13 avr 2012

Le faux ordre bourgeois face à Merah

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La société capitaliste fonctionne tant que la bourgeoisie parvient à maintenir un certain ordre. Mais cet ordre est très précaire, à la moindre secousse il chancelle voir il risque d'exploser totalement.

Pour maintenir son ordre bourgeois, qui consiste en fait en le règne de la marchandise qui soumet tous les rapports sociaux, la bourgeoisie doit se présenter et apparaître comme une classe légitime, indispensable. Elle prétend donc incarner la civilisation.

Quand la barbarie produite par le monde capitaliste explose au nez de la société comme avec Mohamed Merah, la bourgeoisie est obligé de réagir pour maintenir l'ordre, pour empêcher le cadre d'exploser littéralement. Si elle ne nie pas l’événement comme parfois afin d'entretenir des intérêts particuliers, elle tente de se poser comme un rempart, un rempart civilisationnel face à la barbarie.

Pourtant, lorsque l'on cherche à comprendre les causes réelles et profondes de la barbarie, il apparaît non seulement que la bourgeoisie est incapable de maintenir un véritable ordre, mais qu'en plus c'est son existence même, en tant que classe qui opprime et exploite, qui est à l'origine du désordre - désordre qui produit lui-même la barbarie.

Plus elle cherche à maintenir son ordre bourgeois, plus elle créer en fait les conditions de l'apparition et de la généralisation du désordre.

Le phénomène de la délinquance est certainement une des pires expressions de cela. Avant toute chose, la délinquance est un rapport social, c'est un rapport social bourgeois produit par le mode de production capitaliste : il est patriarcal et individualiste, motivé par le désir d'accumulation privé (de pouvoir, de marchandise, etc.) 


La bourgeoisie est incapable d’empêcher la délinquance. Parfois, elle peut la faire reculer le plus loin possible quand par exemple en période d'accumulation impérialiste comme lors des « 30 glorieuses » en France elle dispose de nombreux moyens pour soumettre les masses.

Mais dès que la crise apparaît et se généralise, voilà que tout s’emballe. Alors la bourgeoisie entasse les « délinquants », essentiellement des hommes prolétaires, dans les prisons. Mais il n'y a pas pire école de la délinquance que la prison. La délinquance produit de la délinquance, la bourgeoisie ne peut rien pour l’empêcher, au contraire.

Par contre les masses savent bien – au moins intuitivement – que cela est une chaîne sans fin, que cela ne mène à rien. Elles cherchent alors des issues pour essayer de tracer un autre chemin, pour sortit de l'impasse qu'est la déliquance. C'est la raison pour laquelle l'islam se répand largement dans les prisons françaises, comme une tentative aliénée et réactionnaire d'échapper au désordre imposé par la vie dans la société capitaliste.

Et là on voit justement que de nombreux commentateurs bourgeois expliquent que Mohamed Merah aurait choisi de devenir djihadiste en prison. Cela est tout à fait logique. Bien qu'elle soit totalement incapable de comprendre les causes profondes des choses – elle ne peut pas se combattre elle-même - la bourgeoisie cherche malgré tout des explications à l'engagement djihadiste de Merah. Cela prend essentiellement deux formes :

⁃ soit celle du relativisme pro-salafisme, le cas de Alain Gresh du nouvel Obstervateur est absolument typique, mais on doit mettre sur le même plan ici Jean-Luc Mélenchon qui nie la question au point de n'avoir même pas abordé les massacres antisémite dans un meeting à Toulouse.

⁃ soit, certainement la plus courante dans la bourgeoisie actuellement, celle de la vision « occidentaliste » ou directement anti-arabe. On pense bien sur à Marine Le Pen qui nie la question de l'antisémitisme français dans son délire anti-arabe, mais il faut en fait lui associer tout un tas d'intellectuels bourgeois qui apparaissent comme progressistes, et qui apparaissent d'autant plus progressistes aujourd'hui qu'ils assument de critiquer l'antisémitisme des salafistes – ce que l’extrême gauche ne fait pas.

