25 fév 1930

La situation dans l'URSS

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Présidium Elargi du Comité Executif de l'Internationale Communiste
25 Février 1930

 Le Présidium du C.E. de l'I.C., après avoir entendu le rapport du camarade Molotov sur la situation en U.R.S.S., constate que les nouveaux succès formidables de l'offensive socialiste du prolétariat de l'U.R.S.S. et de son avant-garde, le P.C. de l'U.R.S.S., constituent une victoire de la plus haute importance pour le prolétariat mondial.

La Xe session plénière du C.E. de l'I.C., en soulignant le développement impétueux de l'industrie socialiste et l'essor puissant de l'enthousiasme du prolétariat édifiant le socialisme, a déjà marqué que le plan quinquennal de l'édification socialiste est un succès formidable non seulement pour les masses laborieuses de l'U.R.S.S., mais aussi pour tout le prolétariat international. Les résultats de la première année de la période quinquennale montrent que le plan annuel a été rempli et que les prémisses on été créées pour que le plan quinquennal soit dépassé.

L'accroissement de la production industrielle se poursuit à une allure toujours plus rapide et dépasse considérablement les chiffres prévus pour la seconde année de la période quinquennale. Le rendement du travail augmente, ce qui crée des conditions techniques bien plus favorables pour les succès ultérieurs dans ce domaine.

Les capitaux nouvellement investis dans les industries de base ont dépassé au cours de la première année de la période quinquennale une fois et demie les prévisions du plan. L'industrie lourde progresse intensément et l'allure de son développement dépasse considérablement le développement moyen de l’industrie dans son ensemble.

En même temps, une modification des plus considérables s’est également produite dans le domaine des échanges qui eux aussi progressent rapidement dans le sens de la socialisation (93 % de tous les échanges sont déjà assurés par les organismes d’État et la coopération).

En même temps, malgré toutes les difficultés spécifiques de l’édification socialiste en U.R.S.S., on y observe un nouvel accroissement numérique de la classe ouvrière, la croissance des salaires, le passage d’une partie considérable des entreprises industrielles à la journée de 7 heures et à la semaine ininterrompue de 5 jours, la réduction du chômage, la multiplication continue des institutions destinées à élever la culture et à améliorer les conditions d’existence de la grande masse ouvrière.

Le succès le plus important de la dernière année est la croissance du mouvement des kolkhoz. Ce mouvement revêt un caractère de masse, embrasse des régions entières d’une grande étendue et englobe dès maintenant près de la moitié des petites exploitations paysannes individuelles de l’U.R.S.S.

Le Présidium du C.E. de l’I.C. considère comme une grande victoire de l’offensive socialiste, le fait que, déjà dans le proche avenir, plus de la moitié de toutes les céréales destinées au marché sera livrée à l’État par les kolkhoz et les sovkhoz, ce qui ne peut manquer de constituer un tournant dans la corélation des forces de classes en U.R.S.S. ainsi que dans le domaine des rapports internationaux entre l’U.R.S.S. et les autres pays.

Le développement impétueux des kolkhoz résoud l’un des plus difficiles problèmes de la dictature du prolétariat, le problème de l’entraînement de millions d’exploitations paysannes individuelles dans l’orbite de la révolution socialiste. Ce mouvement grandiose brisant tous les obstacles qui se dressent sur son chemin, renverse toutes les théories réformistes et bourgeoises sur la « stabilité » économique et sur les « avantages » de la petite exploitation individuelle sur la grande.

Ce mouvement de masses enterre une fois pour toutes la conception menchéviste adoptée par les trotskistes sur le caractère contre-révolutionnaire de la paysannerie dans son ensemble et selon laquelle le prolétariat serait incapable d’entraîner à sa suite les masses formidables de la campagne dans la voie du socialisme.

Ce mouvement réfute absolument les conceptions essentielles des opportunistes de droite affirmant que la politique de collectivisation menace de rompre l’alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie, qu’elle entrave l’approvisionnement des villes en céréales et aboutit à la réduction des terres ensemencées.

Le succès du mouvement des kolkhoz et le caractère de masse de ce mouvement, qui permet de substituer à l’économie capitaliste (koulaks) les grandes exploitations collectives, posent la dictature prolétarienne devant la tâche de la liquidation des koulaks en tant que classe. Étant donné qu’en Union soviétique, les koulaks forment la classe qui, jusqu’à ces derniers temps, avait conservé la base de production capitaliste, la politique de liquidation de cette classe contribue à ce que les paysans pauvres et moyens se tournent en masse vers le socialisme.

