1 aoû 2007

URC (MLM) - Le révisionnisme, danger principal pour la victoire de la Révolution Démocratique chilienne

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Le révisionnisme, qui est exprimé aujourd'hui par différents groupes et dirigeants politiques, trouve en la clique des Teillier- Carmona ses plus grands avocats. 

Le révisionnisme est un danger qui existe à l'intérieur même du mouvement ouvrier et populaire. Il s'agit de faux marxistes, qui tronquent les principes fondamentaux établis par Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao. 

Ils sont une avancée de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier, et constituent pour cette raison une véritable menace pour le développement de la lutte révolutionnaire de notre peuple.

Ces individus, qui représentent une fraction de la bourgeoisie bureaucratique chilienne, aspirent à utiliser l'Etat bourgeois- propriétaire terrien comme levier pour se promouvoir en tant que classe. 

Pour parvenir à imposer leurs objectifs, les révisionnistes utilisent l'organisation, la mobilisation et la lutte des masses : en encourageant, en limitant ou en déviant selon les cas de figure la juste protestation populaire. 

Aujourd'hui, ils sont occupés à négocier et à manoeuvrer politiquement pour se trouver une niche électorale. Ces objectifs n'ont rien à voir avec les intérêts de la classe et du peuple. 

Le système électoral constitue un des principaux mécanismes de domination et de légitimation de l'ordre actuel, les élections représentent, en ce sens, un objectif contre lequel doit se diriger la lutte des masses révolutionnaires; et ne pas le faire impliquerait que nous hypothèquerions le futur de la révolution de nouvelle démocratie dans notre pays.

 

1. Le rôle néfaste du révisionnisme au Chili

Le XXè Congrès du Parti Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) en 1956 a signifié une étape importante dans l'avancée vers l'usurpation définitive du pouvoir de l'Etat soviétique par la bourgeoisie, menée à ce moment-là par la clique krouchtchevienne.

Celle-ci était composée d'une série d'éléments déclassés, dont la base sociale, formée par une couche différenciée du prolétariat, permit à ce secteur droitier-opportuniste de mener un Coup pour arracher le pouvoir politique des mains du prolétariat et du peuple soviétique et imposer une série de réformes politiques et économiques destinées à restaurer le capitalisme en URSS.

Vers la fin des années 1950 - début des années 1960, les révisionnistes khrouchtchéviens (ou révisionnistes contemporains comme le disaient les révolutionnaires), triomphants, établirent un régime fasciste pour se défendre des masses et les opprimer. 

Au Chili, une partie importante de la direction du vieux Parti Communiste du Chili (le même qu'aujourd'hui) se fit l'écho de ce Congrès. Ceci fut facilité par l'action invétérée d'une ligne opportuniste de droite qui prédominait dans le vieux Parti. A cela, il faut ajouter deux éléments.

Premièrement, Luis Emilio Recabarren, ouvrier typographe, fondateur du Parti Ouvrier Socialiste [l'ancêtre du PC du Chili] en 1912, ne s'est jamais débarrassé d'une série de boulets idéologiques hérités de sa militance passée dans feu le Parti Démocratique. 

Malgré son activité d'organisateur de la classe ouvrière chilienne, sa pensée restait et est restée jusqu'à sa mort pétrie d' influences étrangères à l'idéologie scientifique de la classe; idéologie qu'il ne put connaître en profondeur et qu'il ne put, pour cette raison même, pas appliquer dans la pratique. 

Ses conceptions se rapprochaient davantage du socialisme utopique que du socialisme scientifique, et il ne put les corriger, bien qu'il rendit visite à la république des soviets. 

Sa foi dans la voie électorale, ses postions sur l'épuisement de la nécessité de la violence comme moyen de transformation révolutionnaire de la société, ont embué ses efforts pour propager dans la classe ouvrière et laborieuse les vertus du socialisme et la nécessité de la conquête du pouvoir par cette classe.

Deuxièmement, les choses ne changèrent pas avec la mort de Recabarren. 

Au point qu'en 1929, un représentant du Komintern signala aux communistes chiliens leur « complète incompréhension des principes bolchéviks d'organisation » et les avertit qu'en empruntant ce chemin, ils s'en allaient droit vers la liquidation du parti en tant qu'organisation prolétarienne communiste.

Le nouvel essor des luttes de masses déployée au début des années 1930 démontra la disposition combative des masses populaires et des militants communistes de base. 

Certaines manifestations radicalisées de la lutte des masses prirent la forme de tentatives de résistance armée contre l'abus et l'exploitation, comme le Soulèvement de l'Escouade [grande mutinerie de marins et soldats] en septembre 1931, la Pâque tragique à Copiapó et Vallenar en décembre 1931 [prise de caserne, suivie de répression] et le soulèvement paysan à Alto Biobío, Ranquil et Lonquimay en avril 1934. 

Cependant, ceci ne se traduisit pas en une politique révolutionnaire tendant à préparer et déclencher la lutte armée pour la conquête du pouvoir pour et par la classe et le peuple. 

A partir du VIIè Congrès de la IIIè Internationale en 1935 et l'impulsion de la politique de fronts populaires pour lutter contre l'avancée écrasante du fascisme à l'échelle mondiale, aurait pu être adoptée et appliquée au Chili une ligne résolue d'unité de toutes les forces antifascistes, à condition d'assurer la direction prolétarienne du front sur la base d'une ferme alliance ouvrière- paysanne.

La direction du PC opta néanmoins pour une interprétation opportuniste, étrangère aux principes marxistes-léninistes (qui consistent à faire des préparatifs sérieux pour la révolution), amenant le parti à placer son action et le prolétariatà la remorque de la bourgeoisie. 

Cette situation aboutit à un crétinisme parlemenaire débilitant et au refus de déchaîner et diriger le soulèvement armé des masses paysannes et mapuche [peuple autochtone « amérindien »du Chili] avec le prolétariat révolutionnaire à sa tête. 

Au contraire, réfrénant la lutte de la paysannerie pauvre, il vendit le droit au syndicalisme paysan en vue de convaincre le parti radical de participer au Front Populaire et de faire ensuite pression pour l'intégration dans le front du parti socialiste (social-fasciste).

En avril 1936 fut signé l'acte de constitution du Front Populaire avec les oppresseurs historiques des masses rurales - le parti radical - scellant ainsi un pacte de conciliation et d'abandon la lutte des classes. 

Les radicaux étaient un parti composé par des secteurs de la bourgeoisie, de la petite-bourgeoisie urbaine et des propriétaires terriens de la Vallée centrale.

Ce pas tactique consista en fait à abandonner stratégiquement la tâche d'impulser l'alliance ouvrière-paysanne, base du front et du future Etat de dictature démocratique populaire - forme spécifique de la dictature prolétarienne dans les pays comme le nôtre. Suivre en pratique cette stratégie réformiste eut un coût très élevé pour les masses.

Cette interprétation erronée et opportuniste de la politique des fronts populaires remit à plus tard les tâches agraires de la révolution démocratique-populaire. 

Au même moment, en Chine, une interpétation et une application correcte de la politique de front établie par la IIIe Internationale permit non seulement une victoire écrasante sur l'impérialisme japonais en 1945, mais donna aussi les bases du triomphe à venir du Parti Communiste de Chine en 1949 à la tête des masses populaires dans la guerre révolutionnaire menée contre le Kuomintang (le parti nationaliste chinois financé par l'impérialisme yankee), contre les grands propriétaires terriens et la bourgeoisie monopoliste, principaux ennemis du peuple chinois.

A partir de 1938, le Parti Communiste du Chili soutient les gouvernements radicaux (pro-yankees) et collabore avec eux, jusqu'en 1947. Cette année-là, le président radical Gabriel González Videla, obéissant aux politiques anti-soviétiques de l'impérialisme yankee, édicte une loi de « défense » de la démocratie (bourgeoise évidemment) et interdit le Parti. 

