A propos des pics de pollution atmosphérique
Submitted by Anonyme (non vérifié)La semaine dernière, la France a connu des pics de pollution particulièrement importants, surtout dans la région parisienne et le nord où le nuage de pollution pouvait être vu à l'œil nu.
La pollution atmosphérique ne date pas d'aujourd'hui. Elle est organiquement liée au développement du mode de production capitaliste. La première source moderne de la pollution de l'air (et l'une des plus nocives pour les personnes) est la combustion du charbon, qui s'est développée avec l'industrie au XIXe siècle.
Aujourd'hui, la pollution de l'air est aussi causée par le transport routier, le chauffage des logements, l'agro-industrie ou encore la combustion du bois.
Il ne faut pas confondre la pollution atmosphérique avec une l'autre problème tout aussi important qui est la production de gaz à effet de serre. La pollution atmosphérique consiste en ce qui est nocif, toxique, pour la vie, ou du moins les formes de vie telles que les mammifères (car ce qui est polluant pour des animaux peut en fait favoriser le développement d'autres bactéries par exemple).
Il y a des milliers de types de molécules différentes causant des pollutions, et quand elles rentrent en synergie leurs effets peuvent se décupler, générant par exemple des composés acides toxiques.
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énerige, l'ADEME, organisme d'État, considère qu'il y a chaque année en France 11 millions de tonnes de polluants qui sont émis dans l'atmosphère. On y trouve des oxydes de soufre, des particules fines ou encore du monoxyde de carbone.
Officiellement, ces émissions sont en baisse. Il y a eu un certain nombre de mesures prises depuis les années 1990, essentiellement des normes pour limiter l'impact des sources de pollution (filtres à particules sur les véhicules diesel, nouveaux systèmes de combustion dans des usines, etc. )
En vérité, la qualité de l'air ne s'améliore pas et il suffit de conditions particulières comme la semaine dernière (absence de renouvellement de l'air due aux faibles vents et aux variations particulières de températures) pour que les choses s'emballent et que les seuils « acceptables » de pollutions soit dépassés. C'est ce qui s'est passé la semaine dernière à propos des particules fines PM10. En Île-de-France, elles proviennent à 70 % des véhicules diesel.
Leur taille extrêmement réduite les rend dangereuses, car elles pénètrent facilement les voies respiratoires des humains et des autres mammifères, causant des bronchites, de l'asthme, des cancers du poumon ou même des infarctus du myocarde.
En France, au dessus de 30 microgrammes par mètre cube (30 μg/m3) de particules PM10 (moyenne annuelle), l'air n'est plus considéré comme étant de bonne qualité.
Il y a ensuite un niveau « d'information et de recommandation » : au dessus de 50 μg/m3 en moyenne sur 24 heures.
Puis un niveau d'alerte, comme la semaine dernière : au dessus de 80 μg/m3
Il y a plusieurs choses à dire à propos de ces chiffres. D'abord que le seuil de « bonne qualité » est au-dessus de celui recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé (20 μg/m3). Ensuite, que les mesures sont faussées de par leur lieu de prise. En effet elles sont prises dans des « stations de fond », en fait des lieux éloignés des sources de pollutions comme les routes, et qui sont souvent installées dans des parcs. Et enfin, il faut voir que la France n'est même pas en mesure de respecter les normes fixées par l'Union Européenne en la matière, en 2011 la Commission Européenne a même lancé une procédure contre la ville de Paris pour non-respect des seuils de pollution de l'air.
C'est dire si la situation est catastrophique, tout le monde et obligé de le reconnaître, mais pour autant, elle ne s'arrange pas.
Quel en est la raison ? Tout simplement parce que le mode de production capitaliste est incompatible avec la lutte contre la pollution atmosphérique.
Actuellement, la situation est « gérée » en catastrophe, au jour le jour quand vraiment les choses deviennent trop affolantes (comme avec la circulation alternée ce lundi 16 mars à Paris). Mais il n'y a aucun plan, rien n'est véritablement prévu à long terme pour évoluer.
À côté de cela, il y a des autosatisfactions honteuses comme celle de la ville de Nantes qui se vante d'avoir été la capitale verte de l'Union Européenne en 2013 alors qu'en vérité, la pollution liée à la circulation routière y est la même qu'ailleurs.
La lutte contre la pollution de l'air nécessite une réorganisation en profondeur de l'organisation du territoire. Cela ne peut s'effectuer que dans le cadre de la compréhension et du dépassement de la contradiction ville-campagne.
Des plans à long terme sont nécessaires, sur 5 ans, 15 ans et 30 ans, pour modifier les infrastructures du pays et réorganiser les villes pour faire disparaître ce que l'on peut appeler « l'automobile individuelle » et résorber l'étalement urbain. Ces plans doivent s'appuyer sur des mesures d'urgence devant s'appliquer immédiatement.
La première mesure à prendre serait certainement l'interdiction immédiate et sans concession des véhicules diesels, principale cause des pollutions aux particules fines.
Cela n'est bien sûr possible que dans le cadre d'une mobilisation générale, démocratique et populaire, visant à prendre les problèmes à bras-le-corps et à transformer durablement et en profondeur la société.
Le développement du diesel exprime particulièrement bien que la bourgeoisie ne fait elle-même aussi que subir le mode de production, qu'elle n'est plus capable d'organiser le progrès. Il est le produit d'une volonté délibéré de l'industrie automobile en France, ainsi que du monopole Total à la tête des principales raffineries françaises. Ils ont développé cette « particularité » qu'est le diesel avec l'appui de l'État (le gazole est moins cher que l'essence, car il est moins taxé) et aujourd'hui personne n'est capable de remédier aux problèmes générés.
Quand le Parti Socialiste, au pouvoir en France, explique et montre, en plein pic de pollution aux particules fine, qu'il n'est pas capable de sortir le pays de l'hégémonie du diesel, quand il est expliqué qu'il faudrait au moins « une génération » pour remplacer le parc automobile diesel, c'est toute la faillite du mode de production capitaliste qui est exprimée.
La lutte contre la pollution atmosphérique exige donc aussi une véritable planification de la production industrielle, pour ne pas laisser la planète et ses habitants subir le chaos du capitalisme.
Les technologies sont prêtes, par exemple dans l'habitation, avec un climat tempéré comme celui de la France, en respectant de véritables normes environnementales par rapport à ce qui est possible aujourd'hui, les installations de chauffage sont quasiment inutiles (ou du moins guère plus d'une dizaine de jours par an).
Et les possibilités de développement technologique sont énormes en se libérant du capitalisme et des monopoles de l'énergie comme Total ou EDF qui n'ont aucun intérêt à ce que l'humanité se tourne directement vers le soleil pour puiser son énergie.
Les forces productives ne demandent qu'à être libérées pour produire encore et toujours plus efficacement, au service de l'épanouissement et du développement des individus trouvant leur place au sein de la biosphère et au milieu des autres animaux. Car c'est toute la biosphère qui est concernée par la pollution atmosphérique, autant sur terre que dans les airs et les océans.