21 avr 2013

Holger Meins: Sur la nutrition forcée (1974)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Cinq à six flics, deux, trois infirmiers, un médecin.

Les flics me poussent, me traînent sur une chaise d'opération, c'est une table d'opération avec toutes les chicanes, en fait inclinable, pouvant être tournée dans tous les sens, etc.

Repliable en position de fauteuil accoudoirs, accesssoires pour les pieds, la tête.

Ligoté : deux paires de menottes aux pieds, une courroie de 30 cm de large autour de la taille, au bras gauche deux morceaux de cuir avec quatre courroies allant du poignet au coude, au bras droit deux lanières au niveau du poignet et du coude. Une lanière autour de la poitrine.

Derrière moi un flic ou un infirmier qui maintient ma tête des deux mains au niveau du front et la pressent violemment contre la table.

En cas de résistance active au niveau de la tête, deux autres flics, l'un du côté gauche, l'autre du côté droit, tiennent les cheveux, la barbe et le cou.

De cette façon tout le corps est maintenu fixe, si cela est nécessaire un autre maintiendra les genoux ou les épaules.

Le seul mouvement possible n'est que musculaire et se situe à l'intérieur du corps.

Cette semaine ils ont serré les lanières très fortement, le sang s'accumulait dans les mains qui devenaient bleuâtres.

La nutrition forcée.

C'est un tuyau rouge, pas une sonde, qui est utilisé, pour être introduit dans l'estomac.

De la grosseur d'un doigt; dans mon cas, au niveau des articulations il est graissé.

Cela ne va pas sans convulsions étouffantes du tube digestif car le tuyau ne fait qu'un ou deux millimètres de moins que le tube digestif.

Pour éviter cela il faut faire le mouvement d'avaler et rester tout à fait tranquille.

La moindre irritation provoque au moment de l'introduction du tuyau un réflexe de vomissement puis des crispations musculaires de la poitrine et de l'estomac, ces convulsions se prolongent en réaction en chaîne et se propagent violemment et intensément à l'ensemble du corps.

Celui-ci se cabre contre ce tuyau. Cela est d'autant plus pénible que cela dure et est violent.

Le tout n'est que torture : des vomissements qu'accompagnent des vagues de crispations.

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