Face à cela, loin d'entrer dans une phase de lutte plus décidée, la clique révisionniste du PC poursuit une politique d'endiguement de la lutte des classes en vue de recouvrer son statut légal, ce qui est finalement obtenu à la fin des années 1950, en récompense de sa « bonne conduite ».

Lorsque la direction révisionniste de Corvalan et Teitelboim assume la politique du renégat Krouchtchev à partir de 1956, elle le fait tambour battant. La voie pacifique au socialisme devient leur maxime, et infatigables, ils reprennent « à la chilienne » la ligne révisionniste krouchtchévienne, mais en s'appuyant sur une « riche » expérience accumulée lors des décennies d'opportunisme de droite.

L' action « irréprochable » de ces révisionnistes faisait l'orgueil de la grande bourgeoisie créole et faisait soupirer tous les opportunistes d'Amérique latine et au-delà, le Chili étant considéré politiquement comme la « Suisse » de cette partie du monde, ils allaient pavoisant et se rengorgeant en choeur sur la prétendue « tradition démocratique » irréprochable du Chili.

Cependant, une poignée de communistes sortirent de ce chemin en coupant en partie avec cette orgie démocrato-libérale et social- fasciste. 

Les anti-révisionnistes chiliens se consacrèrent à la diffusion des documents par lesquels le président Mao - à la tête du Parti Communiste de Chine - bombardait les positions politiques et idéologiques des révisionnistes russes et leurs comparses au sein des faux partis communistes qui avaient arboré les positions de la direction révisionniste du PCUS, comme Corvalan-Teitelboim.

 

2. La défense du marxisme-léninisme contre le révisionnisme contemporain au Chili

Ce fut une poignée de révolutionnaires communistes, dirigés par David Benquis (le camarade Velasquez) qui prirent en charge la tâche de propager et de défendre la proposition chinoise du 14 juin 1963 autour de la ligne générale pour le mouvement communiste international, dès que celle-ci fut connue d'eux.

Ils tentèrent de développer la lutte de lignes à l'intérieur du PC du Chili, en fondant les Editions Spartacus pour publier une grande partie des documents de la Grande Polémique (à cette époque, la lettre chinoise « en 25 points » et ses neuf commentaires étaient pratiquement une lecture interdite pour les militants du parti).

Dès qu'ils furent expulsés par la clique révisionniste, loin d'abandonner la juste tâche de propagande qu'ils avaient commencée, le camarade Velasquez et une plus forte poignée formèrent le Groupe Spartacus.

Plus tard, se joignant à d'autres communistes et à d'autres militants qui s'étaient incorporés au cours de plus de deux années d'un travail révolutionnaire rétabli au sein des masses, ils adoptèrent la décision de fonder en 1966 le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR). 

Ce fut à eux que revint la tâche de défendre et revendiquer le marxisme-léninisme (aujourd'hui nous disons marxisme-léninisme-maoïsme) en plein milieu de l'essor du révisionnisme contemporain et du crétinisme parlementaire des acolytes chiliens.

Justement, pendant les années du gouvernement de l'Unité Populaire, le PCR et Benquis eurent le courage d'attaquer fermement la voie pacifique qu'on criait sur tous les toits, et en même temps de signaler les conséquences funestes que celle-ci apporterait à la classe et au peuple, tout en soulignant le caractère de classe du gouvernement de l'Unité Populaire et son projet de capitalisme bureaucratique monopoliste d'Etat qu'il tentait d'appliquer à notre pays. 

Projet, qui plus est, subordonné au régime établi par le social-impérialisme soviétique en URSS.

Mais, ce travail intense et nécessaire théorico-pratique de dénonciation et d'élucidation fut hélas interrompu au début des années 1980 par la liquidation du PCR. 

A côté d'autres raisons qu'il est inutile de traiter ici, ce qui contribua à cette inexcusable capitulation fut la mort prématurée en 1978 de celui qui était l'âme de ce parti : le camarade Velasquez.

Le coup fasciste de septembre 1973 foudroya en quelques heures la voie pacifique et la pratique électoraliste développées pendant des décennies par l'opportunisme. 

Les masses populaires durent affronter dans leur chair les résultats dévastateurs du prêche pour la voie pacifique au socialisme. Les illusions légalistes, électoralistes et pacifistes furent rejetées; mais pas les espoirs. Ceux-là palpitent dans chacune des luttes menées par le prolétariat et le peuple jusqu'à aujourd'hui. 

 

3. Le révisionnisme chilien depuis le coup fasciste de 1973

La situation générée par le coup militaire rendit impossible l'utilisation de la voie parlementaire - au grand dam des révisionnistes - mais aussi trancha drastiquement la dispute inter- impérialiste pour la domination et le contrôle du pays. 

La tentative de stratégie de voie pacifique du social-impérialisme soviétique pour pénétrer dans les pays qui appartenaient à l'aire de domination ou d'influence directe de l'impérialisme yankee, avait comme contrepartie nécessaire la voie violente pour soumettre ceux qui osaient altérer l'ordre imposé par eux en Europe de l'Est, comme cela arriva en Tchécoslovaquie en 1968. 

Comme on peut le constater, le révisionnisme lui aussi agissait les armes à la main si les conditions l'exigeaient. La violence ne lui était pas étrangère.

Pour cette raison, il ne faut pas s'étonner que les révisionnistes chiliens, qui cherchaient depuis les années 1960 une alliance politique avec le Parti Démocrate Chrétien (parti pro-yankee, collaborationniste avec la Junte Militaire Fasciste jusqu'à 1977), une fois épuisée toute possiblité réelle d'aboutir à l'unité avec eux et une fois défaite l'illusion d'un rétablissement rapide des institutions représentatives de caractère démocratico-bourgeois, se mirent aux discussions et aux préparatifs pour utiliser la violence politique aiguë.

Il reviendra à une étude plus approfondie de déterminer - sur la base de la théorie militaire du prolétariat, la guerre populaire - s'il y eut, au sens stratégique, lutte armée dans les années 1980. L'utilisation des armes, l'installation d'engins explosifs, l'organisation de détachements armés, et même la création de milices, n'est pas forcément exactement la même chose que développer la lutte armée révolutionnaire.

Ce fut Luis Corvalán lui-même qui, en 1977, lors d'une appréciation des causes du coup et du manque de préparation pour défendre le gouvernement de l'UP, formula le problème du « vide historique » dans la politique du parti, en liaison avec « le manque d'une politique militaire ». 

Mais ce ne fut qu'en 1980 que Corvalán appela à l'emploi de « toutes les formes de lutte ».

Il n'y a pas l'ombre d'un doute que cette décision avait l'accord du gouvernement social-impérialiste soviétique.

Toute une légende a été tissée autour de la préparation et du déclenchement de la violence politique aiguë menée par le révisionnisme chilien. 

Il y a une confusion de versions sur l'identité des participants, sur le soutien international qu'ils reçurent (par l'intermédiaire du social-impérialisme soviétique et de ses dépendances), ou sur le caractère des erreurs qui furent commises. 

Mais l'important est d'enquêter en premier lieu sur les racines idéologiques du révisionnisme chilien, et de voir en quoi l'aura révolutionnaire que possède l'emploi de la violence politique armée peut comporter de nouveaux dangers pour la lutte révolutionnaire du prolétariat et du peuple chilien. 

 

4. Quelques caractéristiques du révisionnisme (armé)

L'idéologie scientifique du prolétrariat ( la science de la révolution prolétarienne) est la synthèse théorique de l'expérience accumulée dans la lutte de classe contre la bourgeoisie, et recueille aussi les apports fondamentaux de la lutte révolutionnaire des masses et peuples opprimés du monde. La conception prolétarienne, l'idéologie marxiste-léniniste-maoïste est distincte de et opposée à l'idéologie de la bourgeoisie. 

