1 juin 2012

Marine Le Pen, la Loi Gayssot et le racisme "anti-blanc"

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La polémique engendrée par les propos d’Éric Zemmour à l'encontre de Christiane Taubira est la première grande polémique du quinquennat de François Hollande. Cette polémique est importante car elle pose un jalon culturel autour duquel l'opposition de droite au Parti Socialiste va se construire. Cela Marine Le Pen l'a immédiatement compris et s'est engouffrée dans la brèche ouverte par Éric Zemmour.

En lui apportant immédiatement son soutien, alors que la Droite libérale temporise, Marine Le Pen s'empare du prestige et de la popularité d’Éric Zemmour . Elle s'érige en défenderesse politique de la « liberté d'expression » qui serait mise à mal par les « censeurs socialistes ». Elle politise la polémique pour s'ancrer comme pilier de l'opposition.

Mais au-delà de la tactique politicienne, le rôle d’Éric Zemmour est d'ouvrir des brèches culturelles à partir desquelles le fascisme peut se développer. Et c'est exactement ce que fait Marine Le Pen. Elle explique ainsi à propos de la chronique d’Éric Zemmour du mercredi 23 mai qu'elle peut « adhérer à ses propos ». Elle part de cette polémique pour instaurer un débat sur certaines thèses clés du fascisme. 

Ainsi, lors de l'émission question d'infos sur LCP, Marine Le Pen a déclaré :

Je ne crois pas que le PS soit capable de lutter contre le racisme anti-blanc parce qu'il le nie, tout comme je ne croyais pas l'UMP était capable de lutter contre l'explosion du racisme anti-blanc et antifrançais qui fait des ravages dans les banlieues. (…)

Je ne crois pas que ni l'UMP ni le PS n'ait voulu prendre la mesure de ce nouveau racisme parce qu'ils sont enfermés dans des schémas idéologiques et se refusent à voir la réalité de ce que vivent le peuple français.

Journaliste : Vous pensez qu'il faut une loi contre le racisme anti-blanc ? 

Exactement !

(...)

Journaliste : Mais vous êtes opposée à la loi Gayssot ? 

Oui mais, alors, c'est ou tout ou rien. Parce que pour l'instant c'est tout d'un côté et rien de l'autre.

On voit que les attaques contre Christiane Taubira sont en fait le prétexte pour entamer un bras de fer à l'encontre de Loi Gayssot et ses corollaires. 

Qu'est-ce donc que la Loi Gayssot? 

La loi dite « Loi Gayssot » est en fait la loi « n°90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe ». Elle a été révisée plusieurs fois afin de l'étendre entre autre aux actes homophobes.

Son article premier dit : « Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. L’État assure le respect de ce principe dans le cadre des lois en vigueur ».

Elle consiste en la généralisation dans un cadre unique de plusieurs dispositions qui étaient présentes dans le code pénal depuis 1970. La Loi Gayssot pénalise les actes de racisme ou de discrimination raciale quels qu'ils soient. Elle pénalise les actes de diffamation raciste, c'est-à-dire les insultes ou propos racistes à l'encontre de personnes ou groupes de personnes.

Elle interdit la diffamation raciste et l'incitation à la haine ou à la violence raciale ou homophobe, y compris par voie de presse. Elle introduit le délit de contestation de l'existence de crimes contre l'Humanité. Et enfin, elle donne le droit aux associations reconnues antiracistes, anti-discriminatoires ou défendant la mémoire des victimes de crimes contre l'Humanité de se porter partie civile.

Ce sont ces trois derniers points qui en font sa particularité et qui déclenche la haine des fascistes et des réactionnaires. En effet, la Loi Gayssot en introduisant un délit de presse et en donnant le droit aux association d'attaquer en justice les contrevenants a très grandement bridé l'expression publique des fascistes et mis un coup sérieux à la propagande négationniste qui se répandait dans les années 80.

Lorsqu'elle a été votée, la Loi Gayssot a tout de suite été l'objet d'une campagne d'opposition de la part de la droite parlementaire, qui a tout fait pour bloquer son passage au Sénat, et de l'extrême-droite puis d'un certain nombre d'intellectuels et d'historiens (y compris de gauche). Ces intellectuels se considèrent comme en dehors de la société, ne devant pas être soumis à son contrôle.

Ce fantasme sur la « neutralité » de la science est typiquement petit-bourgeois. En effet, les petits-bourgeois sont coincés entre les deux seules vraies forces sociales : le prolétariat et la bourgeoisie. Pour défendre leur existence et leurs privilèges, ils nient donc les classes sociales et cherchent ailleurs un moteur à l'Histoire ; un ailleurs dans lequel ils seraient la partie centrale bien sûr. Pour la petite-bourgeoisie, donc, la création artistique, la science, la littérature ne seraient que le fait d'individus prétendument éclairés qui tireraient la société vers le haut.

Ils vivent donc de manière insupportable le fait d'avoir des comptes à rendre à qui que ce soit d'autre qu'eux-mêmes. C'est un phénomène petit-bourgeois typique, y compris à l'extrême-gauche, bien sûr.

Il n'est d'ailleurs pas étonnant que les opposants à la Loi Gayssot la considèrent souvent comme une « loi d'inspiration stalinienne ». Comme par exemple, le linguiste anarchiste américain Noam Chomsky, qui considère que c'est une loi que « Staline ou Goebbels auraient admiré ». La Loi Gayssot est clairement un frein pour le développement du fascisme tant qu'il n'a pas l'hégémonie culturelle. Les fascistes le savent et n'ont de cesse d'essayer d'obtenir son abrogation depuis qu'elle a été votée.

