16 sep 2016

Le sens de la manifestation du 15 septembre 2016 contre la loi travail

Submitted by cavia

Hier a pris un fin une tentative que, dans dix ans, on considérera comme une grande mascarade. Ce n'est pas pour rien, en effet, si le mouvement contre la Loi travail a échoué, alors que l'opinion publique s'opposait pourtant en grande majorité à cette dite loi.

En pratique, c'est la CGT qui a lancé le mouvement, prolongeant l'initiative de critique romantique du capitalisme lancé par le film « Merci patron » de François Ruffin. La CGT, qui vit de la cogestion par en haut, perd ses positions et se verrait considérablement affaiblie avec le corporatisme par en bas qui est le noyau dur de la Loi travail.

Notons d'ailleurs qu'il est significatif que nous ayons été les seuls à voir ce noyau corporatiste. C'est une question de rapport à la lutte de classes, de perspective matérialiste dialectique. Il faut voir les choses de manière scientifique.

La CGT, donc, ce monstre contre-révolutionnaire à l'œuvre depuis le début des années 1960, a mis de l'huile sur le feu, jouant sur le coup de force, notamment au moyen des raffineries. Force Ouvrière, son concurrent historique, s'est mis de la partie afin de gagner des points en apparence de combativité.

L'enjeu étant bien entendu, de ne pas perdre du terrain face à la CFDT, le syndicat historique de l'autogestion, c'est-à-dire de la cogestion par en bas.

A la CGT s'est donc ajouté la petite-bourgeoisie radicalisée par la crise, depuis François Ruffin jusqu'à « Nuit debout », en passant par les anarchistes pratiquant la casse.

Tous ces gens espéraient que les masses les suivraient comme forces d'appoint… Sauf qu'elles ne sont pas tombées dans le panneau. Le piège était trop grossier.

L'échec est tellement patent qu'hier, personne n'a fait semblant. Il y a eu entre 80 et 100 000 personnes manifestant dans toute la France, mais on savait déjà qu'aucune autre manifestation n'était prévue, que Force Ouvrière abandonnait le terrain pour se consacrer à des aspects juridiques, que tout s'enlisait, alors que la loi était de toutes manières passée.

C'est qu'à force de s'auto-intoxiquer, à un moment la réalité reprend ses droits. Le mouvement contre la Loi travail n'a pas été marquée par une mobilisation des travailleurs du secteur privé, les initiatives ont été purement syndicales et jamais marquées par la formation d'assemblées.

A part, bien entendu, dans les facultés, où ont régné les fantasmagories petites-bourgeois sur des luttes s'étendant, convergeant, etc.

S'il y a une chose qui a pu faire mal au cœur, c'est de voir des drapeaux rouges dans ces cortèges d'opposition à la Loi travail où l'image qui ressortait étaient le conformisme petit-bourgeois fraternisant avec la beauferie de l'aristocratie ouvrière, cette alliance de la bière et du pastis, du burger et de la merguez.

Leur « mouvement social » a, cependant, réussi son coup : empêcher l'émergence d'une réelle lutte de classes. Une lutte de classes ne peut, effectivement, exister qu'en portant une démarche autonome par rapport à la bourgeoisie et ses institutions. Cela n'a été nullement le cas.

Encore, s'il y avait une combattivité sociale qui en était ressortie… Mais même celle-ci a relevé du cinéma de la CGT, dans un psychodrame digne d'une mise en scène de cinéma.

Il est vrai que cela suffit pour mobiliser des révolutionnaires en papier adeptes de la publication en série de petits messages enflammés sur Facebook et de photos de rébellion romantique sur Twitter ou Tumblr.

D'une certaine manière, la petite-bourgeoisie radicalisée et l'aristocratie ouvrière ont eu ce qu'elles voulaient, le maximum qu'elles pouvaient avoir : un soulèvement fictif, pour défendre leurs intérêts, en abusant des masses.

L'absence de ces dernières, elles s'en sont accommodées, avec une fuite en avant. Elles pensent encore avoir « bien joué ».

Mais l'Histoire n'a pas de temps à perdre avec de telles mascarades : les enjeux sont bien trop importants. L'irruption inévitable de la classe ouvrière sur la scène politique est ici une nécessité historique et sa concrétisation remettra le réalisme à l'ordre du jour, hors de tout le théâtre de la CGT et des anarchistes.

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