2 sep 2016

Les attaques de requins à la Réunion, expression de l'écocide capitaliste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

A l'époque de la crise générale du capitalisme, l'esprit relativiste et cynique de la bourgeoisie est particulièrement prégnant comme le révèle la nouvelle « attaque » d'un surfeur par un requin à la Réunion. Cette attaque ne fait que remettre sur le devant de la scène le « problème requin » apparu en 2011 sur l'Île de la Réunion. Une série de 18 attaques a fait 7 morts et 6 blessés humains depuis février 2011.

Or que nous dit-on ? On nous dit que cela va menacer les affaires, le tourisme, les loisirs, etc. Bref, l'accumulation du capital est menacée.

Quelles mesures instaurent les dirigeants ? Mettre des filets au large des côtes pour « éloigner » les requins, ou encore autoriser des rondes munies d' « arbalètes à flèches mouchetées ».

Quelle analyses sont proposées ? Le plus souvent, il est évoqué les spécificités de l'île : les eaux douces qui peuvent tomber rapidement lors de pluies (et les requins sont attirés par des eaux à faible salinité) ; l'arrêt de vente de chair de requin depuis 1999 ; ou bien encore la création d'une réserve marine en 2007 (abritant des tortues et des baleines).

Lien vers la pages des 100 mesures pour les animaux

Ces aspects éparpillés sont ainsi rassemblés dans l'esprit dans la bourgeoisie pour expliquer les causes ultimes du rapprochement des requins des côtes.

Comme à son habitude, la bourgeoisie pense avec un mécanisme anarchique, et agit à coup de décrets administratifs. C'est dans sa nature.

Par où doit-on prendre le problème ? En fait, les requins bouledogues et les requins tigres qui abordent les côtes sont des espèces qui ne sont pas attirées par l'homme et peuvent même en avoir peur. Ce qui se passe est que la planche de surf et le mouvements rapides du surfeur laisse croire à un poisson propice à l'alimentation du requin.

Aborder les « attaques » doit ainsi commencer par une approche de l'alimentation naturelle du requin et ces espèces de requins se nourrissent principalement de poissons pélagiques, c'est-à-dire des poissons qui vivent en surface comme le thon et les harengs.

Alors pourquoi les requins cherchent-ils à se rapprocher des côtes si ce n'est pour retrouver des aliments naturels ?

Derrière ce aspect, il y a l'impact directement humain sur l'écosystème naturel.

Depuis la fin des années 1970, l'île de la Réunion s'est accrue démographiquement, passant de 430 000 habitants en 1970 à 850 000 en 2012.

Cette poussée démographique s'est accompagnée d'un déplacement de la majorité des habitants vers le littoral transformant des petits villages côtiers en villes moyennes.

Évidemment, ces modifications se sont accompagnés d'une modification radicale du rapport à l'océan. Les nouveaux loisirs sont apparus, comme le surf, modifiant radicalement les littoraux et des espèces ont déjà disparues du fait de ces modifications comme le requin de récif.

La pêche capitaliste s'est intensifiée puisque la flotte s'est motorisée, passant d'une centaine de bateaux en 1970 à plus d'un millier en 1990, et a acquis les techniques de surpêche de masse, dite pêche à la palangre dérivante, avec 45 embarcations en 2010 représentent 2 300 tonnes de pissons pêchées !

La pêche à la palangre dérivante est par ailleurs aussi développée dans l'océan Indien, d'où proviennent les populations de requins du fait de leur migration.

En bref, le développement capitaliste de l'Île est au fondement du dérèglement écologique des littoraux puisque la pêche capitaliste amoindrie les poissons pélagiques (harengs, sardines, anchois, thons, etc.) disponibles pour l'alimentation des requins.

Le développement anarchique des activités humaines sur les littoraux et les proximités côtières, notamment les activités industrielles liées à la pêche (déchets portuaires, pêcheries, installations aquacoles, etc.) forment les causes qui expliquent le rapprochement régulier des requins des côtes et des plages.

Face à cela, les surfeurs qui sont la population touchée par ces dérèglements naturels sont totalement aliénés dans la consommation capitaliste de l'océan, sans aucune remise en question de leur relation à la Nature, à la biosphère.

Il est évident que des spécificités ont un rôle dans les attaques de requins, mais l'aspect principal se situe dans la mutation des modes de production locaux comme expression d'un saut qualitatif du capitalisme en général.

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