20 nov 2009

La culture de la société française devient grotesque (et nécessite une critique réaliste s’opposant au formalisme)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le scandale d’ampleur nationale causée par la tricherie lors du match de football France – Irlande relève très exactement de la dimension baroque dont il est parlé dans l’article « Pour faire face à la pression, il faut comprendre le caractère baroque de notre époque. »

Le baroque, c’est quelque chose de boursouflé, d’excentrique mais dans un sens étrange. Et là qu’ont vu les masses ? Un capitaine de l’équipe de France contrôlant la balle du bras, se la redonnant à la main, puis fêtant le but qui a suivi… comme si de rien n’était.

Un tel événement est d’une grande portée, et tout le monde l’a bien compris. C’est « trop. » Malheureusement d’ailleurs, cette juste compréhension s’est exprimée de manière chauvine: « Nous ne sommes quand même pas des Italiens ! »

Mais en fait, tout cela n’a rien à voir avec cette illusion française qu’est le panache. C’est contre la décadence qu’il y a protestation. Tout s’effondre, et même le grand opium du peuple qu’est le football rejoint le Tour de France pour devenir un grand n’importe quoi! Il y a de quoi se sentir accablé.

C’est une terrible prise de conscience pour les masses. Et elles peuvent voir ce phénomène absolument partout, ce qui les déconcerte car, au fond, elles veulent construire. Cela se rattache à trop de choses connues.

Les séries télévisées déçoivent aussi, par exemple, et de la même manière. Desperate Housewives, qui commence comme un comédie de mœurs mais se transforme en partie en série vaguement semi-policière mélo-dramatique.

Dr House, qui se veut une comédie caustique et grinçante et bascule par moment dans de grandes interrogations métaphysiques sur le sens de la vie, la valeur de la religion.

Et même le bourgeois traditionnel se lamente lorsqu’il voit Sarkozy fêtant sa victoire à la présidentielle au restaurant ultra chic le Fouquet’s, puis se mariant à une top model chanteuse se revendiquant d’un mode de vie outrancier.

Tout comme l’intellectuel bourgeois est atterré lorsqu’il voit le jeune acteur Jocelyn Quivrin se tuer en banlieue parisienne à bord d’une sorte de super voiture de course (l’Ariel Atom) relevant plus de la formule 1 que de la voiture citadine de type bobo.

Tout cela tourne au grotesque. Plus rien ne tient. Le grotesque devient la principale caractéristique de la société française. Et pas seulement française bien entendu, toutes les sociétés capitalistes sont touchées, comme l’Espagne par exemple où le tournoi de tennis de Madrid a des ramasseuses de balles officiant comme pin ups.

Si donc nous voulons dépasser tout cela, et donc que la révolution avance, il faut saisir ce qu’est le baroque, mais également son pendant qui est le formalisme.

Pour reprendre l’exemple des séries télévisées, qui basculent le plus souvent dans le mysticisme, l’irrationnel, les bizarreries, les incohérences, etc., il y a aussi le pendant faussement réaliste, du type « les experts. »

Ici on prétend à une analyse froide et rationnelle, alors qu’en fait il s’agit seulement de cultiver le goût pour le pessimisme et le désespoir. Une attitude psychorigide est mise en avant, comme réponse « formelle » au chaos.

A l’inverse du baroque, il y a donc le modèle formel, expression de la bourgeoisie n’ayant plus rien à dire, niant le réel, prônant un universalisme abstrait (qui est exactement la définition du « cosmopolitisme »). Ici on est dans le domaine de la sécheresse et du formalisme, dont voici quelques exemples :

- la disposition et les rayons des magasins Ikea ;

- le design épuré des portables Nokia première génération, mais surtout d’Apple avec les Macs, ses iphone, ses imacs ;

- les syndicalistes, anarcho-syndicalistes, syndicalistes révolutionnaires, anarchistes, marxistes-léninistes (tous ayant en commun l’ennui culturel de la pureté de laboratoire, coupé du réel et des exigences de la vie).

Le formalisme est l’expression d’un faux réalisme qui s’appuie sur une esthétique froide, sur une attitude nonchalante par rapport au contenu et surtout aux phénomènes historiques.

Mais le baroque et le formalisme peuvent bien entendu s’alterner, comme par exemple l’esthétique des maillots de football et de rugby, les émissions de téléréalité, etc., qui penchent soit dans un sens soit dans l’autre, selon. On doit sans doute même affirmer que  là où il y a du baroque, il y a le formalisme, et inversement.

Le fascisme, expression la plus avancée de la putréfaction de la société bourgeoise, cultive donc évidemment d’un côté les démarches ultra formalistes (l’Oeuvre française, le Renouveau français) et le baroque (tel le blog « I like your style » ajoutant de temps en temps à ses articles de photos couleurs d’officiers nazis ou plus souvent des femmes nues dans des poses pseudo artistiques).

Pareillement, l’ultra-gauche, autre produit « décompo » (pour décomposés), oscille entre un formalisme anti-idéologique et populiste, et une démarche baroque au plus haut point (comme lors du tag en latin sur le plus vieux lieu de baptême de France).

Et fort logiquement, ni le formalisme ni le baroque ne peuvent satisfaire le besoin de construction des masses. Seule l’organisation et la science le peuvent. Voilà pourquoi il y a le PCMLM. Il faut bien saisir cette question, si nous voulons être au niveau pour construire une société nouvelle en France !

Utilisons les concepts de baroque et de formalisme pour critiquer les deux principales tendances erronées issues de la putréfaction de la société française !

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