Ce sont deux conceptions idéologiques qui s'excluent et ne se concilient pas. L'idéologie bourgeoise est la conception du monde des oppresseurs, et avec cette conception, le prolétariat ne saurait avoir aucune espèce d'indulgence.

De ce point de vue, le révisionnisme est l'expression la plus trompeuse et subtile de l'idéologie bourgeoise. 

Ils ont l'air marxistes, par leur phraséologie; ils en appellent formellement aux masses et sont même dans certaines circonstances politiques prêts non seulement à prendre les armes, mais aussi à déclencher la lutte armée (bien que ça ne soit jamais pour conquérir le pouvoir pour la classe et le peuple et instaurer la dictature intégrale du prolétariat).

Les révisionnistes peuvent organiser les masses, diriger leurs luttes, préparer leur résistance face à un ennemi commun. Cependant, le révisionnisme fait toujours passer ses propres intérêts avant ceux des masses. 

Il a peur des masses, il redoute leur politisation révolutionnaire, il craint qu'elles n'élèvent leur niveau idéologique, parce qu'il sait que si c'est le cas, il court le risque d'être démasqué en tant qu'opportuniste.

Le paradoxe est que le révisionnisme a besoin des masses, le parti révisionniste lui-même est composé des masses, mais il en a besoin pour chevaucher sur leur dos. 

Il les utilise pour manoeuvrer et arracher quelques lauriers politiques, comme un poste au sénat ou dans l'administration de l'Etat bourgeois. Une fois atteint son but, il doit tirer les rênes, freiner le mouvement de masses, ou faute de mieux, le dévier s'il ne peut plus l'arrêter. 

Peu importe que les révisionnistes s'appellent marxistes, marxistes- léninistes ou même marxistes-léninistes-maoïstes, c'est dans leur pratique politique (avec ou sans armes) que se dévoile leur idéologie bourgeoise et leurs véritables intérêts de classe.

Ils transforment la philosophie marxiste en philosophie bourgeoise, la dialectique révolutionnaire en évolutionnisme vulgaire. 

Ils changent l'économie marxiste en économie bourgeoise, le socialisme scientifique en socialisme bourgeois, la dictature prolétarienne en dictature bourgeoise, le parti prolétarien en parti ouvrier bourgeois; la guerre populaire est échangée pour une ligne militaire bourgeoise.

Ils altèrent le marxisme, en font une doctrine acceptable pour le système de domination et passent leur vie à signaler que la révolution et la dictature du prolétariat seront atteints dans un futur qu'ils ne déterminent jamais; ils trompent leur monde en disant qu'une fois que les contradictions de classe seront assez aiguës, des régimes fascistes surgiront comme réponse, ce que les masses ne tolèreront pas, et qu'ainsi l'insurrection se déchaînera comme un éclair et le pouvoir sera conquis.

Cependant, « faisons attention à ne pas provoquer la bourgeoisie, allons à la conquête des majorités parlementaires, gagnons à la cause du peuple l'armée et les forces de l'ordre, et ainsi nous aboutirons à un rapport de forces favorable au sein de l'Etat et seront imposées à la bourgeoisie toutes les exigences politiques que nous voudrons »; la démocratie vaincra le néolibéralisme. 

Voilà leur maximum possible, c'est la doctrine du moindre mal, c'est « tactique, tactique ». 

Ils ne définissent pas ni n'expliquent ce que signifie pour eux la « démocratie », ça n'est pas plus en tous cas que la conquête d'un ensemble de libertés politiques qui peuvent être concédées tout en laissant tel quel fondamentalement l'ordre de classe.

Comme nous l'avons dit plus haut, entre 1980 et 1986, le révisionnisme applique la tactique de mener toutes les formes de lutte.

Si nous considérons la politique menée par la clique Corvalán- Teitelboim avant le Coup de 1973, jusqu'à celle qui fut adoptée en relation avec les événements politiques ayant eu lieu après « l'année décisive » de 1986 (le plébiscite de 1988 et les élections de 1989), nous constaterons que la tactique de mener « toutes les formes de lutte » (qui incluait l'emploi de la violence à travers l'appareil armé du parti) n'est rien d'autre qu'un inter-règne à l'intérieur d'une continuité politique et idéologique de caractère révisionniste et électoralo-opportuniste.

 

5. L'emploi de la violence armée

L'utilisation de la lutte armée (dans sa signification la plus étroite) ou « violence aiguë » - comme il est dit dans les documents du révisionnisme - en tant que forme de lutte ne change pas la nature historiquement révisionniste de sa politique, c'est-à- dire : le révisionnisme armé.

« Tout est illusion, sauf le pouvoir » disait Lénine en 1905. Ce qui est central dans une révolution, c'est le pouvoir, et celui-ci se gagne par la violence et se défend par la dictature révolutionnaire. 

Marx expliquait qu'on ne devait pas jouer à l'insurrection, que celle-ci était une affaire sérieuse, un art véritable. 

De son côté, le président Mao signalait en 1938 que « la tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c'est la prise du pouvoir par la lutte armée, c'est-à-dire résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire marxiste-léniniste, ajoute-t-il, a une valeur universelle ».

Pour le prolétariat et le peuple chilien ce sont là des questions de principe, des questions fondamentales et inoubliables, ce sont des lois historiques inéluctables. 

Si le prolétariat et le peuple abandonnent ces principes, ils se condamnent à garder leurs chaînes et donc à perpétuer la domination impérialiste, celle de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens : ses ennemis principaux. Le révisionnisme n'a jamais voulu comprendre ce b-a ba de la ligne militaire du marxisme-léninisme-maoïsme.

L'échec de l'attentat contre Pinochet en septembre 1986, auquel s'ajoutèrent les directives du Département d'Etat yankee adressées à la junte militaire fasciste pour qu'elles « s'acheminent vers la démocratie » - qui comportait l'exigence pour le Parti Démocrate Chrétien de renoncer publiquement et définitivement à la violence politique, et donc la fin de toute alliance avec ceux qui l'exerçaient - menèrent le révisionnisme chilien, confronté à l'isolement politique qu'il commençait à subir vis-à-vis des autres partis, à « réinterpréter » la politique de rébellion populaire et à « adoucir » l'appel à employer « toutes les formes de lutte ».

Cette réinterprétation les conduisit à échanger les armes pour les urnes, c'est-à-dire : se délester de la « violence aiguë », persévérer dans la recherche d'une alliance politique avec le bloc DC-PS (base de la Concertation) avec l'objectif de faire partie d'un futur gouvernement de transition, comme résultat d'élections ouvertes. Le plan politique de l'impérialisme yankee pour le Chili et l'Amérique latine gagnait sur toute la ligne.

Cependant, la scène politique nationale, marquée par les journées de protestation populaire et l'essor important du mouvement populaire, manifestaient objectivement le développement de la situation révolutionnaire et justifiaient pleinement la rébellion armée des masses. 

A propos du 9 septembre 1986 [le 7 septembre 2007 avait eu lieu l'opération « XXè siècle », attentat manqué contre Pinochet par le FPMR], le quotidien espagnol El País affirmait : « Bien que les forces modérées de l'opposition, en particulier la Démocratie Chrétienne, condamnent toute usage de moyens violents, on ne peut pas fermer les yeux devant le fait que l'influence du Parti Communiste du Chili, qui soutient le Front [FPMR], est en train de croître sensiblement, surtout dans les secteurs les plus jeunes et radicaux du pays, dans les universités et les populations qui vivent autour de la capitale, où se concentrent les couches les plus spoliées et désespérées. Ceci s'est traduit par les récents succès communistes aux élections universitaires et syndicales. »

Ce que ne dit pas le quotidien espagnol, c'est que faisaient défaut - et font toujours défaut - les conditions subjectives : parti marxiste-léniniste-maoïste, armée populaire et front, les trois instruments de base de la révolution démocratique.

