PCMLM - Déclaration 6 - La Wallonie et la question nationale
Submitted by Anonyme (non vérifié)Suite aux propos de Marine Le Pen, en la veille de la fête nationale belge, comme quoi « La France doit tendre la main à la Wallonie », le PCMLM s’affirme contre cette pression impérialiste exercée sur la Belgique.
Les peuples veulent s’unir, et c’est un sentiment progressiste que celui d’une unité entre la France et la Wallonie, sauf que ce sentiment ne saurait se réaliser aux dépens d’un pays, avec une scission nationaliste entre la Flandre et la Wallonie.
Le PCMLM rappelle ici les deux enseignements de Lénine :
- le rejet de tout nationalisme même « le plus raffiné »
- ce qu’est l’objectif communiste : la constitution des « États-Unis du monde »
1. « Les ouvriers conscients s’efforcent de rejeter tout nationalisme, aussi bien le nationalisme grossier, violent, à la Cent-Noir, que le nationalisme le plus raffiné, celui qui prêche l’égalité en droits des nations en même temps que… la dislocation du camp ouvrier, des organisations ouvrières, du mouvement ouvrier, par nationalités.
Mettant en pratique les résolutions adoptées à la dernière conférence des marxistes (été 1913), ils défendent – à la différence de toutes les couches de la bourgeoisie nationaliste – non seulement l’égalité en droits la plus complète, la plus conséquente, une égalité poussée jusqu’au bout, des nations et des langues, mais aussi la fusion des masses ouvrières des différentes nationalités dans toutes sortes d’organisations prolétariennes uniques. »
(Lénine, La corruption des ouvriers par un nationalisme raffiné, mai 1914).
2. « Les États-Unis du monde (et non d’Europe) sont la forme politique d’union et de liberté que nous rattachons au socialisme en attendant que la victoire totale du communisme amène la disparition définitive de tout État, y compris l’État démocratique.
Toutefois, comme mot d’ordre indépendant, celui États-Unis du monde ne serait guère juste, d’abord parce qu’il se confond avec le socialisme ; en second lieu, parce qu’il pourrait conduire à des conclusions erronées sur l’impossibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays et sur l’attitude du pays en question envers les autres.
(Lénine, A propos du mot d’ordre des États-Unis d’Europe, août 1915)
Avec la crise générale du capitalisme, les conceptions romantiques se développent et particulièrement dans la question nationale, notamment en France.
La juste lutte de nations opprimées, comme la nation basque et la nation corse, celle pour une culture nationale opprimée comme la culture bretonne, sont travesties en romantisme nationaliste. La « libération nationale » se voit attribuer des propriétés révolutionnaires miraculeuses.
Des entités nationales fictives sont mêmes crées, comme dans le cas de « l’Occitanie », « nation » dont la libération serait forcément en rupture avec toutes les formes d’oppression.
Dans ces exemples, jamais il n’est question de la bourgeoisie, à aucun moment, même pas de bourgeoisie nationale : il y aurait une nation entièrement opprimée par une entité basée à Paris.
Cette conception « nationalitaire » est petite-bourgeoise : tout pays se divise en classes sociales ; dans le cas d’une oppression nationale, il y a nécessairement une bourgeoisie nationale opprimée. S’il n’y a pas de bourgeoisie nationale opprimée, alors il n’y a pas de nation opprimée, car c’est la bourgeoisie qui fait la nation.
Les nations et les villes sont nées avec la bourgeoisie, elles mourront avec elle. Le communisme dépasse toutes les nations, les fusionnant, tout comme il résout la contradiction entre les villes et les campagnes.
Les communistes ne soutiennent donc pas la « séparation » des nations mais leur droit à disposer d’elles-mêmes, et donc de se séparer le cas échéant.
Le cassage de la Belgique capitaliste, tout comme celui de la Yougoslavie fasciste, n’est pas progressiste. Ne peut être progressiste qu’une séparation permettant à une classe ouvrière de prendre le pouvoir, car seul le socialisme est qualitativement supérieur à une union nationale (même sur une base oppressive).
Voilà pourquoi les communistes ont toujours salué le juste combat d’ETA contre l’État fasciste espagnol, et pourquoi ils ne peuvent que regretter sa déviation romantique caractérisée par l’abandon des objectifs initiaux (l’État socialiste) et le rejet des communistes (notamment des GRAPO).
Voilà pourquoi les communistes s’opposent à l’initiative de Marine Le Pen, qui vise à agrandir le territoire national français afin que la bourgeoisie soit plus forte.
Marine Le Pen montre bien qu’elle est la représentante de la fraction impérialiste de la bourgeoisie, la fraction la plus agressive, celle qui pousse la tendance à la guerre.
Marine Le Pen parle de fraternité et de tendre la main, masquant cette agressivité impérialiste derrière un discours de « progrès social » : voilà qui montre bien ce qu’est le fascisme, avec toute sa démagogie et sa manipulation de la volonté des masses populaires de dépasser tous les clivages nationaux.
Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
juillet 2011
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ANNEXE
Communiqué de Presse de Marine Le Pen, Présidente du Front National :
La France doit tendre la main à la Wallonie
La crise politique que connaît la Belgique s’aggrave, ne trouve pas de solution et jette Wallons et Flamands dans une incertitude terrible. Personne ne se réjouit de cette situation et chacun en France partage l’inquiétude des Belges.
En cette veille de fête nationale belge, Il est néanmoins de la responsabilité de la France et des Français de tendre la main aux Wallons.
Si la Belgique venait à éclater, si la Flandre prenait son indépendance, hypothèse de plus en plus crédible, la République française s’honorerait d’accueillir en son sein la Wallonie. Les liens historiques et fraternels qui unissent nos deux peuples sont trop forts pour que la France abandonne la Wallonie.
Il va de soi que ces décisions importantes pour l’avenir de nos peuples ne pourraient être prises qu’après consultation par référendum des Français et des Wallons.