Le bal de Sceaux (1830)
Ce qui caractérise une classe décadente, c'est notamment qu'elle préfère la forme au contenu. Les apparences deviennent ce qui est primordial ; quant au concret, quant à la réalité, quant aux faits, tout cela disparaît dans les limbes.
Le bal de Sceaux est ici un ouvrage admirable de la part d'Honoré de Balzac, car malgré sa sympathie pour l'aristocratie et son haut niveau de culture, il voit qu'elle ne tient plus la route en tant que classe sociale. « Si ce n'est là le gentilhomme parfait, montre-moi un bourgeois qui sache tout cela » reproche un vieux comte à une jeune femme. Mais celle-ci ne s'intéresse plus au contenu, et elle trouve facilement qu'une personne, même aimée, n'est pas assez bien pour elle.
On a là une perspective qu'on pourrait rapprocher d'aujourd'hui : combien d'histoires d'amour sont coulées par la prétention carriériste d'homme et de femmes qui, tels des joueurs de cartes, attendent le prochain tour pour disposer d'un meilleur jeu ? Sauf que les cartes sont des êtres humains, et que les sentiments ne se dirigent pas comme une entreprise.
Le formalisme a toujours tort.