Cet ensemble de choses était le risque que l'impérialisme yankee essayait d'empêcher par tous les moyens.

Ils n'acceptaient pas la nicaraguaïsation du pays, et encore moins une autre guerre populaire comme celle qui était dirigée par le Parti Communiste du Pérou.

Le révisionnisme était-il disposé à impulser une véritable révolution au Chili? Non, il ne l'était pas. Etait arrivée pour lui l'heure de faire preuve de bonne conduite et de de vendre des bons de stablité politique et sociale en échange des moelleux sièges parlementaires.

 

6. Fin du soulèvement national

En bon agent pro-soviétique (sans négliger ses apports propres et originaux à l'initiative), la clique révisionniste chilienne suivit les pas de Gorbatchev et la perestroïka. 

La « révolution dans la révolution » et le changement d'orientation du révisionnisme soviétique vis-à-vis de la lutte armée se répercutaient dans les nouvelles politiques de la direction révisionniste soviétique pour l'Amérique latine et les Caraïbes.

La violence armée - ou plutôt le révisionnisme armé - en tant que moyens de pression en vue d'atteindre certains objectifs politiques, n'avait plus cours lors des nouveaux temps de paix (la paix des cimetières bien entendu) et de l'apparente détente inter- impérialiste.

Presqu'en même temps, la restauration capitaliste en URSS, processus déclenché en 1956 avec l'ascension de Krouchtchev, finit par déboucher, dans les années 1989-1991 sur un capitalisme déchaîné à l'occidentale, avec le rétablissement d'institutions démocrato-libérales, qui ont d'abord affaibli, puis mis fin ensuite à toute aide aux révisionnistes de diverses latitudes, et entre autres aux latino-américains.

Manquant d'une « arrière-garde stratégique pour la révoluton », effrayés par leur statut d'orphelin politique et plus encore par le torrent populaire qui commençait à déborder leur politique de rébellion, les révisionnistes chiliens décidèrent de faire machine arrière, de « s'adapter » aux nouvelles conditions politiques et de collaborer activement à l'endiguement de la puissante avancée des masses.

L'une des conditions pour son inclusion politique relative, c'est-à- dire sa légalisation, fut sa prise de distance totale avec « l'aventure armée »; pour ce faire, ils firent passer le soulèvement national pour un encanaillement de circonstance (comme l'avait dit sur le ton de la plaisanterie au début des années 1990 le révisionniste endurci Luis Corvalán Lepe), puis, pour ne pas avoir l'air de renier leur politique de rébellion populaire de masses, ils dirent que celle-ci se poursuivait, mais dorénavant en accord avec la nouvelle situation, en la diffusant sous la forme d'une rébellion électorale, en tant que « soulèvement » des votes « conscients ».

Voyons maintenant, à travers leurs documents, quel fut le cheminement qu'ils suivirent entre 1987 et 1994.

En février 1987, les révisionnistes expliquaient dans un document intitulé « Propositions pour une issue politique », qu' « une fois posé le droit, et au fond le devoir de mettre fin à l'ordre fasciste, il est possible de trouver un consensus pour l'emploi de toutes les formes de lutte qui permettent d'obtenir la victoire ».

Le document ajoute encore : « Il est certain que nous considérons que la connaissance de l'art militaire, la préparation de cadres militaires et le développement d'une politique spéciale pour les hommes qui vont entrer dans l'armée, comme des impératifs inaltérables d'un parti révolutionnaire. 

Mais il ne faudrait pas employer et nous n'emploierons jamais des moyens armés lorsque la volonté du peuple peut s'exprimer et se réaliser librement et démocratiquement ». 

Il n'y a pas l'ombre d'un doute : l'ambiguïté est chez eux un art véritable. La phrase « toutes les formes de lutte » perd sa force en étant accomodée à la nouvelle situation politique.

Suite à cette nouvelle situation politique, en 1987 les révisionnistes se séparent de leur bras armé le FPMR, le transformant en Mouvement Patriotique Manuel Rodriguez (MPMR). 

Au sujet du FPMR-autonome, nous n'en dirons pas plus, car cette expérience de révisionnisme armé exige une étude à part.

Démentant ce qu'ils avaient jadis affirmé - à savoir qu'ils ne participeraient pas au plébiscite par ce que celui-ci ne serait qu'une fraude - le Comité Central réuni en Plénum en juin 1988 appela à voter pour le « non » au référendum d'octobre 1988. Evidemment, ils participèrent activement à la campagne pour le « non », légitimant ainsi la Constitution de 1980.

En mai 1989, la déclaration du XVè Congrès expliquait : « La rébellion populaire de masses, tel est le nom de notre ligne politique dans cette période. C'est le point d'articulation de la stratégie et de la tactique pour résoudre la contradiction principale dictature/démocratie. Son objectif est d'avancer vers la fin du fascisme, de conquérir et d'approfondir la démocratie ».

Un peu avant, en mars de cette même année, Volodia Teitelboim, à la tête de la clique révionniste pro-soviétique expliquait la teneur de la politique de rébellion populaire de masses : « A propos de la rébellion populaire de masses, je dois dire que les dénominations doivent essayer de répondre à l'essence d'une politique. Les dénominations peuvent être plus ou moins appropriées. 

Mais lorsque nous proposâmes la dénomination « rébellion populaire de masses », nous n'entendions évidemment pas proposer la révolution sociale, car dans ce cas nous aurions employé d'autres mots.

Pour nous, la rébellion est un acte massif face à une situation injuste. Ce n'est pas la prise du pouvoir.

Ce n'est pas le changement du système, bien qu'une série de rébellions puisse, dans un pays déterminé, culminer en un processus révolutionnaire qui mène à la prise du pouvoir et à une révolution. Mais ici il ne s'agit pas de cela. Il ne peut pas s'agir de cela. ».

Un aveu vaut une preuve. Il ajoute : « Il me semble que la rébellion populaire de masses doit se comprendre dans cette période comme lemode nécessaire d'action par les urnes, par le vote, qui lui aussi est une arme, et très puissante. »

Tels furent les préparatifs politiques en vue du soutien aux candidats de la Concertation pour les élections présidentielles de la fin 1989, à propos desquelles ils avaient affirmé qu'ils n'allaient pas y participer.

Dans d'autres documents de la fin février 1990, ils disaient que : « c'est à notre corps défendant que le peuple a identifié la Rébellion Populaire avec une certaine forme de lutte. »

Il était naturel que des couches populaires de plus en plus larges commençassent à voir dans la violence armée non seulement la plus haute forme de lutte contre l'oppression, mais aussi, dans son possible développement en tant que lutte armée révolutionnaire, la seule voie praticable pour la révolution démocratique, solution des contradictions de la société chilienne.

Et pour cette raison : la forme principale de lutte, seule capable de donner une résolution décisive aux tâches politiques qui découlent de ces contradictions.

Evidemment, là où le peuple peut et veut, le révisionnisme ne peut ni ne veut.

Le révisionnisme, qui face aux refus de la junte militaire fasciste, avait déclenché l'usage de la « violence auguë » pour « ouvrir des espaces politiques de participation », ne peut au final qu'obtenir un mauvais siège dans le wagon de queue de la grande bourgeoisie.

En outre, le Parti Démocrate Chrétien, qui avait mis son veto à l'entrée de la clique révisionniste dans la Concertation, savait bien que parmi « toutes les formes », il y avait les votes, dont il bénéficierait. De leur côté, les révisionnistes allaient justifier ce passage tactique par la logique du « moindre mal », tout comme il savaient qu'en échange de l'abandon de la « violence aiguë » , ils obtiendraient leur légalisation.

L'impérialisme yankee et la grande bourgeoise, représentées alors par la Concertation, pouvaient donc en toute tranquillité continuer l'accumulation sur la base du pillage des ressources naturelles, de la surexploitation de la classe ouvrière et de l'oppression des masses nationales.

