Ce soir, le choc est dur pour les progressistes, même s'il était attendu. A ces élections départementales de mars 2015, ce sont des centaines, si ce n'est des milliers de « 21 avril » qui ont eu lieu (en référence à l'élection du 21 avril 2002 où la gauche était éliminée du second tour des élections présidentielles). Et ce, y compris dans un grand nombre d'anciens bastions de le gauche démocratique ou du mouvement ouvrier.

Comme on peut le voir à Fréjus, où le Front National l'a emporté dès le premier tour, ou à Hénin-Beaumont, où le Front National fait plus de 60 % sur le territoire de la ville, lorsque le fascisme s'ancre localement il asphyxie petit à petit la société civile et la culture, tuant ainsi toute vie politique authentiquement démocratique.

Il convient donc pour les personnes authentiquement progressistes de se montrer responsables. Empêcher le Front National de s'emparer du pouvoir qu'il soit local ou national est une priorité et pour cela tous les moyens possible doivent être utilisés, y compris le vote pour la social-démocratie ou la droite « républicaine ».

Ces élections revêtent d'ailleurs un caractère assez notable du fait de la participation qui est en progression par rapport à celle de 2011. C'est d'autant plus à remarquer de par l'importance des départements dans la structuration de l’État français. Les cantons et les départements sont, avec les communes, en effet les structures administratives mises en place lors de la Révolution française. Ce sont donc les structures politiques fondamentales de l’État bourgeois français.

Il faut absolument noter que, lors de ce premier tour des élections départementales de mars 2015, le Front National présentait des binômes candidats dans 95 % des cantons français, c'est-à-dire plus que l'UMP-UDI ou le Parti Socialiste. C'est la première fois qu'à une élection locale le Front National se montre capable de présenter près de 4000 candidats couvrant pratiquement toute la France. Il montre qu'il étend son influence jusque dans le cœur des masses françaises, avec de plus un grand nombre de jeunes de 20 à 30 ans se présentant pour lui.

Le Front National progresse pratiquement partout où il s'est présenté avec des scores très importants dans les cantons ouvriers du nord, de l'est et de l'ouest de la France, en emportant même de nombreux dès le premier tour (c'est-à-dire faisant plus de 50 % des voix).

Dans les départements du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, par exemple, le Front National arrive en tête presque partout, avec très souvent des scores autour de 40 %.

Plus on est dans les zones périphériques où se massent la classe ouvrière et les couches sociales moyennes, plus le Front National est fort. Mais même dans les grandes villes comme Arras, Béthune, Lens, Amiens, Dunkerque, Calais, il arrive en tête et même dans une grande ville étudiante comme Lille, le Front National arrive partout au-dessus de 20 %, voire 30 % par endroit.

C'est la même configuration dans l'est de la France où le Front National arrive en tête dans la plupart circonscriptions du Doubs, de Haute-Marne, de Moselle, etc.

Le Front National progresse aussi dans les zones populaires où il était jusqu'ici moins fort comme par exemple dans l'Ouest où il arrive au second tour à Saint-Nazaire par exemple ou encore dans l'Eure où il est en tête dans un grand nombre de cantons. Il arrive aussi en tête dans de nombreuses circonscriptions du Tarn-et-Garonne, dans le Lot, en Ardèche, de Charente-Maritime…

On le voit, la vague est donc forte. Elle est la poursuite de la progression entamée depuis plusieurs années et particulièrement depuis l'arrivée de Marine Le Pen à sa tête. Le fascisme est porté par la crise du capitalisme qui continue de s'étendre jour après jour. Mais la vague est moins forte qu'attendu par le Front National, qui pensait arriver en tête et emporter encore plus de cantons au premier tour. Et cela c'est la conséquence du timide réveil démocratique des masses françaises à la suite des attentats du mois de janvier 2015.

Car les masses savent ce qui se déroule sous les yeux. Même les secteurs happés par le fascisme ont conscience des faits, considérant qu'ils n'ont pas le « choix » en raison de la crise.

C'est une sorte de suicide social en tout conscience, et c'est typique du fascisme. Voilà la raison pourquoi l'antifascisme consiste en la défense de la culture, de l'héritage national authentique c'est-à-dire relevant de l'esprit démocratique, de l'éducation dans une perspective humaniste, de la célébration de l'universalisme revendiqué par les Lumières.

Tout cela demande, inévitablement, une remise en cause complète des valeurs dominantes, et le remplacement de l’État corrompu et bureaucratique de plus en plus au service unilatéral de la haute bourgeoisie et des monopoles par un Etat authentiquement démocratique, avec la classe ouvrière en son centre.