Un appel à la solidarité a été lancé hier, en raison de la terrible pression à laquelle doivent faire face deux jeunes antifascistes.

Voici le communiqué très parlant :

Deux jeunes antifascistes limougeauds sont poursuivis pour des « violences » contre un individu (qui s’avère par la suite être un policier qui n’était pas en service) qui arborait le jour de « l’altercation » un tee-shirt avec des symboles nazis : la « wolfangel » (le crochet des loups présent sur les uniformes des SS et de la Das Reich qui a perpétré le massacre d’Oradour) et la « totenkopf » (tête de mort emblème des gardes des camps de concentration et d’extermination de Dachau, Buchenwald, Mauthausen et Oranienbourg).

 

De nombreux dysfonctionnements ont été relevés dans la procédure qui a été lancée à leur encontre à la suite de ce que la police nationale qualifie de « violences » : déploiement disproportionné de policiers et de moyens logistiques pour les interpeller, pression pendant la garde-à-vue...

 

Ces deux jeunes militants ont besoin de vous et de votre soutien par votre présence au tribunal de grande instance de Limoges (palais de justice – place d’Aine) le jour de l’audience (jeudi 12 juillet à 10h30) en votre nom et/ou en tant que représentant d’une association ou organisation, et par tout moyen public qui affichera votre appui à l’antifascisme et l’antiracisme, notamment un communiqué émanant de votre organisation / association. »

 

Pour qu'une personne s'affiche en t-shirt avec la wolfsangel et une totenkopf, c'est qu'elle est ouvertement national-socialiste.

 

La wolfsangel n'est pas seulement un symbole SS, cela va bien au-delà (voir l'explication plus bas). C'est un symbole très prisé des nazis ces dernières années, parce qu'il représente une sorte de croix gammée plus discrète tout en étant un grand « classique » nazi, mais aussi parce qu'elle est le symbole de la « werwolf », la pseudo résistance nazie d'après la défaite de 1945.

 

Assumer la wolfsangel, c'est être un national-socialiste militant, dans une ligne armée en faveur du terrorisme (le principe du « loup solitaire »).

 

Le policier en question était donc un national-socialiste ; au sens strict, si le juge condamne les jeunes pour l'avoir agressé, alors le dit policier reconnaît avoir porté de tels symboles et par conséquent devrait automatiquement être jugé et condamné lui-même !

 

Bien évidemment, ce ne sera sans doute pas la ligne du juge, à moins bien entendu qu'une vaste pression populaire existe.

 

D'où, sans nul doute, l'intense pression policière autour de cette affaire : la police veut faire « vite et bien », condamner les deux jeunes et écraser l'histoire au plus vite, afin que rien de politique ne puisse sortir.

 

Ce genre d'affaires ne doit rien au hasard et le juge ne décide pas « seul » : c'est ce qui se passe derrière qui compte, exactement comme dans l'affaire des 6 mois ferme pour des graffitis nazis dont nous parlions hier.

 

Surtout qu'ici cela en dit long sur les affinités policières pour l'extrême-droite. A Lille, cela est très connu, mais cela évidemment vrai partout. La police, c'est l'ordre dans un esprit traditionnel, ce sont des hommes ensemble sur une base de hiérarchie, c'est une démarche prenant le peuple de haut.

 

Inévitablement il existe un conservatisme extrêmement pesant, une vision du monde rétrograde. Voire, et c'est là où c'est encore plus parlant, un engrenage aboutissant à une idéologie militariste digne des pires voyous que la police est censée pourchasser.

 

La police n'échappe au pourrissement de la société. Elle a beau jeu de dire que les voyous, « ce n'est plus ce que c'était » : c'est pareil chez elle. Même un policier un tant soit peu « républicain » sait quel point les policiers de la BAC sont considérés par la population comme de véritables cow-boys, dont il faut se méfier et qu'il vaut mieux éviter.

 

La police, censée appliquer le droit, prend des libertés avec, on se rappelle de ces incroyables rassemblements policiers de protestation auxquels on a assisté ces derniers mois. La police revendique même le fait que la loi soit mal faite, pas applicable en tant que tel, qu'il faut donc être pragmatique, etc.

 

La police n'est pas « exemplaire », elle ne peut pas l'être car elle est un bras armé du Capital et qu'elle pourrit avec la société capitaliste elle-même.