En réclamant une lois spécifique sur le racisme anti-blanc, Marine Le Pen lance en fait une attaque perfide contre la Loi Gayssot. En effet, la Loi Gayssot pourrait très bien être utilisée pour instruire des procès dans des cas de propos ou d'actes racistes à l'encontre de personnes considérées comme blanches. Elle stipule bien que « toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite ». 

Marine Le Pen le sait bien d'ailleurs. Elle aurait pu demander que la Loi Gayssot soit appliquée plus fermement dans les cas avérés de racisme envers des personnes considérées comme blanches. Mais son objectif n'est pas faire condamner les personnes coupables d'agressions ou d'insultes racistes. Son objectif est l'abrogation de la Loi Gayssot afin de faire sauter le dernier verrou à l'expression libre des fascistes en France.

Pour cela, elle s'appuie sur l'absurdité de la social-démocratie qui ne peut réellement comprendre le racisme et le fascisme. En effet, les sociaux-démocrates et la majeure partie de la gauche française sont en fait des chrétiens avec une vision paternaliste de la société. Ils nient tout autant que la droite libérale et les fascistes les droits démocratiques des minorités. Ils nient leurs droits en tant que minorités, en tant que minorités nationales. 

Ils enferment les minorités entre une vision individualiste victimaire d'un côté où l'essentiel seraient d'obtenir des quotas de présence, d'atténuer les discriminations pour être mieux « intégrés » ; et une vision communautariste identitaire tout aussi victimaire. 

Ils empêchent les minorités de prendre conscience de leurs droits, non pas en tant qu'individus ou communautés au contour irrationnel, mais en tant que minorités nationales - fondées sur une communauté de culture, d'Histoire ou de vie sociale - au sein de la Nation française. C'est-à-dire le droit d'être reconnu en tant que tel par la société, le droit à s'exprimer librement dans le cadre de la Nation.

Les militants de gauche français sont pour la plupart idéologiquement des petits-bourgeois humanistes catholiques avec une vision néocoloniale. Ils sont le pendant exact des réactionnaires racistes. Là où les racistes voient des barbares à expurger du corps national, les militants de gauche voient de « bons sauvages » à défendre et éduquer.

Ils ne voient pas le racisme comme une contradiction au sein des masses en général, comme un des moyens principaux de diviser les masses. Leur engagement « antiraciste » consiste en fait principalement à se donner bonne conscience. Ils ne peuvent donc que nier que le racisme et le chauvinisme baignent et opposent tous les secteurs des masses et que donc des personnes blanches puissent elles aussi être victimes de racisme.

Les fascistes et les intellectuels fascisants, et donc Eric Zemmour comme Marine Le Pen, s'appuient sur cette incohérence pour attaquer l'antiracisme et le retourner à leur avantage. Grâce à cela, ils présentent l'antiracisme comme étant en fait l'expression du racisme des minorités contre les « blancs » et donc les associations et lois antiracistes comme étant contre les masses ne faisant pas partie de minorités.

Bien qu'elle sache pertinemment que la Loi Gayssot pourrait être invoquée dans des cas de racisme à l'encontre de personnes considérées comme blanches, Marine Le Pen réclame une autre loi. Une loi spécifique au « racisme anti-blanc ». En faisant cela, Marine Le Pen fait sous-entendre que la Loi Gayssot seraient une loi orientée contre les personnes considérées comme blanches ; qu'elles seraient en fait un complot des minorités pour s'assurer la domination. C'est bien cela qu'elle dit lorsqu’elle déclare « pour l'instant c'est tout d'un côté et rien de l'autre »

C'est là d'ailleurs la rhétorique antisémite classique des opposants à la Loi Gayssot, qu'ils appellent « Loi Fabius-Gayssot » pour bien sous-entendre son aspect judéo-bolchevik. Pour eux, elle n'est qu'un « complot juif » de plus visant à « imposer la Shoah » comme dogme.

En fait quand Marine Le Pen dit « c'est tout ou rien », c'est évidemment « rien » qu'elle veut obtenir.  Et qu'elle arrivera certainement à obtenir. La Loi Gayssot est certes une épine dans le pied du fascisme, mais elle ne peut empêcher le développement du fascisme. Tout au plus a-t-elle pu ralentir son développement et sa maturation idéologique.

Le fascisme s'est développé en la contournant, en passant par d'autres chemins. Il s'est réorganisé, a investi Internet, et entamé la conquête de l'hégémonie culturelle. On le voit bien, aujourd'hui où il est plus fort que jamais, la Loi Gayssot est de plus en plus facilement contournée, peine à s'appliquer. Seuls quelques cas « emblématiques » pourront être attaqués par les associations antiracistes tellement elles se retrouvent débordées. Elles-mêmes explosent de plus en plus sous leurs propres contradictions, devenant des lieux de batailles entre identitaires communautaristes « soft ».

La social-démocratie est incapable d'empêcher la montée du fascisme. Car c'est sur ses contradictions qu'il se développe. La démocratie bourgeoise ne peut pas protéger les masses car elle n'est qu'un système transitoire qui explosera sous la pression de la crise et du besoin de mobilisation de la bourgeoisie impérialiste.

Le fascisme retourne tout en son contraire, s'engouffre dans toutes les brèches. Aujourd'hui qu'il sent le pouvoir à porter de main, il va être de plus en plus agressif. 

Or, le fascisme et le racisme sont les ennemis mortels de l'Humanité. Ils doivent être combattus comme tels ! Ce ne sont pas des amendes de quelques milliers d'euros qui permettront d'éliminer une fois pour toute le fascisme et le racisme. Pour éliminer le fascisme, il faut le Parti de la science, le PCMLM, qui lève le drapeau : SOCIALISME OU BARBARIE, et ainsi entraîne les masses populaires, patiemment, au grand soulèvement contre l'exploitation et l'oppression !

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