Le résultat du premier tour des élections législatives de 2017 est sans appel. Le parti d'Emmanuel Macron est en mesure d'obtenir plus de 400 sièges sur 577.

C'est un succès complet, qui montre l'extrême faiblesse politique, idéologique et culturelle qui caractérise notre pays. La France s'imagine qu'elle va dépasser les problèmes en les contournant, en cherchant le dénominateur commun, l'union des contraires.

Et il ne faut pas interpréter autrement les 50,5 % d'abstention. C'est un chiffre énorme, mais il n'y a que l'ultra-gauche pour y voir une dimension « révolutionnaire » : en réalité, c'est l'apolitisme qui prédomine entièrement, l'esprit de délégation… et de dénégation face aux enjeux de notre époque !

La France s'abstient et contemple. Le régime d'Emmanuel Macron, avec sa belle symétrie droite-gauche au nom du développement national, lui convient très bien.

Surtout que la symétrie est très rassurante : la droite fait autour de 21 % et peut espérer de 85 à 125 députés, alors que la gauche autour du PS peut en espérer de 15 à 25, tout comme grosso modo La France Insoumise.

C'est un bel équilibre autour du parti d'Emmanuel Macron, surtout que sont éliminés au premier tour toute une série de poids louds de la social-démocratie : Benoît Hamon, Emmanuelle Cosse, Cécile Duflot, Jean-Christophe Cambadélis, Elisabeth Guigou, Aurélie Filippetti, Patrick Mennucci, Jean Glavany, Pascal Cherki, François Lamy…

La place est nette. Quant au Front National, il s'est effondré comme proposition stratégique pour toute une période. Il a obtenu 13,5% des suffrages, mais n'aura pratiquement aucun député, seule Marine Le Pen s'en sortant, ainsi que quelques autres ayant réussi à jouer les Donald Trump locaux dans des zones populaires.

Cela va provoquer une déception énorme dans les secteurs populaires ayant espéré que Marine Le Pen serait vecteur de changement.

Le Front National de Marine Le Pen va donc changer, tout comme d'ailleurs le Parti Socialiste et le Parti « Communiste » français, qui vont changer de forme, voire même rapidement de nom. La droite elle-même va scissionner entre une droite dure et une droite pro-gouvernementale.

Ce premier tour est tel un champ de ruine, ce qui était inévitable. Le monde n'a pas changé de substance, mais les modalités sont très différentes : le libéralisme a triomphé culturellement, y compris dans une gauche devenue en grande partie post-moderne.

Il n'y a plus d'idéologie, plus de programme, plus d'organisation ; à gauche, il n'y a que des lobbys, des « insoumis », des « nuits debouts », des mouvements participatifs.

C'est de là qu'il faut partir, en en revenant aux fondamentaux : comprendre la valeur historique de la social-démocratie au XIXe siècle, saisir l'importance des principes d'organisation, accorder toute son importance aux analyses historiques, au rôle de la culture.

Revenir en théorie et en pratique, par conséquent, au principe de la vision du monde, de la rationalité comme mode de développement, avec comme projet le socialisme, la véritable rupture avec l'exploitation capitaliste, la guerre impérialiste, la destruction de la nature, pour proposer la planification, le gouvernement mondial, la protection systématique de la Biosphère planétaire.