Leur critique en surface de l'antisémitisme est en fait un prétexte, un simple support à un vision pseudo « démocratique » totalement impérialiste. Le cas de Pascal Bruckner dans un billet sur le Huffington Post est ici typique : sous couvert d'un point de vue civilisationnel il est en fait en quelque sorte un « George Bush » de gauche.


D'autres essayent de composer entre les deux positions, c'est typiquement le cas de Nicolas Sarkozy qui a pendant longtemps promu l'UOIF, l'antenne des frères musulmans en France et qui doit maintenant reculer afin de prétendre représenter la civilisation, tellement leur antisémitisme barbare est apparu au grand jour depuis Merah. Dans tout les cas ce sont des visions impérialistes, qui visent à trouver un moyen de garantir l'existence des capitaux français dans le monde et à préserver l'unité nationale en France, c'est à dire préserver les intérêts de la bourgeoisie française (et donc ne jamais la remettre en cause).

Mais surtout, ce sont toujours des visions réactionnaires, qui entretiennent le désordre. La bourgeoisie, particulièrement la bourgeoisie française, réussit encore globalement à maintenir l'ordre car elle parvient à peut près à garder les masses populaire dans l'ignorance tout en se gardant le privilège de la culture et de l'éducation de qualité.

Mais cela est contradictoire, la bourgeoisie sombre de plus en plus dans la décadence et le baroque tandis que le niveau culturel des masses ne cesse – tendanciellement – d'augmenter, de s'affiner. En fait, de plus en plus, la bourgeoisie réussit à maintenir son ordre seulement par la répression (police, école, chômage, administration, etc.), par le fait qu'elle réussit à contraindre les masses qu'il est encore préférable de se soumettre au monde tel qu'il est.

L'islamisme salafistes est donc très utile pour la bourgeoisie, car il lui permet encore un peu d'incarner la civilisation par opposition (et inversement, il permet d'orienter les masses vers un faux mode de vie anti-décadence bourgeoise). Mais en même temps cela est précaire, car les actes de Mohamed Merah obligent la bourgeoisie à défendre une position, à exprimer ses points de vue et donc à développer son idéologie réactionnaire.

Et c'est là que son jeu prétendument civilisationnel sonne de plus en plus comme une fausse note sur un vieux piano que l'on ne peut plus accorder. Depuis les massacres de Toulouse, il apparaît clairement que seul le matérialisme dialectique permet une compréhension véritable de la réalité, un point de vue authentiquement progressiste qui ne tombe dans aucun travers bourgeois (relativisme antisémite ou propagande anti-arabe).

Le matérialisme dialectique tel qu'il est compris par le PCMLM aujourd'hui en France permet un saut qualitatif par rapport aux contradictions et aux limites de la pensée bourgeoise. Il permet d'établir une véritable synthèse de la réalité, précisément de la réalité de la société française aujourd'hui, en en saisissant les principales contradictions.

En cela, c'est une pensée qui représente un ordre, au contraire de l'anarchie et du désordre qui s’installe dans la société bourgeoise en putréfaction. C'est sur la base de cette pensée, authentiquement populaire et révolutionnaire, que pourra naître un État socialiste en France.

Car pour qu'il est un nouvel État, un nouvel « ordre » en fait, il faut une légitimité.

Elle est garantie par la confiance des masses. Les masses auront d'autant plus confiance dans le matérialisme dialectique des communistes que cela permettra de saisir pleinement la réalité afin de résoudre efficacement les contradictions, et donc garantir un ordre, une harmonie.

Les masses populaires exigent l'ordre et la sécurité, c'est pour cela que la bourgeoisie parvient encore à se maintenir. Mais c'est aussi pour cette raison que son règne va bientôt, violemement, prendre fin !

C'est pour cela aussi que Voie Lactée existe avec ses différents ministères : c'est un poste avancée de la civilisation dans l'enfer et le désordre de la société bourgeoise !

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