27 sep 2007

La thèse impérialiste de la "nation prolétaire" française victime de la "globalisation" et la Chine

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il se développe aujourd'hui un phénomène extrêmement important auquel tout antifasciste doit accorder une très grande attention: la mise en avant du thème de la "nation prolétaire".

C'est un phénomène nouveau et très important car il permet aux fascistes de mobiliser dans les couches populaires.

Aujourd'hui tout le monde a en effet entendu parler de thèmes comme la "mondialisation", la "globalisation", et les fascistes expliquent que la France est perdante dans ce processus, que toutes les classes sociales doivent se serrer les coudes, s'unir, pour ne former qu'un seul bloc face aux autres.

Le terme de "nation prolétaire" lui-même a été remis en avant et pas par n'importe qui: par Eric Izraelewic, rédacteur en chef du quotidien Le Monde de 1996 à 2000 et désormais du quotidien économique les Echos.

Erik Izraelewicz explique que la France est une "nation prolétaire" devenue dépendante de la finance nord-américaine, que les USA représentent le "marché-roi" alors que l'Europe correspond à "l'économie sociale de marché", que les simples citoyens nord-américains se sont enrichis et disposent d'un capital qu'ils investissent en "fonds de pension" pour contrôler le monde.

Il va de soi qu'Erik Izraelewicz est l'un des plus fervents théoriciens de la thèse comme quoi "la Chine change le monde" et il est intéressant à ce titre de voir que si en Inde les Naxalites voient bien la Chine comme un appendice bureaucratique de l'impérialisme, un Etat-prison au service des multinationales, en France et cela même à l'extrême-gauche on reprend les thèses fantasmagoriques sur la Chine comme monstre allant engloutir la France.

Cela, alors que l'Etat fasciste chinois est totalement sous-développé à part sur les côtes, et que ces côtes ont une production consistant en de la pure sous-traitance pour des entreprises des USA ou d'Europe occidentale!

Les chiffres l'attestent d'ailleurs clairement; l'"investissement direct étranger" en Chine est passé de 916 millions de dollars par an en 1983 à 3 487 millions en 1990, et en 2002.... 53 milliards!

Mais il y a le fantasme de la "nation prolétaire", dont l'une des preuves politiques se retrouve dans le fait que l'extrême-gauche en France ne sait pas comment définir la Chine, montrant par là qu'elle suit largement les thèses bourgeoises sur la Chine de Mao Zedong comme "fasciste".

En effet, si la Chine était fasciste hier, à l'époque de Mao Zedong, et qu'elle a depuis totalement changé, elle n'est logiquement plus fasciste.

Voilà pourquoi, par anticommunisme primaire, secondaire et tertiaire, l'extrême-gauche en France n'est même pas capable d'appeler un chat un chat et d'affirmer haut et fort que la Chine est aujourd'hui un Etat fasciste!

Cela aboutit à des positions qui ne tiennent en rien debout, comme l'appel de la manifestation du 29 septembre 2007 devant l'ambassade de Chine à Paris, pour protester contre la tenue des Jeux Olympiques à Pékin, qui affirme:

"le Parti-État chinois, qui liquida dans le sang ses opposants lors des événements de Tien An Men en 1989, continue de bafouer les droits démocratiques élémentaires, multiplie les camps de concentration ("rééducation", "travail") et développe une géopolitique d'agressions."

Pourtant, le mot fascisme n'apparaît jamais dans cet appel. Il y est également parlé de de "génocide", de "tyrannie", mais jamais de fascisme - voilà une belle preuve d'incohérence!

Et les anarchistes soutiennent cette fumisterie, cet appel qui proteste contre la "géopolitique chinoise", alors que le concept de "géopolitique" est un concept inventé par les fascistes au début du 20ème siècle, et qu'il n'y a même pas de critique de son propre impérialisme !

Voilà l'opportunisme des anarcho-syndicalistes et des anarchistes qui se retrouvent à défendre un appel avec... le fameux Robert Redeker, et toute une flopée de professeurs des grandes écoles (Collège International de Philosophie, Ecole Normale Supérieure, Paris 8, Paris 10, CNRS, Lyon 2, Metz, Bruxelles, etc.).

Mais ce qui est le plus grave, c'est que cette attitude fantasmant sur la Chine est parallèle à l'énorme propagande de l'extrême-droite sur le thème de la France comme "nation prolétaire".

Dans sa revue L'héritage, le Renouveau Français, qui est l'une des principales organisations d'extrême-droite, explique dans l'article "La fin d'un monde" que :

"nous allons dans le mur car le capitalisme mondialiste et sauvage engendre une situation impossible pour les populations européennes, face à la concurrence des pays non-européens (et notamment asiatiques).
Dans la nouvelle économie, priorité est donnée aux revenus des actionnaires, au détriment des revenus des travailleurs qui subissent de plein fouet les effets des réductions de personnels et des délocalisations.
Pour faire face à cette situation et pour conserver leur travail, ou bien trouver ou retrouver du travail, les travailleurs français devront faire des sacrifices car, par la force des choses, - demain - la préoccupation essentielle ne sera plus dans les loisirs mais dans le fait de gagner sa vie.
Il leur faudra, du moins pendant un temps, accepter le principe d'un changement d'entreprise, d'un changement de situation, et donc le principe d'une formation permanente subventionnée par les différentes branches professionnelles."

Comme on le voit, la thèse du corporatisme s'appuie sur une véritable évaluation du futur proche.

Les fascistes saisissent les opportunités, comme le "Mouvement Social et Patriotique" à l'occasion début septembre de la privatisation de Gaz de France :

"La Nation se doit de protéger ses entreprises face à la rapacité extérieure. Elle doit assurer l'approvisionnement et la transformation des matières premières, pilier de la souveraineté. Elle doit plus que tout en permettre l'accès à l'ensemble de ses citoyens, quelque soient leur conditions.
Ses réalités se soutiennent mutuellement et nous ne pouvons en faire l'économie d'une seule. Plus que jamais il est urgent de résister à la politique libérale de démantèlement imposée par l'idéologie mondialiste."

Cette tendance est générale dans toute l'Europe, où les fascistes expliquent que la nation est le seul rempart contre la "globalisation" et le "mondialisme", reprenant les thèmes de la "nation prolétaire" du fascisme italien, du "peuple sans espace" de l'Allemagne nazie, de la "destinée manifeste" des colons répandant la "civilisation" en Amérique, ou encore de la vocation civilisatrice de l'"Intelligence française".

Le thème de la "nation prolétaire" est également celui des fascistes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, comme hier Kémal en Turquie, Peron en Argentine, Nasser en Egypte... et aujourd'hui Chavez au Venezuéla.

Si l'on veut lutter contre le fascisme, contre les thèses fascistes affirmant que la nation est le dernier refuge de la lutte contre la "globalisation", il faut défendre les thèses affirmant que l'histoire est l'histoire de la lutte des classes, que seul le peuple fait l'histoire, que l'Etat bourgeois doit être anéanti par la guerre populaire.

Sans cela, on est happé par ceux qui font de la "globalisation" la question centrale de notre époque, en lieu en place de l'impérialisme, stade suprême du capitalisme.

Pour le PCMLM, septembre 2007. 

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