Cette politique enlève en même temps à la bourgeoisie mondiale une de ses principales positions, du fait qu’elle la prive du concours de la contre-révolution koulak au sein de l’U.R.S.S. De ce fait, tout progrès du mouvement des kolkhoz constitue un nouveau jalon dans la voie de la victoire de la révolution mondiale. Le succès du mouvement de collectivisation ne peut manquer de résonner comme un appel aux oreilles du prolétariat mondial et des masses paysannes opprimées du monde entier, comme un appel à la lutte pour la dictature mondiale du prolétariat.

Le Présidium du C.E. de l’I.C. considère comme un gage de première importance de la victoire du socialisme le fait que le mouvement des kolkhoz est réellement un mouvement de masses innombrables de paysans pauvres et moyens, devant lesquelles les douze années de luttes incomparables sous la direction du prolétariat et de son parti ont ouvert les horizons les plus vastes.

Pour la grande masse des campagnes, la lutte pour les kolkhoz est liée à la rupture complète avec le passé extrêmement pénible, grâce à un essor culturel puissant et à un changement radical de toute l’existence de la masse paysanne.

La participation organisée de ces masses au mouvement de collectivisation, à condition que le principe du volontariat soit vigoureusement assuré dans l’ensemble du mouvement de collectivisation, accélère le processus d’union de la masse fondamentale des campagnes avec le prolétariat industriel, du fait qu’elle donne à l’alliance du prolétariat avec la paysannerie une base économique des plus solide, une base de production, et qu’elle aboutit de ce fait à la suppression des contradictions entre la ville et la campagne.

L’influence croissante de la ville prolétarienne et son hégémonie à l’égard de la campagne, en brisant toutes les anciennes manières de vivre, acquièrent une importance encore plus considérable du fait que le succès de l’offensive socialiste est devenu la cause d’un nouvel essor puissant de l’activité et de l’initiative du prolétariat qui, en U.R.S.S., exerce la dictature et l’hégémonie dans la révolution socialiste.

L’activité de la masse ouvrière qui s’est considérablement accrue s’exprime par la croissance de l’enthousiasme au travail par la creation de nouvelles méthodes dans l’édification socialiste par un mouvement puissant vers de nouvelles formes d’organisation de son activité, par le mouvement de brigades de choc et par l’émulation socialiste, par la mobilisation de brigades de choc se portant au secours des kolkhoz, par la lutte active pour la science et la technique, par l’action internationale grandissante.

L’activité politique croissante de la classe ouvrière se manifeste le plus nettement par le rythme exceptionnel du renforcement numérique du parti communiste auquel adhèrent maintenant les ouvriers par ateliers entiers.

La confiance des grandes masses dans le parti communiste, confiance qui augmente chaque jour, est une conséquence directe de la justesse de sa direction.

Les grandes masses se rendent de plus en plus compte que les succès décisifs sur le front socialiste sont indissolublement liés à la ligne juste du parti qui n’a rien de commun avec la ligne antiléniniste préconisant de pousser à outrance les progrès, et qui exagère l’efficacité des méthodes administratives (ce qui caractérisait la ligne des trotskistes et, en suite, la ligne de l’opposition de Zinoviev), pas plus qu’avec la ligne politique antiléniniste des concessions illimitées aux éléments capitalistes, préconisée par les partisans de la théorie de Boukharine sur « l’intégration du koulak au socialisme ».

Le P.C. suit fermement sa ligne dans les conditions les plus difficiles, au moment où l’offensive socialiste se heurte à la résistance acharnée de toutes les forces antiprolétariennes, antisocialistes et, en fait, contre-révolutionnaires en Union soviétique et à l’étranger.

En constatant les tentatives désespérées des ennemis de classe d’empêcher l’œuvre de l’édification du socialisme en U.R.S.S., l’Internationale communiste salue la lutte révolutionnaire du P.C. de l’U.R.S.S. et du pouvoir soviétique contre les koulaks, contre les saboteurs, contre tous les agents de la contre-révolution mondiale.

Le Présidium du C.E. de l’I.C. déclare que la lutte du P.C. de l’U.R.S.S. contre ses ennemis est en même temps la lutte de toute l’Internationale communiste, et que cette lutte doit être menée de la taçon la plus conséquente et irréductible.

Le Présidium du C.E. de l’I.C. est convaincu qu’une direction juste de la classe ouvrière et que la mobilisation de toutes les forces créatrices nécessaires pour vaincre complètement les difficultés, seront d’autant mieux assurées que le P.C. de l’U.R.S.S. continuera à lutter irréductiblement contre toutes sortes d’oscillations et d’hésitations, pour une ligne de classe claire, nette.

Toutes les sections de l’I.C. doivent s’approprier l’expérience incomparable du P.C. de l’U.R.S.S., fort de son art léniniste de diriger les masses, de sa fermeté bolchéviste dans la lutte contre les écarts de la ligne du parti, de l’épuration systématique de la masse de ses adhérents et de l’union intime du parti avec les masses prolétariennes, grâce au large déploiement de l’autocritique.

