L'économiste Eugen Varga et l'I.C. - 22e partie : l'incompréhension de la ligne-spirale du développement capitaliste
Submitted by Anonyme (non vérifié)Là où Karl Marx est dialectique, Eugen Varga est mécanique. Il ne comprend pas le mouvement contradictoire du capital, en « ligne-spirale » comme le dit Karl Marx.
Il existe un rapport tourmenté entre ce capital ancien et ce capital nouveau. Ils sont en concurrence, pas nécessairement dans mêmes domaines pour autant de par les changements techniques, les modes, etc. Leur approche est aussi très différente. Le premier, de par sa dynamique déjà en cours, licencie pour tenter de grappiller du profit, alors qu'en réalité il supprime la source de la plus-value. Le second, lui en plein élan, embauche.
Selon les situations, il y a plus ou moins la possibilité pour le capital de trouver des débouchés. Cela provoque des complications dans le mouvement du capital, mais cela lui est propre, cela ne dépend pas de la question du nombre de la population ouvrière. Karl Marx explique que :
« Le mouvement d'expansion et de contraction du capital en voie d'accumulation produit donc alternativement l'insuffisance ou la surabondance relatives du travail offert, mais ce n'est ni un décroissement absolu ou proportionnel du chiffre de la population ouvrière qui rend le capital surabondant dans le premier cas, ni un accroissement absolu ou proportionnel du chiffre de la population ouvrière qui rend le capital insuffisant dans l'autre. »
En clair s'il y a trop de capital ou pas assez, ce n'est pas en rapport avec la taille croissante ou décroissante de la population ouvrière.
C'est en effet le capital qui forme la population ouvrière, qui en décide du rythme de croissance. Et justement ce qu'on appelle les chômeurs est un espace de « déchet » de cette croissance, dans la mesure où il s'agit du fruit des licenciements faits par le capital déjà lancé, mais aussi inversement (et dialectiquement) du vecteur de l'abaissement des conditions de vie de la population s'ajoutant à la population du prolétariat.
Ceux qui viennent au prolétariat sont mis sous pression par l'existence de gens au chômage, et le chômage augmente parallèlement à l'accroissement de la population allant au prolétariat. Karl Marx formule cela de la manière suivante :
« L'armée industrielle de réserve est d'autant plus nombreuse que la richesse sociale, le capital en fonction, l'étendue et l'énergie de son accroissement, donc aussi la masse absolue du prolétariat et la force productive de son travail, sont plus considérables.
Les mêmes causes qui développent la force expansive du capital développent la force de travail disponible.
La grandeur relative de l'armée industrielle de réserve s'accroît donc en même temps que les ressorts de la richesse.
Mais plus cette armée de réserve grossit, comparativement à l'armée active du travail, plus grossit la surpopulation consolidée, excédent de population, dont la misère est inversement proportionnelle aux tourments de son travail. »
En constatant que l'armée de réserve s'élevait, Eugen Varga aurait dû chercher à voir sous quelle forme l'accumulation du capital se développait tout de même, comment il utilisait davantage de prolétaires ou comment il allait le faire.
Il ne disposait pas de la clef pour cela : une juste saisie de la nature des moyens de production.