Les principaux ennemis du peuple savaient que les nombreuses organisations de masses - qui dépendaient de la direction révisionniste - attelées à lui et le suivant jusqu'à la pacification presque totale du mouvement populaire, généreraient les conditions de la gouvernabilité : la stabilité politique et sociale que la Junte n'arrivait pas à garantir pour leurs affaires.

Nous devons insister un moment là-dessus. « L'Etat, dit Lénine, est le produit et l'expression du caractère inconciliable des contradictions de classe. L'Etat surgit au moment et dans la mesure où les contradictions de classe ne peuvent plus objectivement se concilier. 

Et inversement, l'existence de l'Etat démontre que les contradictions de classe sont inconciliables. » 

Il ajoute aussi : « D'après Marx, l'Etat est l'instrument de la domination de classe, un instrument de répression d'une classe par une autre, c'est la création d'un « ordre » qui légalise et renforce cette oppression, en amortissant les chocs entre les classes».

Voilà d'où vient la thèse de Lénine sur la nécessité de détruire, de démolir cet outil de domination. 

Par conséquent, lorsque le peuple de notre pays commença à comprendre que la violence révolutionnaire ne devait pas seulement être utilisée pour échanger un gouvernement militaire pour un autre, civil; lorsque le peuple commença à discerner, comme produit de sa propre combativité, que ce changement serait une simple conséquence de l'accomplissement de sa tâche politique fondamentale, c'est-à-dire la destruction de l'Etat bourgeois-propriétaire terrien; lorsque précisément étaient là les conditions les plus propices pour faire une propagande révolutionnaire comprise par le peuple, autour de la nécessité de la dictature des classes révolutionnaires sur les classes réactionnaires, de la dictature de la majorité sur la minorité, à ce moment-là le révisionnisme, tout en jetant de la poudre aux yeux des masses les plus combatives - qui augmentaient de jour en jour - tendit la main aux ennemis du peuple et offrit, une fois de plus dans l'histoire de notre pays, un « chèque en blanc » à la grande bourgeoisie et à l'impérialisme.

Continuons le cheminement. Au Xè Plenum du Comité Central de 1990, ils affirmèrent : « Le Congrès et la Conférence sont d'accord sur les aspects généraux de notre ligne politique visant à établir au Chili une société socialiste, démocratique et humanitaire, à direction pluraliste, qui accepte le principe de l'alternance gouvernementale et qui n'invoque pas la dictature du prolétariat comme forme d'exercice de l'hégémonie de la classe ouvrière dans la société. »

Or c'est justement celle-ci - la dictature du prolétariat - qui est pour tout marxiste conséquent, comme l'a dit Lénine, un principe non-négociable.

En 1994, ils parachèvent l'abandon de la politique de « rébellion populaire de masses » et formulent leur politique de « révolution démocratique », par laquelle ils prétendent impulser un changement dans le rapport de forces, pour en finir avec le bipartisme qui les empêche de participer au parlement. 

La déclaration du XXè Congrès de 1994 dit : « La nécessité d'arriver à l'objectif stratégique de conquérir un régime véritablement démocratique, non soumis à une tutelle militaire ni à des pouvoirs impériaux et patronaux, tel est le sens de notre proposition de révolution démocratique. »

Est symptomatique de leur opportunisme éhonté cette évaluation de leur politique de rébellion populaire : « Le temps nous adonné raison. Si avait été suivi le chemin que nous avions proposé, consistant en une issue politique de masses, pourvue d'une opposition unie, menée par une coalition démocratique englobant tous les secteurs oppositionnels de l'époque (partis politiques, organismes pour les droits humains; le monde social, avec ses syndicats, groupes professionnels, entités culturelles, de jeunesse, tous regroupés dans une Assemblée de la Citoyenneté), et menant des actions aussi puissantes et combatives que des protestations de masses qui auraient jeté la tyrannie dans le plus grand embarras, alors celle-ci se serait écroulée.

La force de tout un peuple dans la rue, aurait permis par sa mobilisation d'atteindre une démocratie sans entraves, une authentique liberté, sans hypothèque ni dépendance militaire, sans le « rôle directeur » de l'armée. »

Cet unique paragraphe montre bien à quoi ils ressemblent. Ils parlent d'une « issue politique de masses ». 

Mais tout marxiste sait que la solution des problèmes fondamentaux de la société chilienne passe par une issue armée de masses pour la conquête du pouvoir, par l'organisation armée des masses pour la défense du pouvoir conquis, voilà une question de principe qui doit constituer l'expression la plus haute d'une politique révolutionnaire communiste. 

Pour éviter toute confusion, nous insistons sur le fait que le problème ne passe pas par un changement de gouvernement, mais par la démolition totale du vieil Etat, par l'expulsion de l'impérialisme et par la confiscation des biens de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens.

Le comble dans cette déclaration, c'est qu'ils font référence au « rôle directeur » de l'armée, sans plus. C'est pour cette raison que leur politique à ce sujet consiste à dépinochettiser l'armée et la police, parce qu'ils les considèrent comme un patrimoine du peuple tout entier, et non d'un seul secteur de la société chilienne. L'armée de l'Etat chilien constitue un pilier stratégique contre- révolutionnaire, n'est-ce pas là une des grandes leçons de l'histoire, confirmée par le Coup d'Etat et ce qui l'a précédé?

 

7. Le « virage » : le révisionnisme récupère la mémoire

En 1994, au moment où ils exposèrent leur voie d'une « issue politique de masses », ils n'évoquent pas leurs acquis militaires face à la junte militaire fasciste. 

Mais au fur et à mesure qu'avance la décennie et que nous entrons dans le XXIè siècle, ils commencent à « récupérer » la mémoire. De son côté, le mouvement ouvrier et populaire commence à connaître un nouvel essor dans ses luttes.

Pour cette raison, le révisionnisme devait dépoussiérer son expérience armée, pour d'une part « ré-enchanter » les masses et une grande partie de leurs militants, et d'autre part pour « rappeler » au gouvernement le souvenir de ce qui s'est produit lorsqu'ils furent mis dans les cordes politiquement à partir du Coup de 1973.

Malgré ce flirt avec leur mémoire et leurs acquis, la clique des Tellier et Carmona n'oublient jamais d'affirmer, comme ce fut le cas dans les années 1950 avec Corvalan, qu'ils ne représentent de menace pour aucun intérêt respectable.

En effet, lors de la convocation au XXIIè congrès, ils expliquent la tactique du virage dans l'application de la ligne de révolution démocratique, consistant en ceci que « seule l'organisation, la lutte et la mobilisation sociale imposeront les changements démocratiques et rompront les obstacles imposés par la structure institutionnelle actuelle. »

Ils ajoutent à cela la nécessité « d'un changement dans notre mode d'action politique, qui fasse de la mobilisation sociale, en rébellion contre les ordonnances politiques du système, la clef de l'accumulation de forces... Tel doit être le centre de notre pratique politique dans la période à venir... 

Un système à ce point illégitime et anti-démocratique comme est le système actuel ne peut être affronté que par une attitude de rébellion et de de confrontation totale... 

Ceci ne signifie pas abandonner les batailles électorales, mais y participer d'une manière absolument différente de celle d'aujourd'hui. On ne vient aux élections qu'après la plus intense lutte sociale et seulement en tant qu'expression de celle-ci. 

Le principal aujourd'hui, ce n'est pas la participation aux processus électoraux ou aux structures institutionnelles. Ceci implique un changement dans notre façon de faire de la politique. »

Plus loin, ils affirment dans la même convocation. « Nous revendiquons en particulier que soit mis fin au monopole des courants politiques militaristes et de droite dans l'armée, et que soit assumé l'indispensable pluralisme qui est la condition de la démocratie ».