Tout en saluant la direction léniniste du P.C. de l’U.R.S.S. au nom des sections de l’I.C., le Présidium du C.E. de l’I.C, déclare que toute l’Internationale communiste soutient entièrement et sans réserve la lutte impitoyable du P.C. de l’U.R.S.S. et de son Comité central pour les principes du léninisme, pour la ligne léniniste dans le P.C., pour la liquidation complète de la déviation de droite et des conciliateurs à son égard, contre toutes les manifestations de la phraséologie gauche, vestiges de la démagogie petite-bourgeoise et hystérique du trotskisme dont l’essence contre-révolutionnaire est aujourd’hui définitivement démasquée.

Le Présidium du C.E. de l’I.C. souligne encore une fois l’importance énorme qu’a la lutte contre les déviations dans le P.C. de l’U.R.S.S., pour toutes les sections de l’I.C. et constate avec joie la consolidation du P.C. de l’U.R.S.S. sur la base de la ligne léniniste seule juste et de la débâcle de tous les éléments et courants qui menaçaient d’affaiblir la capacité de lutte du P.C.

Les succès remportés dans l’exécution du plan quinquennal, et tout particulièrement la refonte socialiste de la campagne, constituent la cause réelle de la recrudescence des tendances agressives de l’impérialisme contre l’U.R.S.S.

Serré à en étouffer dans l’étau des contradictions insolubles aggravées encore par la crise sévissant aux États-Unis, impuissant à prévenir la propagande de cette crise à une série d’autres États capitalistes, l’impérialisme ne peut pas ne pas s’apercevoir que la réalisation du plan quinquennal équivaut à l’échec de ses propres plans.

Les succès remportés dans l’exécution du plan quinquennal renforcent les positions de la dictature prolétarienne et du socialisme, condamnent à l’échec tous les plans de la bourgeoisie tendant à subjuguer le pouvoir soviétique par des mesures d’oppression économique.

Le plan Young qui est un plan de spoliation au profit des impérialistes (en premier lieu au profit des États-Unis) sur le dos des masses prolétariennes et semi-prolétariennes d’Europe et, en particulier, d’Allemagne, a sa pointe dirigée contre l’U.R.S.S.

Plus le niveau culturel et matériel des masses laborieuses de l’U.R.S.S. est élevé par le renforcement des positions socialistes, plus le problème du chômage est résolu avec succès au cours même du processus de l’édification du socialisme, plus il sera difficile à l’impérialisme de réaliser les principaux points de son programme, c’est-à-dire de rejeter tout le fardeau de la crise sur le dos des masses laborieuses des pays capitalistes et coloniaux par une intensification encore plus inhumaine de la rationalisation, par le congédiement de masses ouvrières de plus en plus grandes et par la promulgation de nouveaux impôts.

En contraste flagrant avec le monde capitaliste en putréfaction, le pays de la construction du socialisme attire plus que jamais les regards des travailleurs et des opprimés de tous les pays qui voient dans l’Union soviétique le plus grand appui dans leurs luttes émancipatrices. Cela accélère chaque jour davantage le processus d’ébranlement de la stabilisation capitaliste.

Toutes les provocations à l’adresse de l’U.R.S.S., toutes les campagnes de mensonges et de calomnies ignobles déclenchées contre le pays de la dictature prolétarienne par la bourgeoisie et ses valets, le social-fascisme, en alliance avec le pape et toutes les forces réactionnaires du vieux monde, ne sont autre chose qu’un appel à la défense du koulak et une croisade contre la révolution prolétarienne internationale, et en premier lieu contre l’U.R.S.S., pilier de cette révolution.

Actuellement, où la tâche primordiale des impérialistes est d’empêcher par tous les moyens le progrès de l’offensive socialiste en U.R.S.S., le prolétariat mondial doit se montrer d’autant plus vigilant et toutes les sections de l’I.C. être d’autant plus sur leur garde.

Le Présidium du C.E. de l’I.C. rappelle encore une fois aux sections de l’I.C. toutes les décisions de l’I.C. relatives à l’organisation de la défense du pays de la dictature prolétarienne, seule patrie des travailleurs de tous les pays.

En adressant son salut bolchéviste chaleureux à la classe ouvrière, à la paysannerie avancée de l’U.R.S.S. et à l’armée rouge, le Présidium du C.E. de l’I.C. les assure que les combats de classe livrés par le prolétariat sur un front toujours plus étendu dans le monde entier et que les combats toujours plus considérables de tous les opprimés sont indissolublement liés à l’œuvre de la défense de l’U.R.S.S., aux succès du grand plan de construction du socialisme, car les travailleurs de tous les pays ont clairement compris, et pour la première fois dans l’histoire de la lutte de classe, que la réalisation pratique de ce plan est le chemin qui les conduira à la conquête du socialisme dans le monde entier.