 

Ce qui se joue à Limoges est donc d'une extrême-importance. Et c'est un écho de la répression récente à Hénin-Beaumont, dont Marine Le Pen aimerait faire son bastion. Dans un cas comme dans l'autre, la victoire ou la défaite antifasciste sera lourde de conséquence culturelle et physique, dans le rapport de force, car l'extrême-droite pourrait encore plus avoir les coudées franches.

 

Pour finir, et parce que culturellement c'est important, il faut noter le caractère erroné historiquement de certaines affirmations de l'appel. Il ne s'agit pas de remettre en cause l'appel, bien entendu, mais les erreurs historiques sont lourdes de conséquence, surtout en France où le négationnisme est très puissant.

 

Et c'est également très important car la « wolfsangel » que la « totenkopf » sont des symboles allant encore plus loin que ce qui est dit dans l'appel.

 

Il est parlé, en effet, de :

 

« la « wolfangel » (le crochet des loups présent sur les uniformes des SS et de la Das Reich qui a perpétré le massacre d’Oradour) et la « totenkopf » (tête de mort emblème des gardes des camps de concentration et d’extermination de Dachau, Buchenwald, Mauthausen et Oranienbourg). »

 

Or, Dachau, Buchenwald, Mauthausen et Oranienbourg n'ont pas été des camps d'extermination, mais des camps de concentration.

 

Ces camps de concentration – KZ – ont été des camps d'exploitation forcée, de tortures et de meurtres, d'expérimentations pseudos « médicales », mais ils n'ont pas été des camps d'extermination.

 

Le KZ de Dachau, ouvert en le 31 mars 1933 et qui a fonctionné pendant douze ans, était un camp de concentration, le premier à accueillir les opposants, dès la prise du pouvoir par les nazis.

 

Le KZ Buchenwald a existé de 1937 à 1945 et était l'un des plus grands camps de concentration.

 

Le KZ Mauthausen a été ouvert dans la foulée de l'anschluss, en 1938.

 

Le KZ Oranienburg n'a duré qu'une année, dans la foulée de la prise du pouvoir, avant d'être remplacé par le KZ Sachsenhausen situé non loin.

 

Mais cela ne « relativise » pas le symbole porté par le policier, au contraire même !

 

La « totenkopf », la tête de mort, n'est pas que le symbole des unités SS des camps de concentration et d'extermination, bien que celles-ci aient le terme « totenkopf » dans leur nom et ce symbole comme « logo. »

 

La tête de mort « totenkopf » est un des symboles de la SS en général ; une bague à tête de mort était l'un des plus grands « cadeaux » que pouvait faire le chef des SS, Himmler, à un SS.

 

Assumer la totenkopf, ce n'est pas porter l'emblème des gardes des camps de concentration (et d’extermination), mais de la SS en général !

 

Quant à la wolfsangel (et non « wolfangel »), elle n'a pas été porté que par certaines divisions SS, c'est un symbole bien plus important encore, c'est dire !

 

Le symbole désigne un crochet à loups et est utilisé depuis le Moyen-Âge en Allemagne. Devenu un symbole national-socialiste en général, il est totalement interdit de le mettre en avant en Allemagne (même pas théoriquement dans un article antifasciste pour le montrer et expliquer ce que c'est).

 

Un roman allemand de 1910, intitulé « wehrwolf » (le loup de défense), décrit un paysan allemand résistant lors de guerre de 30 ans (1618–1648) et l'oeuvre est devenue un « classique » nazi.

 

Le symbole de la « wolfsangel » a été utilisé en Allemagne nazie par :

 

* la seconde division SS Das Reich

* la 4ème division SS Polizei Panzergrenadier

* la 34ème division SS de grenadiers volontaires Landstorm Nederland

* la 60ème division Panzergrenadier « Feldherrnhalle » et l'unité d'assaut « Feldherrnhalle » Wachstandart Kampfrunen (toutes deux issues de la SA)

* la Jeunesse Hitlérienne

* l'organisation d'aide sociale « Bien-être populaire national-socialiste »

* la Werwolf (loup-garou), comme dit plus haut la « résistance » armée terroriste nazie après 1945.

Porter la wolfsangel, c'est assumer tout cela, et particulièrement le terrorisme nazi d'après 1945.

Voilà ce qu'a assumé un policier, censé représenter la « justice républicaine » - mais ce sont deux jeunes antifascistes qui doivent subir les pressions de l'Etat !