L'épisode du «Bastion Social» de Lyon
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il est bien connu que la ville de Lyon représente un bastion de l'extrême-droite et celle-ci cherche à tout prix à se moderniser. Aussi a-t-elle profité de sa force locale pour occuper un bâtiment de trois étages, afin d'en faire une base. C'est ainsi qu'en Italie le mouvement CasaPound s'est développé.
Il s'agissait, pareillement qu'à Rome, d'accueillir des familles sans origine immigrée, afin de proposer un modèle social en opposition avec le « mondialisme » et l'accueil des migrants promu par les libéraux.
Voici le communiqué du GUD de Bretagne à propos de l'expulsion du bâtiment, extrêmement bien tourné sur le plan de la démagogie nationale et sociale :
« Mardi 13 juin l’État a envoyé ses chiens évacuer le Bastion Social.
Alors que des familles dorment avec leurs enfants dans des voitures, que des jeunes travailleurs peinent et ne trouvent pas de logement, que nos retraités vivent sous le seuil de pauvreté, leur gouvernement préfère faire évacuer un squatte ayant pour but de donner un toit, de la nourriture et des vêtements aux nôtres.
C'est ce même État qui réquisitionne des hôtels pour y loger des "migrants ", future main d’œuvre a bas coût de leurs amis du Capital, après avoir détruit leur pays en y installant des guerres sans fin.
Ce projet nous tenait a cœur. Certains de nos membres étaient présents dès le premier jour, d'autres jusqu'au dernier moment.
Nous soutiendrons sans relâche cette initiative de donner du concret aux nôtres. L'histoire n'est pas finie.
A nous, à vous de propager l'idée de Réquisition Solidaire. »
Le « Bastion Social » n'aura finalement tenu que trois semaines, avant d'être évacué par la police.
Cependant, cela en dit long sur les capacités opérationnelles de l'extrême-droite dans cette ville, notamment avec le GUD, Groupe Union Défense, qui est à l'origine de ce « centre social » d'extrême-droite.
Et cela en dit long également au sujet de la question du style. L'extrême-droite a énormément travaillé la forme de son discours et a réussi à produire une nouvelle culture. Celle-ci, échappant à la critique antifasciste, progresse dans le cadre d'une guerre de positions culturelles.
Il ne s'agit nullement d'une élaboration théorique : il ne faut pas avoir de lectures complotistes et croire en les prétentions de l'invention d'une « métapolitique » par des théoriciens nationalistes. En réalité, l'extrême-droite profite de sa massification en Italie, en Ukraine et en Grèce.
Cette massification a permis une affluence culturelle populaire, qui a nourri toute une démarche esthétique. Comme à Lyon il y a déjà un large courant d'idées nationaliste, le « style » nouveau vient se greffer à des activistes, qui profitent des codes « populaires » utilisés dans d'autres pays.
Le fond de la démarche est l'esprit chevaleresque au service de la communauté : c'est le sens historique des images de jeunes adultes tatoués au look très travaillé se plaçant comme des idéalistes au service de quelque chose de plus grand qu'eux.
Si on enlève les idées, on a alors l'apparence d'une démarche saine, en contradiction avec la logique du capitalisme. C'est en cela qu'il s'agit de fascisme.
Le fascisme est un détournement de la bataille pour l'unité, pour la communauté sociale universelle.
C'est ce qu'enseigne le matérialisme dialectique et en ce sens l'antifascisme n'a de sens que s'il comprend que les fascistes sont des concurrents qui tentent d'aller plus vite que les partisans du socialisme, qui tentent de prendre de vitesse l'affirmation du socialisme.
Et le piège serait alors de réduire l'antifascisme à la neutralisation des fascistes, alors que ce qui compte c'est aussi, voire surtout, leur isolement. Il faut voir non pas le fasciste isolé, mais le fascisme comme mouvement comme rapport aux masses. Il faut isoler les fascistes des masses – alors qu'inversement, le « Bastion Ssocial », Dieudonné, Marine Le Pen… sont des opérations pour les en rapprocher.
Cela souligne le caractère central de la bataille pour la démocratie, pour l'unification des masses dans une perspective positive. Sans cela, c'est le fascisme qui triomphera comme option crédible d'une solution communautaire… Qui ne sert en réalité que les grands monopoles dans leur tentative d'empêcher le dépassement des contradiction entre travail manuel et trava il intellectuel, entre villes et campagnes.
C'est bien pour cela, justement, que les fascistes et le fascisme sont incapables d'assumer l'écologie, qui inversement est au cœur de notre identité.