Merah : avec « Incha'Allah », en guerre contre le Mektoub et le matérialisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Incha'Allah est une expression arabe connue, signifiant « si Dieu le veut ».
Théoriquement, cette expression vise à soumettre à Dieu la possibilité de réussite d'une action, comme l'explique le Coran :
- 23. Et ne dis jamais, à propos d'une chose : « Je la ferai sûrement demain ».
- 24. Sans ajouter : « Si Allah le veut », et invoque ton Seigneur quand tu oublies et dis : « Je souhaite que mon Seigneur me guide et me mène plus près de ce qui est correct ».
En réalité, Incha'Allah est une expression dont le sens est bien plus profond. Le matérialisme dialectique permet en effet de constater que, sur le plan culturel et idéoligique, cette expression s'oppose diamétralement à celle de « Mektoub. »
Mektoub signifie « il est écrit » ; c'est une expression connue du Maghreb. C'est un équivalent du « Mazal » utilisé historiquement par les personnes juives ashkenazes.
D'ailleurs, il y a le site de rencontre pour musulmans mektoube.fr et le site équivalent pour personnes juives religieuses e-mazal.com.
Ces concepts de Mektoub et de Mazal ont d'ailleurs une signification très importante pour les personnes juives et arabes qui sont en effet, lorsqu'elles s'engagent dans une relation, très vite « militantes » dans un sens romantique, selon le principe de « nous sommes faits l'un pour l'autre. »
Ce concept de l'âme soeure a, en Asie du Sud Est, notamment comme symbole le Taj Mahal.
Alors que, dans la logique libérale traditionnelle en France, les relations permettent d'essayer, mais n'engagent pas en soi, alors que pour les personnes juives et arabes, accepter l'engagement est plus difficile au départ, car il s'agit d'un vrai saut qualitatif.
Et c'est une logique populaire, pratiquement conforme à l'épicurisme, car prônant une vie simple, une compréhension simple, une acceptation complète de la vie telle qu'elle vient.
Dire « c'est écrit » c'est parler comme Spinoza, c'est considérer que la vie est un véritable système où les affinités électives permettent la formation de couples harmonieux.
Inversement, les islamistes assument un « Incha'Allah » revendiqué. Il n'y a pas de reconnaissance matérialiste d'une réalité, mais des « plans » qui sont établis et qui peuvent marcher.
Il y a une part de hasard, de « chance », interprété comme le souhait de Dieu quelque chose réussisse ou non.
Ainsi, reconnaître le Mektoub n'est pas un fatalisme comme on pourrait le penser, même si cela peut l'être ; en réalité, c'est surtout un matérialisme embryonnaire.
D'ailleurs, chez les grands auteurs de la Falsafa qu'ont été Avicenne et Averroès, l'univers est un système et il n'y a aucune place au hasard ou à la « chance. »
A l'opposé, la logique du Incha'Allah est une conception idéologique capitaliste, celle de l'entreprise, qui peut réussir... ou échouer.
On ne peut pas comprendre le style djihadiste, avec sa dimension kamikaze, sans comprendre cet arrière-plan du Incha'Allah.
Les djihadistes sont, sur le plan idéologique, des capitalistes, ils ne peuvent pas concevoir l'établissement d'un « plan », d'une « planification. » Toutes leurs initiatives consistent en des tentatives plus ou moins structurées, conformément à la logique du Incha'Allah.
C'est cela qui explique le style semblant artisanal, décousu, des djihadistes. C'est une des caractéristiques de leur style de pensée.