PCF(mlm) – Déclaration 89 – Sur la guerre populaire
Submitted by Anonyme (non vérifié)Depuis le développement du socialisme scientifique par Karl Marx et Friedrich Engels, un thème très important a été la question de la nature de la dictature du prolétariat. Rappelons ici ce qui est dit dans la lettre à Joseph Weydemeyer du 5 mars 1852, où Karl Marx explique de la manière suivante quelle a été sa contribution :
« Maintenant, en ce qui me concerne, ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu’elles s’y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l’évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l’anatomie économique. Mon originalité à consisté :
à démontrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases historiques déterminées du développement de la production ;
que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
que cette dictature elle-même ne représente qu’une transition vers l’abolition de toutes les classes et vers une société sans classes. »
Néanmoins, cela n'a été qu'avec la Commune de Paris, en 1871, que Karl Marx de manière bien meilleure a été capable d'expliquer la dictature du prolétariat, comme transition générale entre capitalisme et communisme.
La dictature du prolétariat n'était pas qu'une courte période de mesures administratives ; c'était un mode de production. Dans sa Critique du programme de Gotha de la social-démocratie allemande, en 1875, Karl Marx souligne le point suivant :
« Entre la société capitaliste et la société communiste, poursuit Marx, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat. »
Cette question est au cœur même de l'idéologie élaborée par Karl Marx et Friedrich Engels. Sans une compréhension correcte de cela, alors le révisionnisme et la capitulation sont des conséquences inévitables.
La raison de cela tient au fait que la question du pouvoir est au cœur même de la lutte de classes ; faire des compromis à ce sujet conduit à refuser la nature antagonique des classes d'un mode de production donné et ainsi à la capitulation devant les classes dominantes, qui peuvent être considérées comme « amies », « partenaires », etc.
Le réformisme né des lignes noires de la social-démocratie (tout d'abord avec Eduard Bernstein, ensuite avec Karl Kautsky) et du mouvement communiste (avec Nikita Khrouchtchev) ont soutenu précisément cette « voie pacifique » au socialisme.
Contrairement à ce réformisme (et au révisionnisme), le socialisme scientifique voit la dictature du prolétariat comme la tâche historique nécessaire et non seulement cette tâche doit être acceptée, mais elle doit également être comprise avec tous ses aspects, sa signification, ses conséquences.
Et nous disons que, par les sauts qualitatifs qui ont été effectués avec le marxisme, le léninisme et ensuite le maoïsme, nous sommes maintenant capable de comprendre d'une manière complète cette question de la nature de l’État de la dictature du prolétariat.
Nous voulons dire par là que la dictature du prolétariat ne consiste pas seulement en la révolution et le renversement de la bourgeoisie : elle signifie aussi la construction du socialisme, sa généralisation à tous les niveaux nécessitant différentes révolutions culturelles pour faire disparaître ce qui a été appelé en Chine les quatre vieilleries : les vieilles habitudes, la vieille culture, les vieilles coutumes, les vieilles idées.
Étant donné que les masses sont mobilisées afin de maîtriser le matérialisme dialectique comme vision prolétarienne du monde, de transformer la réalité selon les valeurs démocratiques socialistes, cela signifie qu'elles sont dans un processus de guerre, non seulement au niveau militaire, mais également aux niveaux économique, culturel, idéologique.
C'est la grande leçon de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine.
Cela signifie que le socialisme est en soi l'extension du processus de révolution qui a commencé contre les classes dominantes ; c'est un processus général qui commence avec le processus révolutionnaire lui-même, dans une situation où la réaction prédomine encore et qui finit seulement quand le communisme peut triompher partout dans le monde.
C'est pourquoi nous disons que le socialisme est la dictature du prolétariat, qui est en fait la guerre populaire. C'est pourquoi les communistes authentiques devraient adopter le principe : « Guerre populaire jusqu'au communisme ! ».
Précisons immédiatement le contenu tactique et stratégique de la guerre populaire. Le point essentiel est de comprendre que la guerre populaire est l'expression du mouvement de la réalité, qui est dialectique.
Cela signifie que le processus révolutionnaire grandit lentement, de manière inévitable, tandis que l'ancien devient toujours plus faible. Comme Mao Zedong l'a dit :
« En fin de compte, le régime socialiste se substituera au régime capitaliste; c'est une loi objective, indépendante de la volonté humaine.
Quels que soient les efforts des réactionnaires pour freiner la roue de l'histoire dans son mouvement en avant, la révolution éclatera tôt ou tard et sera nécessairement victorieuse. »
Au niveau de la tactique, cela signifie que la première tâche est d'éviter les campagnes d'encerclement et de suppression faits par l'ennemi.
Dans le processus de lutte de classe, la réaction essaie d'empêcher la synthèse idéologique, l'organisation politique d'un centre, la diffusion des positions et activités révolutionnaires.
Elle vise à l'anéantissement de la direction révolutionnaire, à isoler le Parti, à supprimer le matérialisme dialectique
Le concept de Pensée-Guide possède ici un caractère central, parce qu'il correspond à une interprétation correcte de la situation historique du pays, et ainsi une évaluation correcte du rapport entre révolution et contre-révolution.
En raison de la situation tactique qui typifie le commencement du processus révolutionnaire, la première étape au niveau stratégique doit être appelée la défense stratégique, amenant souvent à une situation de retraite stratégique pour préserver ce qui a été conquis.
