Les réactions à propos du massacre antisémite de Toulouse prouvent à nouveau une chose essentielle : le fascisme est un mouvement, qui profite d'une grande dynamique interne.

Cela est très clair quand on voit aujourd'hui Marine Le Pen profiter de ces réactions, se renforcer en se posant comme une alternative civilisationnelle face à la barbarie représentée par Mohamed Merah. Alors même qu'elle représente elle aussi la négation de la civilisation.

Un exemple très parlant est la façon dont Marine Le Pen prétend avoir pût empêcher la chaîne de télévision Al Jazeera de diffuser les vidéos des massacres.

Elle prétend en effet:

« Je remarque qu'Al-Jazira a renoncé à cette diffusion d'ailleurs quelques minutes après que j'ai annoncé une manifestation devant son siège parisien. Je regrette qu'il ait fallu une forte dissuasion de l'ensemble de la classe politique. »

Elle a également profité de l’occasion, en toute logique fasciste, pour dénoncer cette chaîne comme étant quatari et ainsi critiquer les « investissements qataris » en France. D'un point point de vue précisément impérialiste français elle a déclaré :

« Je demande donc que toutes nos relations avec le Qatar soient revues, que tous les investissements du Qatar en France soient examinés en fonction de notre sécurité nationale. »

La critique des investissements quataris en France est un classique du mouvement fasciste ces derniers temps. Par exemple samedi 24 mars dernier, les « identitaires » parisiens organisaient un rassemblement pour « dénoncer l’invasion financière de la France par le Qatar ».

Cela est logique de leur point de vue, les fascistes veulent du capitalisme, mais du capitalisme français. Et là, les investissements quatari et la chaîne de télévision Al Jazeera représente un capitalisme concurrent.

En agissant tel qu'il l'a fait, Mohamed Merah pensait s'en prendre au capitalisme, et précisément à l'impérialisme français. Mais, cela est évident, il renforce en fait l'impérialisme français, qui profite de la situation.

Pour les fascistes anti-arabes, les actes de Merah représentent le capitalisme. C'est à dire selon leur vision anti-scientifique, une force étrangère qui agresse le corps national supposé être originellement pur, et donc « social » (voire socialiste). Mais cette vision sert l'impérialisme qui s'appuie sur la nation pour exister, et sur cette incompréhension de ce qu'est le capitalisme pour se développer.

Et inversement, la focalisation des fascistes anti-arabes sur le Quatar, et ici sur Al Jazeera, contribue à donner à l'islam une identité révolutionnaire, anti-système, voir anti-capitaliste. A l'islam, car Al Jazeera et le Quatar, se développent justement par rapport à l'islam, en prétendant unifier une prétendue communauté musulmane qui aurai des intérêts par dessus les réalités nationales des pays dans lesquelles vivent des musulmans. C'est le sens par exemple du « plan banlieue » que voulait mettre en place le Quatar en France.

On le voit, quelle que soit la façon dont on envisage la situation, si l'on ne se place pas d'un point de vue anti-capitaliste authentique on est pris au piège. Au piège terrible du faux anticapitalisme de type romantique qu'est le fascisme. Le fascisme se renforce du fascisme, et génère le fascisme.

Car ni le capitalisme musulman d'Al Jazeera ou du Quatar, ni le capitalisme franco-français des fascistes anti-arabes ne représentent une solution à la crise pour les masses populaires. Bien au contraire.

Les actes de Mohamed Merah servent la bourgeoisie impérialiste française, car il lui donne une légitimité « anti-terroriste », voir civilisationnelle. De la même manière, la critique fasciste de Merah et du Quatar sert au renforcement de l'impérialisme français.

Aujourd'hui, une partie de la bourgeoisie a encore intérêt à faire des affaires avec les riches investisseurs quataris et profitent de leurs investissement en France (PSG, LVMH, Lagardère, Vivendi, etc.) Mais dans le même temps, les franges impérialistes de la bourgeoisie française refusent cette pénétration de capital étranger en France et veulent au contraire renforcer la présence des capitaux français à l'étranger.

Un exemple précis de cela sont les tensions dont nous avions parlé autour du groupe monopoliste Areva : les uns critiquent les importants investissements qu'à fait le groupe, les autres dénoncent la vente des mines d'uranium... aux quataris.

Avec la crise, la bourgeoisie impérialiste veut reprendre la main. Elle se renforce de toutes les critiques qui ne sont pas pures, qui ne sont pas scientifique. Seule le matérialisme dialectique permet de saisir le mouvement réel de la matière, seul la science marxiste-léniniste-maoïste peut produire une analyse critique et révolutionnaire du capitalisme.

Aujourd'hui tout autre pensée est condamnée, d'une manière ou d'une autre, à servir la bourgeoisie.