Derrière les syndicats : le spectre de Marine Le Pen
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Les médias font la part belle aux violences qui ont émaillé les manifestations, principalement à Lyon. Et leur démarche est de dé-crédibiliser le sens politique des violences, en prenant l’exemple d’un jeune « casseur » de 15 ans qui a oublié son cahier de correspondance dans une parfumerie pillée à Saint-Denis, et qui a reçu la visite de la police à... six heures du matin.
Pourtant, les forces de l’ordre sont obligés de reconnaître le sens éminemment populaire des violences, comme le résume ici un commissaire de police à un journaliste du Figaro : « Dans les manifestations, lycéens et collégiens issus des quartiers difficiles se transforment en casseurs. Ils mettent leur capuche et commencent à nous caillasser ou à incendier des poubelles, voire des voitures. Puis ils reviennent se fondre dans la masse des cortèges, certains échangeant leurs vêtements pour ne pas être reconnus sur les vidéos prises par nos services. »
Pas de séparation entre « intellectuels » et « manuels » (soit ici en « bons lycéens » et « casseurs ») et démarche collective : on reconnaît les caractéristiques du mouvement réel abolissant l’ordre des choses existant.
Seulement voilà, l’aspect négatif du mouvement populaire finit par l’emporter. Car culturellement la bourgeoisie a balisé le terrain : patriarcat systématisé, patriotisme généralisé par l’intermédiaire notamment du football, social-impérialisme de Villepin, et surtout Marine Le Pen comme figure salvatrice. Les personnes à courte vue qui se réjouissent de la casse doivent se rappeler que sur le plan idéologique et culturel, les syndicats ont une hégémonie totale. Partant de là les figures « contestataires » qui se profilent, ce sont les syndicats et Marine Le Pen.Derrière le SO de la CGT, qui réprime dans ce qui sa tradition depuis au moins mai 1968, derrière d’ailleurs toute activité syndicale (par définition économiste et bornée), on trouve la figure « sociale » de Marine Le Pen. Voici les propos qu’elle a tenu il y a quelques jours, à Toulouse : « Cette réforme des retraites, elle est déjà dealée entre les syndicats et l’État. »
Et que dit-elle des syndicats ?
Eh bien elle se prépare comme recours : « on s’aperçoit à chaque fois que ces gens sont là pour canaliser la colère. Ils font mine de défendre les salariés et puis ils acceptent quelques miettes du gouvernement et disent « halte au feu, on a obtenu ce qu’on voulait ». »
Cela est terrible, car Marine Le Pen a parfaitement compris ici la situation et se pose comme critique « de gauche » des syndicats. On voit très bien ici que l’autonomie prolétaire est une stratégie totalement nécessaire, non
seulement pour la révolution donc, mais même pour l’antifascisme le plus élémentaire, pour contrer l’orientation fasciste et sa démagogie « sociale. »
Social-démocratie et fascisme sont deux frères jumeaux, et les syndicats (CGT, SUD, etc.) de par leurs postures nourrissent la démagogie d’extrême-droite, dont la marge de manœuvre est énorme. Voici les deux ressorts traditionnels que Marine Le Pen a employé à Toulouse :
• « l’État a peur et se soumet à des bandes violentes en donnant l’ordre aux forces de police de ne pas répondre. »
• « Ils [=les syndicats] ont en réalité accompagné l’ensemble des mesures à l’origine des délocalisations et de l’augmentation du chômage. »
Cette ligne « anti-mondialisation » et « sociale » par l’intermédiaire de « l’ordre » et de la nation est un danger d’une importance extrême.
Et cela est d’autant plus fort comme tendance que l’inévitable progression électorale de Marine Le Pen va amener la naissance à sa droite d’un nouveau parti d’extrême-droite, ouvertement nationaliste et renforçant la dynamique réactionnaire.
Il faut savoir ici que l’UMP a déjà très peur de la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle (face au candidat ou la candidate socialiste), et que le député UMP du Nord Christian Vanneste expliqué le 6 octobre sur Radio Courtoisie (une radio parisienne d’extrême-droite) qu’il voulait une alliance UMP-FN.
Le maire UMP de Montfermeil Xavier Lemoine a suivi le pas en affirmant : «Il est nécessaire et indispensable que l’on arrive à cette union de toutes les droites, y compris avec le FN. » Ce qui se profile, c’est un rapprochement d’une partie de l’UMP avec le FN ainsi que les « identitaires », alors qu’à côté on aura un parti nationaliste et bien entendu une structure social-impérialiste avec Villepin. D’un côté une social-démocratie réfrénant la critique idéologique et culturelle du mode de production capitaliste, de l’autre des initiatives « nationales » de « redressement du pays »... Face à cela, la ligne est claire : c’est l’autonomie prolétaire : aucun compromis avec les syndicats et la social- démocratie, et que vive une culture progressiste contre la triple oppression (racisme, sexisme, capitalisme)! Et à côté de cela : renforcer le Parti de la science, le PCMLM !