Thierry Roland le cocardier, une composante de l'appareil à décerveler
Submitted by Anonyme (non vérifié)« Il était patriote, cocardier, chauvin... et c'est ce que les Français aimaient chez lui, parce que les Français sont comme cela » (Michel Drucker au sujet de Thierry Roland, à la mort de ce dernier, hier)
Thierry Roland, ce n'était pas que le commentateur de plus de 1300 matchs de football ou un membre actif des Grosses Têtes de Philippe Bouvard. Thierry Roland, c'est toute une idéologie, exactement comme les présentateurs de la météo à la TV après les informations.
C'est neutre, objectif, « froid » en apparence, une explication technique « sérieuse », avec derrière tout une mise en avant de la simplicité idiote et du « parler vrai. » C'est une usine à produire des beaufs, à décerveler les prolétaires au nom de la « simplicité. »
Ce n'est ainsi pas loin du syndicalisme (même « révolutionnaire ») et de ce que fait la social-démocratie avec les masses. C'est l'appel à être « réaliste », à ne pas dépasser les bornes tout en sachant être tonitruant par moments (mais uniquement comme dérapages contrôlés, à la Mélenchon).
A ce jeu là, c'est d'ailleurs Marine Le Pen qui est la plus efficace en ce moment.
En tout cas et surtout, Thierry Roland, c'est 60 ans de carrière comme contribution à cette machine de guerre anti-intelligence, avec un soutien populiste massif.
Quand en 1976, il insulte l'arbitre écossais du match France-Bulgarie - «M. Foote, vous êtes un salaud ! (…) Jamais vu un individu pareil. Il devrait être en prison, pas sur un terrain de football. » - il fait ce que tout beauf fait par rapport à l'arbitre. Il le refera, notamment en 1986 au sujet d'un arbitre roumain (« J'ai jamais vu un fumier pareil »).
Ses propos en 1998 ; lors de la victoire de la coupe du monde football par la France, sont un modèle de chauvinisme béat : « «Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille ! Enfin, le plus tard possible. Ah ! c'est superbe ! Quel pied ! Oh putain !»
Voilà ce qui enterre Montaigne, Rabelais, Cyrano de Bergerac, Diderot, Rousseau ! On avait avec Thierry Roland le degré zéro de l'humanisme/
Et là où c'est intéressant, c'est de voir que Thierry Roland avait une mère russe : on a encore un cas d'ultra-nationalisme par une personne « s'intégrant » par le nationalisme, une démarche typiquement française (d'Apollinaire à Jean-Pierre Foucault).
Il est intéressant de voir comment on a une situation où quelqu'un se veut « plus royaliste que le roi », comme en 2002 avec son : «Il n'y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu'un autre Coréen, surtout habillés en footballeurs, d'autant qu'ils mesurent tous 1,70 m, qu'ils sont tous bruns, à part le gardien.»
Il y avait également eu « Les Roumains sont des voleurs de poules ! » lors d'un France-Roumanie, « Pour les Marocains, le couscous est cuit ! » lors d'un Maroc-France...
Thierry Roland a également réussi à produire un incendie diplomatique, avec sa fameuse phrase de 1986, dont les médias n'ont pas parlé à l'annonce de sa mort hier : « Mais comment a-t-on pu confier l'arbitrage d'un quart de finale de Coupe du monde à un arbitre tunisien ? »
Mais il a contribué à la religion nationale française qu'est l'idéologie dominante et son chauvinisme, donc il a mérité de la nation ; tant le président que le premier ministre ont salué sa mémoire.
Voici par exemple ce que dit François Hollande :
Communiqué - Décès de M. Thierry Roland
C'est avec tristesse que j'apprends le décès de Thierry Roland.
Je tiens à saluer la mémoire de ce grand commentateur sportif, reconnu par tous, qui a consacré toute sa vie, avec passion et talent, au football français.
Je sais qu'il se réjouissait encore hier soir de la victoire de notre équipe de France, qu'il a suivie pendant 13 coupes du monde et accompagnée de sa voix forte pendant 50 ans.
Le monde du sport et du football perd l'un de ses plus populaires et ardents supporters.
Je tiens à m'associer à la douleur de sa famille et lui présente toutes mes condoléances.
Et, dans un même genre, en pire, voici le communiqué du Front National :
Communiqué de Presse d’Eric Domard, Membre du Bureau Politique du Front National
Le Front National salue la mémoire de Thierry Roland, monument du journalisme sportif qui s’est éteint à l’âge de 74 ans.
Journaliste de talent aux réparties célèbres qui a fait vibrer des millions de téléspectateurs français lors de 13 Coupes du monde et 9 Championnats d’Europe des Nations, Thierry Roland était aussi un esprit libre, patriote, qui n’hésitait pas à défendre des convictions bravant la pensée unique et le politiquement correct.
Nul n’oubliera sa prise de position courageuse pour le rétablissement de la peine de mort pour les assassins d’enfants et de policiers [dans une interview au quotidien nationaliste « Présent », en janvier 1997].
Cette voix de légende qui s’est éteinte aujourd’hui après plus de 50 ans d’une carrière riche en émotions manquera beaucoup à la France et aux amoureux du football.
Tout cela est révélateur de la décadence de la société française, purement franchouillarde, fermée aux idées nouvelles, totalement rétive à se remettre en cause, rêvant d'un terroir idyllique imaginaire.
Une décadence qui est au moins aussi vieille que Thierry Roland, Michel Drucker et Johnny Halliday !
Thierry Roland était, sans aucun doute possible, une composante de l'appareil idéologique dominant. Il a contribué à donner l'illusion que la vie c'était quelque chose de faussement simple, que le temps passait et que tout restait pareil, sans jamais changer, sans jamais pouvoir changer. Il a aidé à ancrer dans les masses la conception d'une société statique, que l'absence de mouvement signifiait protection, assurance de l'absence de danger.
Il a ainsi contribué à enfoncer les masses dans la naïveté, les laissant désarmées culturellement, prêtes, à la première crise venue, à tomber dans les bras de la réaction!