Et plus loin, comme une mence indirecte au gouvernement, ils ajoutent : « Les aspects militaires de la politique ne peuvent ni ne doivent être ignorés et il est de notre devoir de sauvegarder en tant que patrimoine du parti toutes les expériences et capacités que nous avons acquises dans la période où nous dépassâmes le vide historique de notre élaboration politique qui fut mis en évidence par le Coup militaire du 11 septembre 1973. 

Cela n'est possible que si ces aspects de la politique sont l'objet d'une préoccupation constante de la part des structures du parti, et que nous prenons l'offensive toutes les fois qu'on prétendra discréditer l'immense apport développé dans la lutte contre la dictature par des centaines de nos camarades. »

Les « batailles électorales » ne sont pas abandonnées, mais pour les gagner il faut accumuler des forces, c'est-à-dire augmenter le nombre des votants, et ceci s'effectue en mobilisant les masses vers les urnes. 

Il s'agit, comme disait Lénine, d' « un soulèvement soumis ». Ils disent que les élections ne sont pas le principal, mais alors qu'est-ce qui est le principal? 

En ambiguïté, aucun expert ne peut battre les révisionnistes. 

« Le principal aujourd'hui, ce n'est pas la participation aux processus électoraux ou aux structures institutionnelles », formulèrent-ils au moment du virage. Voilà ce qu'on appelle « des phrases qui ont jolie allure », mais nous devrions préciser : une jolie allure opportuniste.

Ce sont des phrases faites pour duper les naïfs, puisque n'importe qui sait que leur lutte contre leur exclusion du système politique et pour la fin du bipartisme, ils ne la mènent pas pour regarder le parlement depuis la fenêtre d'en-face. 

C'est plutôt qu'avec cette phrase, ils prétendent calmer le mécontentement croissant de leurs militants, non seulement vis-à-vis des faibles résultats électoraux, c'est évident, mais aussi face à l'inutilité et au caractère contre-révolutionnaire des élections, et ce qui est le pire, face à la complicité qui est acquise en y participant et en les légitimant.

D'autre part, comme nous l'avons dit, le problème de l'armée chilienne, puisqu'ils la reconnaissent comme une institution démocratique de tous les Chiliens, se pose à leurs yeux comme celui d'en terminer avec le monopole de la droite et de ses courants en son sein, pour atteindre « l'indispensable pluralisme ».

 

8. Le développement du « virage » autour du XXIIè Congrès: un peu plus de crétinisme parlementaire, toujours le même, vieux et pourri

En juin 2006, lors de sa « Convocation au XXIIIè Congrès » considérant les changements politiques ayant eu lieu en Amérique latine, ils lancent un ensemble de propositions plus radicales, du point de vue de « l'utilisation des formes de lutte les plus diverses » (nous le soulignons, « les plus diverses » ne sont plus « toutes les formes de lutte »).

Cette convocation essaie de faire croire que les mobilisations ouvrières et étudiantes étaient le fruit du « virage tactique », au milieu desquelles se développaientles propositions formulées à Bachelet [l'actuelle présidente sociale-démocrate] lors de la campagne électorale pour le deuxième tour et qui a selon eux pour toile de fond « l'ample convergence » pour mettre fin au système électoral du bipartisme.

Il mérite d'être dit que les luttes populaires constituent pour eux, en même temps qu'une monnaie d'échange pour négocier leurs ambitions électorales obstinées, un mécanisme que peut les tirer d'affaire face au discrédit croissant qu'ils subissent au sein des masses populaires et face à leur propre crise interne, produite précisément par le « pas tactique » fait lors du deuxième tour des élections présidentielles, qui laissa dans le plus grand abattement une partie signifiactive de leurs militants, qui travaillent honnêtement et véritablement pour une révolution démocratique.

Mais la direction révisionniste, aveugle d'arrogance, ose affirmer dans la convocation : « Notre défi consiste à nous approprier de ce nouveau moment politique, ce qui nous permettra de déterminer le caractère et le rythme des initiatives à entreprendre pour isoler les secteurs qui représentent le capital financier transnational et ses alliés, et réussir ainsi les avancées de type stratégique que nous traçons pour la période actuelle ». 

Ceci revient à avouer ouvertement que s'il est nécessaire de freiner le mouvement populaire, en fonction de leurs politiques, il le feront. 

Le « caractère » et le « rythme », ce sont eux qui le déterminent, contre toute expressin de « maximalisme » dans le parti ou hors de lui.

Il s'agit d'insinuer un repositionnement vis-à-vis de toutes les formes de lutte radicalisées ou « aiguës ». 

En ce sens, il a fallu un art consommé pour garder les militants et sympathisants illusionnés par le rétablissement de la politique de rébellion de masses, tout en affichant un discours qui raye de la carte la préparation au soulèvement, autrement dit la « confrontation totale » comme il était dit en 2002.

« Les communistes, instruits par la tragique expérience vécue par le peuple chilien, savent qu'il faut être toujours prêts à employer toutes les formes de lutte, mais il doit être aussi très clair qu'il y a des moments adaptés à chacune d'elles.

Les provocations et les actions violentes sans signification et sans raison politique, détachées du mouvement réel des masses, freinent et empêchent la lutte des masses, qui est aujourd'hui le principal.

Ce qui ne discrédite en rien l'auto- défense si on persiste à soumettre le peuple à l'agression ou aux provocations, et aux attaques néo-nazies qui ont émergé ces derniers temps.

Ces formes de lutte et d'auto-défense doivent générer de meilleures conditions pour que les mouvements et les protestations de rue s'expriment, de façon massive et multiple. » Le discours révisionniste devient très sophistiqué, puisque les acquis des années 1980 l'ont revêtu d'une aura révolutionnaire.

Mais celle-ci s'évanouit rapidement, dès qu'on la secoue apparaît son véritable fond : le vieux et putride crétinisme parlementaire. Avec ou sans les armes, ce qui n'a pas changé en l'espace de 50 ans ne va pas changer tout soudain, ni avec le « virage tactique », ni avec le rappel des « acquis ».

C'est ainsi que, d'après les mots de Lautaro Carmona lui-même - haut dirigeant du révisionnisme - prononcés au début 2006, on peut constater la vérité sur pièce : « Il faut un Etat, dit-il, qui prenne en charge la tâche de générer des sources de travail digne, qui procure des services à chacun, comme la santé et l'éducation, et des lois électorales qui permettent à toutes les sensibilités d'être représentées dans les institutions. Nous ne voulons pas revenir au socialisme, nous avons des propositions pour le 21è siècle. »

Comparons ces paroles à celles dites un demi-siècle auparavant, par Luis Corvalán, lors de la 24è Session Plénière du Comité Central : « Nous voulons et nous réclamons notre liberté. Et nous déclarons solennellement que, libres d'agir dans la vie politique, nous ne serons une menace pour aucun intérêt respectable.

Nous sommes partisans que tout se résolve démocratiquement, conformément à la volonté de la majorité du pays dans le cadre du libre jeu de tous les partis et courants. Nous n'aspirons pas aujourd'hui au remplacement de la propriété privée des capitalistes chiliens par la propriété collective.

Et quand demain il sera nécessaire d'avancer sur ce terrain, nous pensons que cela doit aussi se faire avec l'accord de la majorité des Chiliens, par la voie pacifique et en garantissant le bien-être et les droits des capitalistes, c'est- à-dire en les indemnisant comme il se doit. »

 

9. Davantage sur la ligne militaire bourgeoise du révisionnisme

A propos du trentième anniversaire du Déclenchement de la Tâche [vaincre le fascisme], dans cette convocation au congrès de 2006, ils clarifient - à destination de ceux qui auraient pu avoir « oublié » - les caractéristiques de la politique de rébellion de masses, et qui, d'après eux, ont insufflé la vie à la Tâche.

