30 juin 2011

Grèce : si on commençait par faire payer les popes...

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Par 155 voix pour, 138 voix contre, et cinq abstentions, le parlement grec a avalisé les mesures d'austérité décidées pour sauver l’État grec de la faillite.

Corrompu et bureaucratique, portée par une bourgeoisie faible, l’État grec a dilapidé une masse d'argent dont il ne disposait pas, trafiquant les comptes.

L'Union européenne prête donc de l'argent pour rembourser les créanciers privés, les banques, mais à un prix... Celui d'exiger des masses le remboursement.

Ce qui va nécessairement arriver. La seule solution différente passerait par la destruction de l’État bourgeois grec et son remplacement par un État socialiste.

Une partie des masses de Grèce est prête à l'affrontement, comme en témoignent la grève générale de deux jours et les nombreux affrontements. Mais aucune révolution n'est en vue. Au mieux, une vague de révolte aura lieu, comme dans les pays arabes, mais une révolution ? Non, pas une révolution.

Une révolution nécessite une avant-garde forte, avec un très haut niveau idéologique. Rien de cela en Grèce. D'où la présence persistante et importante de drapeaux grecs, preuve d'un nationalisme plus que tenace dans ce pays.

L'idéologie romantique anticapitaliste montre ici sa force, son danger. Le plan de l’État voté hier, appelé "Cadre à moyen terme de stratégie budgétaire", organisé par l'Union Européenne et le FMI, prévoit 28,4 milliards d'euros d'économie dans les dépenses, et des recettes venant de privatisations, à hauteur de 50 milliards d'euros.

Il est donc facile, dans un raisonnement non scientifique, d'attribuer à la mesure un caractère « étranger. » Même l'organisation de guérilla « Lutte révolutionnaire » considère la Grèce comme victime du capitalisme « international » :

« À la recherche des principaux coupables de la crise majeure actuelle, nous ne pouvons pas, par principe, ne pas nous tourner en premier vers l’élite financière, ses grandes entreprises multi-nationales ainsi que les organisations bancaires internationales . »

Cela est totalement romantique. Le marxisme-léninisme-maoïsme explique que la contradiction est interne.

Ainsi, lors de l'occupation de l'Algérie par la France, l'ennemi était la bourgeoisie française, mais la cible principale la domination féodale dans les campagnes, pilier réactionnaire permettant à l'Etat français de se maintenir en Algérie.

De la même manière, en Grèce, la possibilité actuelle de l'influence de la France et de l'Allemagne est permise parce que le capitalisme grec est organisé d'une certaine manière... Manière que les révolutionnaires en Grèce doivent comprendre et combattre.

Par exemple : le clergé de l’Église orthodoxe grecque est rémunérée par l’État. Ce sont plus de 30 millions d'euros que l’État donne chaque année à une Église richissime...

Elle dispose au moins de 3 milliards d'euros de biens, avec 130.000 hectares (forêts, pâturages, monts, vallées, plages...) qui en font le premier propriétaire foncier de Grèce !

Officiellement, elle ne gagne qu'un peu plus de 12 millions d'euros par an, imposable seulement depuis l'année dernière...

Est-il difficile de voir ici un élément de réponse évident à la crise ? N'est-il pas non plus évident de voir les limites du mouvement populaire, qui ne se saisit pas de cette question nationale du capitalisme grec, préférant poser la question en opposant la nation et le capitalisme international ?

Il y a ici une question de fond, une question d'économie politique. Exproprier les popes, les religieux grecs, n'est pas la solution à tous les problèmes, mais c'est un début forcé, tant politiquement que culturellement, économiquement qu'idéologiquement...

Et ce n'est donc pas « révolutionnaire » de s'imaginer qu'une ploutocratie contrôle la Grèce, qu'il faudrait simplement un « pouvoir populaire »... Bref de contorsionner la réalité pour nier la nécessité de la révolution socialiste, de la dictature du prolétariat.

La Grèce a une certaine réalité, sans analyse scientifique de fond, ce qui exige énormément de travail, impossible d'arriver à quoi que ce soit.

Le problème est donc simple : demain, les mouvements de masse, comme ils ne peuvent pas aboutir à quelque chose de tangible en raison de l'importance de la crise, aboutiront soit au gauchisme (de type anarchiste, très fort en Grèce), soit au nationalisme...

C'est là qu'on aurait besoin en Grèce d'un Parti de type bolchevik ! Un parti capable, non pas de raisonner de manière « nationale » (à l'instar du Parti « Communiste » de Grèce), mais de poser les problèmes conformément à la réalité grecque.

Cela est lourd d'enseignements pour la France !

Les positions spontanéistes n'ont aucun sens ; seule une démarche scientifique pratiquée par une avant-garde affirmée peut paver la voie à la révolution. Toute autre position est par définition anti-léniniste, en opposition avec la conception léniniste de l'avant-garde.

En  Grèce comme en France, l'avant-garde étudie la culture et l'histoire de son pays, exprimant son antagonisme dans les conditions concrètes !

Sans cela, on permet aux populistes de passer. Hier soir, Mélenchon a rassemblé pas moins de 4000 personnes en plein air, à Paris, pour un meeting alliant la Marseillaise à l'Internationale, avec comme point culminant Ma France de Jean Ferrat. Face à cette démarche "nationale", il faut le Parti de la science !

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