Abraham Bosse

1 mar 2015

Le XVIIe siècle est l'avènement d'une nouvelle couche sociale qui a commencé à apparaître véritablement au XVIe siècle avec l'humanisme d'un côté, la Renaissance de l'autre: celle des artistes. A la base ce sont des artisans, qui se sont spécialisés et ont atteint un niveau élevé de connaissances et de savoir-faire, et qui ont été intégrés dans l'idéologie dominante. Les arts et les lettres ont ainsi un double aspect, cependant ce qui triomphe à cette époque c'est aussi parfois le réalisme, parce que la bourgeoisie apparaît déjà comme classe rationnelle, exigeant un regard objectif sur le monde.

La négation de ce regard objectif, même si relatif car propre à une époque donnée (par opposition à la classe ouvrière dont c'est le caractère même), est une erreur à éviter absolument. Il est intéressant de voir ici comment Abrahm Bosse présente cette couche sociale que sont les artistes, quels aspects il en souligne, alors que lui-même en fait partie...

28 fév 2015

Si René Descartes se fait l'héraut du compromis entre bourgeoisie et féodalisme, avec son rejet complet des cinq sens accompagné d'un éloge de l'activité pratique, chez Abraham Bosse on trouve, heureusement, la reconnaissance matérialiste de la réalité complexe des sens. A chaque fois, ceux-ci sont présentés dans une situation typique...

25 fév 2015

La grande difficulté quand on réalise des portraits, c'est de faire en sorte que le tout forme une synthèse d'un moment bien précis, lié à une situation donnée et à une activité donnée. Ici, c'est le sentiment amoureux qui est exposé, dans toute son inquiétude, avec sa profondeur à la fois pour le sens - la femme regarde au loin, elle attend de la nature une réalité concrète - et pour l'intellect, le livre étant là comme prétexte à réaliser tout son être. On a ici une affirmation hautement civilisée des sentiments, et ici il est expliqué que la défiance et la crainte nuisent à la reconnaissance des sentiments...

24 fév 2015

Voici comment le critique d'art Antony Valabrègue décrit la gravure montrant la galerie du palais de justice d'Abraham Bosse :

Une de ces comédies, la Galerie du Palais, jouée en 1634, sans être un des chefs-d'œuvre de l'illustre auteur du Cid, nous offre, dans plusieurs passages, des documents extrêmement précieux sur les mœurs du commencement du XVIIe siècle. Or, par une coïncidence qui peut s'expliquer par le succès même de cette œuvre, Abraham Bosse nous a donné une gravure qui semble compléter la pièce de Corneille. Un parallèle piquant va ainsi nous être offert entre le poète et le graveur.

Située au milieu de la Cité, à côté du Palais de Justice, la Galerie du Palais, qu'on appelait aussi la Galerie du Palais-Marchand, était en plein dans le grand mouvement de circulation qui avait lieu à cette époque, entre les deux rives de la Seine. Elle était devenue, à partir du règne de Henri IV, comme un centre vivant et animé.

23 fév 2015

L'immense qualité d'Abraham Bosse tient, bien entendu, dans sa capacité à refléter de manière typique le peuple travailleur. Le sens du détail, la fidélité à l'esprit de l'action, la complexité synthétique de la représentation, tout cela fait qu'Abraham Bosse est une immense figure de notre peuple. Il n'est guère surprenant que le triomphe de la monarchie absolue l'ait fait disparaître, et que la course au capitalisme tendanciellement présente dans les Lumières ait fait qu'on ait pas pu le retrouver, mais comme avec les frères Le Nain, il y a ici un monument de la culture nationale réelle.

Rien, par exemple, que la manière de se tenir du barbier montre le titanesque savoir-faire d'Abraham Bosse, sa capacité à cerner les multiples aspects de la réalité...

22 fév 2015

Qui dit portrait dit, naturellement, représentation de scènes de la vie courante, dans ce qu'elle a de plus typique. La différence entre le portrait formel et le portrait authentique, c'est que ce dernier capte toute la complexité du réel. Le portrait authentique synthétise en tenant bien compte de tous les aspects. En ce sens, la représentation de l'accouchement est ici d'une très grande valeur; elle est une véritable photographie d'un moment, non plus personnel, mais de dimension historique.

On est précipité dans un moment concret, avec toutes les caractéristiques d'une époque, en pleine reconnaissance de la réalité propre à chaque personne participant ici à l'accouchement; les objets de l'environnement participent totalement à la représentation...

21 fév 2015

Les 1600 gravures d’Abraham Bosse n'ont cessé, depuis leur réalisation au XVIIe siècle, d'être appréciés dans notre pays. La raison en est qu’Abraham Bosse est un portraitiste de très haut niveau, profitant de la vague de réalisme apporté par la bourgeoisie alors.

Son père est en effet un tailleur protestant venant d'Allemagne, tandis que son apprentissage se fait chez Melchior II Tavernier, originaire d'Anvers. Lui-même était calviniste, et cet esprit pratique se retrouve dans son œuvre Traité des manieres de graver en taille douce sur l’airain par le moyen des eaux fortes et des vernix durs et mols, qui est pas moins que le premier manuel technique de gravure...

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