« En avril de cette année, nous célébrerons les 30 ans du Déclenchement de la Tâche, et en septembre les 20 ans de l'opération de Carrizal [opération de réception par le Front Patriotique Manuel Rodriguez d'une grande quantité d'armes provenant par la mer de Cuba, ayant été découverte et mise en échec le 6 août 1986] et l'attaque armée contre le convoi du tyran.

Pour mener ces actions, nous avons réuni plus d'une centaine d'ex- officiers formés à Cuba et dans d'autres pays qui faisaient cause commune avec nous, des officiers révolutionnaires internationalistes. Dix-neuf d'entre eux perdirent la vie au combat. Dix sont repartis dans leurs pays. Il ont contribué à la mise en pratique de notre politique de rébellion populaire contre la dictature. Beaucoup ont subi la prison, beaucoup sont encore poursuivis, d'autres vivent à l'étranger à cause des peines de bannissement, un nombre important d'entre eux a perdu la vie dans des assassinats prémédités ourdis par les forces répressives. Ceux qui vivent au Chili se sont intégrés à la vie civile. » 

Le document continue ainsi :

« Le Parti Communiste reconnaît le rôle de chacun d'entre eux dans un seul nom : celui de Raúl Pellegrinni, premier chef du Frente Patriótico Manuel Rodríguez, qui était composé en grande partie de militants du Parti Communiste. Le rodriguisme fut un acquis du Parti Communiste, qui se prolonge aujourd'hui et demeure en chacun de nous. »

Patients lecteurs, comparez ces « phrases » avec celles de Volodia Teitelboim dans l'interview de mai 1990, que nous répétons : « C'est à notre corps défendant que le peuple identifia la Rébellion Populaire avec une certaine forme de lutte ».

Se réveillant du coma opportuniste et une fois terminée l'amnésie tactique, le « patrimoine » du parti en matière militaire est déterré, dans la même convocation :

« Ces commémorations ont contribué à reconnaître de manière plus complète de rôle joué par le Parti dans l'incorporation des formes d'auto-défense et de lutte armée au patrimoine historique du mouvement populaire chilien, et en liaison à cela, elles ont mis en valeur le nécessité de mettre en oeuvre avec décision la politique militaire du Parti dans cette période, parce qu'en avançant vers la réalisation des objectifs politiques que nous avons posés, la confrontation politique s'aiguisera et s'élucidera quelle sera la forme de développement de la lutte révolutionnaire. Nous devons être préparés politiquement et idéologiquement pour mener des formes de lutte distinctes si les circonstances le réclament. »

Soulignons que l'utilisation des armes dans la lutte politique, la « violence aiguë » comme l'appelle à l'occasion la clique révisionniste, peut être considérée comme une « lutte armée », mais alors dans ce cas, l'emploi de ce concept refléterait un usage partiel et limité de la chose, un usage peu rigoureux au regard de la doctrine militaire du prolétariat.

En ce sens, les protestations massives développées entre 1983 et 1986, qui en partie seulement obéissaient à l'application de la « Politique de Rébellion Populaire de Masses » (PRPM), auraient pu déboucher sur un « soulèvement national » en 1986, c'est-à-dire une insurrection, qui aurait placé le révisionnisme à la tête d'un gouvernement provisoire (c'est ainsi qu'ils posaient le problème au début des années 1980).

Sans méconnaître ces aspects, il faut voir que la lutte armée menée par le révisionnisme était employée comme stratégie de « violence aiguë » sous le mot d'ordre « toutes les formes de lutte », mais cette stratégie n'a jamais compté sur une « coalition démocratique » unie - comme ils le souhaitaient - et qui était fondamentale pour leur modèle de soulèvement passant obligatoirement pour eux par des alliances politiques. C'est-à-dire que leur stratégie n'eut jamais le soutien du Parti Démocratique Chrétien, mais au contraire son rejet le plus absolu.

Mais en 2006, se référant aux années 1980, la « PRPM » et son couronnement dans le soulèvement national se transforme en une « issue politique de masses ».

Ils parlent de la lutte armée en tant que « patrimoine historique » pour ensuite affirmer « la nécessité de mettre en oeuvre avec décision la politique militaire du Parti ». Quelle phrase encore! Comme s'ils allaient reprendre les armes à nouveau!

Ce n'est rien d'autre qu'un miroir aux alouettes, ils agitent des lucioles pour éblouir les simples. Ils disent qu'ils sont préparés « pour entreprendre des formes de lutte distinctes », mais plus toutes les formes de lutte. Il est donc possible qu'ils se préparent au soulèvement national, au soulèvement électoral.

Entre 1905 et 1921, la Russie passa par trois révolutions et par la Guerre Civile. 

En octobre 1902, Lénine n'avait vécu aucun essai révolutionnaire, encore moins une révolution triomphante; mais regardons attentivement comment réfléchissait ce chef bolchévik et comparons avec l'affirmation révisionniste hésitante de tout à l'heure, au sujet de comment dans le futur « s'élucidera quelle sera la forme de développement de la lutte révolutionnaire ».

Lénine dit : « Tant que nous ne disposons pas d'organisations révolutionnaires solidement unies, capable de réunir les détachements suffisants pour diriger tous les aspects d'une manifestation, les échecs seront inévitables. 

Mais une fois que cette organisation se sera structurée et fortifiée au cours même de son travail, grâce à une série d'expériences, elle pourra alors résoudre le problème de quand et comment s'armer, de quand et comment il faut employer les armes. Cette organisation doit travailler sérieusement, autant pour augmenter la « vitesse de la manifestation » (facteur très important, que l'auteur de la lettre souligne avec raison), pour augmenter le nombre de manifestants actifs, pour entraîner les dirigeants de la manifestation, pour attirer la « masse des spectateurs » à participer à « la tâche » et pour « corrompre » les troupes. 

C'est justement parce qu'un processus comme celui de se lancer dans la lutte armée de rue est « dur », et parce que « tôt ou tard c'est inévitable », qu'il est nécessaire de lui donner une solide organisation révolutionnaire, qui se place tout de suite aux avant-postes du mouvement. »

Le problème est que, malgré l'existence de bases honnêtes, la clique révisionniste Tellier-Carmona et le parti qu'ils dirigent ne sont pas une « solide organisation révolutionnaire », mais le contraire de cela. Le chemin vers l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Avant de poursuivre, nous devons faire une petite mais utile digression théorique. 

La ligne militaire prolétarienne est l'application de la théorie militaire du prolétariat, laquelle est l'accumulation de l'expérience de la lutte armée contre l'oppression et l'exploitation dans différents pays : il s'agit de la Guerre Populaire dirigée par les partis prolétariens, et il faut souligner que cette théorie exige l'établissement de bases d'appui, c'est à dire le nouveau pouvoir, qui ne peut exister qu'au bout du fusil. 

La théorie marxiste sur l'Etat part du fait que l'armée, les tribunaux, le parlement, sont de parties constitutives de celui-ci et qu'en dernière analyse ce sont des institutions qui défendent les intérêts des classes dominantes réactionnaires qu'elles représentent, et qui doivent pour cette raison être détruites, démolies. 

Le révisionnisme, au contraire, répand l'illusion d'un changement pacifique dans l'attitude de l'armée et de la police vis- à-vis du peuple. 

Le révsionnisme part du principe que l'Etat exprime des rapports de force déterminés qui peuvent être changés sans qu'il soit nécessaire de le détruire de fond en comble en tant qu'appareil. 

De là découle sa ligne militaire bourgeoise qui a été exposée si magnifiquement au XXIIIè Congrès :

« Ainsi, nous devons donner une continuité et un caractère systématique aux initiatives en direction de l'armée et de la gendarmerie. 

Même s'il est certain que l'armée chilienne n'est pas encore démocratisée et ne s'est pas séparée de la défense des intérêts réactionnaires ni de sa doctrine de sécurité nationale, et que de nombreux responsables de violations des droits humains restent impunis, il n'est pas écrit que l'armée fera forcément obstacle à tout projet populaire d'alternative au néolibéralisme.