Le processus révolutionnaire a besoin de se protéger des coups de l'ennemi ; il utilise les principes de la guérilla à tous les niveaux pour s'ancrer dans l'histoire du pays. Contrairement à ce que pensait Ernesto Che Guevara, cette étape ne peut pas être forcée ; tout subjectivisme à ce niveau amène à la faillite complète.
Le grand danger, à côté du subjectivisme, est bien entendu la corruption, l'intégration dans le système essayant de dévier, d'intégrer et même d'utiliser le processus révolutionnaire pour renouveler ses institutions.
La défense stratégique, même dans une situation de retraite, signifie construire, organiser, former une direction révolutionnaire, c'est-à-dire des cadres, permettant au Parti de peser dans les luttes de classe, de généraliser la lutte révolutionnaire.
Quand un saut qualitatif est réalisé dans le déploiement des activités révolutionnaires, quand la lutte de classe est arrivée au point où le Parti peut la conduire en termes de confrontation non pas seulement avec la bourgeoisie, mais aussi avec l’État, alors vient l'étape de l'équilibre stratégique.
A ce niveau d'antagonisme, l'opposition des deux classes est apparue d'une manière ouverte devant les masses ; le drapeau de la bataille pour le pouvoir est levée dans les larges masses. Aux niveaux idéologique, culturel, politique, une vraie percée a été faite.
La dialectique entre le Parti et la classe ouvrière commence à parvenir à maturité ; les activités des larges masses renforcent le processus révolutionnaire. Cette étape coupe littéralement en deux la société, ouvrant la guerre civile comme bataille pour l’État.
Nous soulignons ici que cela ne signifie pas que le Parti soit construit de manière abstraite, en deux temps, une insurrection étant produite après qu'aient accumulées suffisamment de forces.
Dans la IIIe Internationale, il y a eu malheureusement une forte tendance à viser l'insurrection comme accumulation d'expériences militaires techniques et de forces par l'avant-garde. Ce point de vue mécanique est aussi faux que la perception anti-idéologique guévariste d'un Parti « né sous le feu ».
Les deux oublient les masses, qui sont les vraies porteuses du socialisme, de la guerre populaire. Les deux oublient que le processus révolutionnaire a besoin de la ligne rouge pour avancer.
C'est pourquoi, quand nous disons avec Mao Zedong que :
« Chaque communiste doit s'assimiler cette vérité que «le pouvoir est au bout du fusil ».
nous disons aussi avec Mao Zedong que :
« Notre principe, c'est : le Parti commande aux fusils, et il est inadmissible que les fusils commandent au Parti. »
L'Armée rouge est l'outil pour triompher sur l'Armée réactionnaire, afin que le vieil appareil d’État soit totalement détruit, laissant la place à celui construit par le Parti Communiste, organisant la société sur une nouvelle base, par les conseils ouvriers.
Les masses tendant toujours davantage à une situation d'antagonisme, de conflit avec l’État, et la guerre populaire organisant toujours plus ces masses avec le but de prendre le pouvoir par la violence révolutionnaire.
Chaque pas du processus révolutionnaire possède toujours en son noyau l'antagonisme total entre l’État réactionnaire existant et le nouvel État étant construit tout au long du processus révolutionnaire, comme Nouvelle Démocratie dans les pays semi-coloniaux semi-féodaux, comme Socialisme dans les pays capitalistes – impérialistes.
La guerre populaire est par conséquent non pas une tactique pragmatique où les masses sont passives et devraient soutenir une structure militaire séparée dans sa lutte avec l’État ; la guerre populaire consiste en les masses armées luttant stratégiquement pour prendre le pouvoir – leur pouvoir.
C'est la clef révolutionnaire pour avancer et il est nécessaire de comprendre que les dynamiques du conflit révolution / contre-révolution sont très riches en situations et fluide dans l'équilibre des forces.
A chaque étape de la lutte des classes, la réaction tente de stériliser l'antagonisme, que ce soit par la répression, le réformisme, le révisionnisme, l'utilisation de l'ultra-gauche comme « cinquième colonne », la promotion « d'accords de paix » sous supervision internationale, etc.
A tout moment, la réaction cherche à empêcher l'agrégation des forces révolutionnaires authentiques et à détruire l'antagonisme.
C'est pourquoi la guerre populaire a une signification aux niveaux de la politique, de la culture, de l'idéologie, de la lutte armée, de l'économie, qui sont les fondements de l’État à construire tout au long du processus révolutionnaire.
Gonzalo, en tant que dirigeant du Parti Communiste du Pérou, nous enseigne pour cette raison que le Parti doit « forger des militants communistes premièrement et principalement comme combattants et comme administrateurs ».
L'objectif de la guerre populaire est de donner naissance à un océan de masses en armes. L'offensive stratégique est précisément en raison de cela le saut qualitatif venant de la contradiction entre la première étape et la seconde, c'est-à-dire la défense / retraite stratégique et l'équilibre stratégique.
C'est la période décisive où l'ancien est écrasé, son appareil d’État anéanti, le nouveau prenant tout le pouvoir, évitant la restauration par des révolutions culturelles, l'océan de masses en armes sous la bannière du matérialisme dialectique étant le principal outil pour réussir dans la construction du socialisme et l'ouverture de l'ère du communisme.
Construire le nouvel État est notre but et cette construction est la clef du processus révolutionnaire : l’État réactionnaire, ancien veut l'écraser, nous voulons le rendre plus fort.
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Août 2016