espagnol et français, parlant à chaque fois de « tête d’ETA décapitée »).
Le résultat en a été qu’ETA alterne fuite en avant et tentative de solution politique, le tout aboutissant évidemment à une logique de « discussion » à tout prix.
Voici donc ce que dit le communiqué d’ETA rendu public début septembre, qui annonce l’arrêt des actions armées :
« ETA confirme son engagement en faveur d’une résolution démocratique du conflit, son engagement en faveur d’un processus démocratique par lequel nous, les citoyens basques, grâce au dialogue et à la négociation, nous puissions décider librement et démocratiquement de notre avenir. ETA est prête, aujourd’hui comme hier, à condition que le gouvernement de l’Espagne le veuille, à donner son accord à des bases démocratiques minimales nécessaires au démarrage d’un processus démocratique. »
Et dans une interview au journal basque GARA, deux représentants d’ETA expliquent exactement dans la foulée de l’initiative légale du 25 septembre que:
« L’objectif consiste à résoudre de façon démocratique le conflit politique, à refermer la plaie pour toujours, et cela nous oblige tous à agir avec responsabilité. »
Il est également fait appel à des médiateurs internationaux qui devront étudier « les étapes nécessaires au processus démocratique, y compris les engagements que doit contracter ETA. »
Il y a donc très clairement une logique de « solution pacifique » qui s’exprime ici, et cette tendance était inévitable. Elle ne peut que se renforcer, à moins qu’une orientation scientifique se développe, et comprenne la situation de l’État espagnol dans son ensemble. Quiconque connaît cet État sait à quel point il se situe dans la tradition fasciste. ETA elle-même le savait et le sait. Il est évident que l’État espagnol ne cédera rien, à moins de s’effondrer.
La « solution politique » est donc une erreur complète et absolue, qui ne peut que renforcer l’image « démocratique » de l’État espagnol ; elle se situe dans la logique « nationale » qui s’oppose à la considération que la question nationale basque est, en définitive, une question de classes.
Cette erreur a été celle faite en Irlande. Elle continue d’être faite : les mouvements démocratiques – nationaux se veulent « socialisants » mais n’ont qu’une orientation nationale – démocratique vaguement couplée à la propagande armée.
Il est vrai qu’au Pays Basque, la question ouvrière est largement plus assumée en termes de luttes de classe. Mais cela va exiger des déchirements profonds, dont le symbole sera de remplacer le drapeau basque par le drapeau rouge.
La question basque ne peut se résoudre que dans la révolution socialiste, toute question démocratique ne peut être résolue que dans la révolution socialiste…
Que vive la guerre populaire pour la révolution socialiste ! Non à toute pacification impérialiste !