L'expérience de divers processus révolutionnaires et progressistes en Amérique latine et notre expérience propre montrent que les institutions militaires ne sont pas imperméables aux idées de changement social. Il arrive que la force du mouvement populaire soit telle qu'elles jouent, en totalité ou en partie, un rôle différent, favorable aux intérêts populaires. »

Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne peuvent pas donner d'exemple concret de cela pour notre pays ni pour les autres nations latino- américaines. 

L'armée et les forces de l'ordre sont l'ultime recours de l'Etat bourgeois-propriétaire terrien chilien, et 100 ans après les événements de l'Ecole Santa María de Iquique [massacre ayant eu lieu le 21 décembre 1907, où des milliers d'ouvriers du salpêtre en grève furent tués alors qu'ils étaient réfugiés dans une école de la ville de Iquique], il est irresponsable et criminel (étant donné leur trajectoire répressive et génocidaire) de répandre des illusions sur leur compte.

Cependant, le révisionnisme au Chili peut le faire, et il l'a fait. Dire que ce n'est pas « écrit » revient à dire que l'exception confirme la règle, et la règle est que l'expérience historique dans chaque cas concret, montre que le caractère essentiellement anti- populaire et contre-révolutionnaire de l'armée dans chaque pays et au plan international, est irrécusable.

Nous sommes loin d'avoir épuisé la caractérisation de ce courant opportuniste au sein du mouvement populaire par cet article. 

En tous cas, la nature ambivalente du révisionnisme, ses définitions imprécises qui cherchent à contenter tout le monde n'ont rien à voir avec la tactique marxiste, qui évolue toujours à l'intérieur de principes bien définis, chose sur laquelle Lénine a toujours été catégorique. 

Etait admise la souplesse tactique, mais jamais au sujet des principes, car cela équivaut à une capitulation. 

Nous terminons cette partie avec cette citation, qui est une véritable synthèse, faite par Lénine en 1904 :

« Quand nous parlons de lutte contre l'opportunisme, il ne faut pas oublier un trait caractéristique de tout l'opportunisme contemporain sur tous les terrains : son caractère indéfini, diffus, insaisissable. L’opportuniste, par nature, cherche toujours à esquiver la position précise et définie des problèmes, il cherche le résultat, il se glisse comme une couleuvre entre des points de vue inconciliables, en s'efforçant de rester d'accord avec les uns et les autres, pour transformer les désaccords en petits amendements, en doutes, en bonnes volontés innocentes, etc, etc. »

 

10. Nos tâches

Pourquoi le révisionnisme est-il le danger principal ? 

La lutte contre le révisionnisme ne se livre pas seulement à l'extérieur des organisations communistes, mais aussi en leur sein. 

Cette nécessaire lutte de lignes est le moteur de tout véritable parti communiste. 

Le problème du changement de couleur et de la lutte pour toujours préserver le rouge, est le reflet dans les partis communistes de la lutte de classes existant dans la société, et ceci indépendamment de quelles sont les classes dominantes à tel ou tel moment.

En ce sens, la lutte à mort entre voie socialiste et voie capitaliste a été une bataille nouvelle et un problème dur à affronter pour le mouvement communiste. L'URSS et la Chine ont fait partie pendant des décennies du camp socialiste. Dès le moment du triomphe de la révolution prolétarienne ou de la révolution de nouvelle démocratie, la lutte contre les tentatives de restauration capitaliste fut très dure.

Le président Mao, à la tête du PC de Chine, sut non seulement reprendre de façon critique l'expérience soviétique de construction d'une nouvelle société, mais aussi, en l'appliquant à sa nation, il la fit passer à une étape supérieure.

C'est pour cela que la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine (1966-1976), expression de la théorie du président Mao sur la continuation de la lutte des classes sous la dictature du prolétariat, a signifié dans l'histoire de l'humanité la plus haute étape dans la lutte des classes opprimées pour conquérir leur émancipation définitive. 

Elle a constitué, c'est certain, une des formes qu'a prise la lutte contre le révisionnisme au sein de la société socialiste et à l'intérieur des partis communistes qui la dirigeaient.

Faire de la propagande sur ces problèmes importants est une tâche constante de tous ceux qui se considèrent comme des communistes. C'est une question de principe quand on aborde la lutte contre le révisionnisme.

En 1963, la lettre ouverte du PCC au PCUS disait : « Si les communistes prennent le chemin de l'opportunisme, ils se transformeront en nationalistes bourgeois et en appendices de l'impérialisme et de la bourgeoise réactionnaire ». 

Le révisionnisme chilien, incarné dans le pseudo-Parti Communiste du Chili, dans le groupe Action Prolétarienne et d'autres organisations, correspond tout à fait à la définition citée plus haut.

Ils ont besoin des masses pour arracher quelques concessions au gouvernement, tout en essayant de tenir allumée l'illusion en un lendemain libre d'exploitation, par la voie parlementaire. Le révisionnisme tente de faire croire au peuple que ses intérêts et les siens sont uns et indistincts; alors qu'ils constituent un pilier de plus pour le maintien en l'état de l'ordre actuel des choses. 

En tout ceci réside leur danger et la nécessité pour les révolutionnaires de lutter contre lui.

Depuis sa genèse dans notre pays, le mouvement ouvrier et populaire n'a pas réussi à se débarrasser de l'influence de la bourgeoisie et de l'idéologie des classes dominantes. 

A ce sujet, Engels expliquait que pendant de longues périodes le mouvement ouvrier accumule un « colossal tas d'ordures » , et qu'il est nécessaire de la balayer. Toutes les révolutions ont montré la nécessité de balayer ce colossal tas d'ordures, de briser cette croûte sous laquelle les masses basses et profondes clament l'organisation de la rébellion. 

Un des aspects fondamentaux de la tactique marxiste consiste précisément à aller au sein du bas et profond des masses.

Nous ne pouvons pas dans notre travail politique révolutionnaire relâcher la vigilance face au révisionnisme et à son rôle à l'intérieur du mouvement populaire.

Tout en nous dirigeant au sein du bas et profond des masses, vers les masses sans parti et inorganisées, nous devons travailler systématiquement sur tous les terrains pour démasquer les révisionnistes dans le processus même où nous nous lions aux masses et à leurs luttes.

A chaque fois qu'ils s'obstinent à chevaucher sur le dos des masses, nous devons savoir profiter de l'impulsion qu'ils doivent donner au mouvement populaire (chose qu'ils ne peuvent pas ne pas faire, sous peine d'expulsion hors de ses rangs) pour mieux les dénoncer lorsqu'une fois satisfaites leurs mesquines revendications politiques, ils tentent de freiner et d'endiguer le débordement populaire. 

Nous devons agir avec souplesse au moment de nous lier aux masses, malgré l'existence ou la présence du révisionnisme dans les organisations du peuple. Nous devons leur arracher la direction du mouvement.

La dénonciation occasionnelle du révisionnisme est insuffisante pour les déloger de la direction et les expulser des rangs du mouvement ouvrier et populaire. 

Parce que c'est une tâche dont les masses elles-mêmes doivent s'emparer, est nécessaire une action patiente d'explication parmi elles.

On doit apprendre aux masses et apprendre d'elles à tout moment: quand les luttes se préparent, quand elles se déroulent et quand elles ont pris fin, dans les intervalles entre telle ou telle période de lutte ouverte, etc.

Pour y parvenir, il faut s'unir aux masses, les organiser, les mobiliser, les politiser et construire l'organisation communiste - dans la perspective de fonder le Parti Communiste du Chili (marxiste-léniniste-maoïste). 

Nous répétons. Expliquer, éduquer, apprendre et lutter résolument avec les masses sans perdre de vue que tout ceci fait partie des préparatifs inéluctables pour déclencher la guerre populaire d'abord et la développer ensuite.

 

Union des Révolutionnaire Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes)

Aout 2007

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