6 mois après Merah, « des groupes déterminés à la violence contre les juifs »
Submitted by Anonyme (non vérifié)Nous sommes six mois après « l'affaire Merah » (voir ici notre dossier sur l'affaire Merah), un événement d'une portée historique en France. En six mois pourtant, l'extrême-gauche n'a toujours pas analysé cette « affaire » ni produit un seul document d'analyse de l'antisémitisme.
Et si on dit six mois depuis l'affaire Merah, c'est inexact, c'est en fait plus de six mois. Car l'affaire Merah s'est déroulé du 19 au 22 mars 2012, et six mois après cela donne le 19 septembre, jour de l'attaque au moyen d'une grande défensive – à plâtre – contre une épicerie casher de la ville de Sarcelles, dans le nord de Paris, abritant une importante communauté juive.
Une attaque où une empreinte digitale sur les restes de la grenade a amené à Jérémie Louis-Sidney, qui a donc ouvert le feu sur la police lors d'une intervention de la police pour l'arrêter, samedi 6 octobre 2012. Avec dans la foulée l'arrestation par la police bourgeoise d'un noyau islamiste de « convertis ».
Tout cela confirme, tristement mais impitoyablement, l'analyse faite au moment de « l'affaire Merah. » La société bourgeoise implose et le romantisme islamiste, en pleine décadence, se « réalise » dans une fuite en avant où, bien sûr, l'antisémitisme est une clef essentielle.
L'antisémitisme, qui suinte de tous les pores de la société française, est de plus en plus le moteur du romantisme anticapitaliste, avec une dimension exterminatrice toujours plus présente.
Le journal Le Monde s'est vu obligé – un fait significatif – de dire les choses clairement, non pas dans un article, mais dans son éditorial même, comme une prise de position politique. Ce qui révèle l'ampleur de la crise qui secoue la France.
Voici l'éditorial :
« Le week-end a confirmé une sinistre réalité : il existe en France des groupes déterminés à la violence contre les juifs. Il faut lire les événements de Strasbourg à l'aune de cette simple et cruelle évidence factuelle.
Elle relève d'une actualité récurrente où la police enregistre çà et là une myriade d'agressions de rue : tirs sur la synagogue d'Argenteuil, gamins qui se font arracher leur kippa ou tabasser parce qu'ils en portent une.
Cette évidence cruelle surgit à la "une" de l'actualité dans des circonstances plus dramatiques. Quand, pour la première fois depuis la fin de la guerre, des enfants sont tués en France parce qu'ils sont juifs, avec les crimes perpétrés à Toulouse par Mohamed Merah il y a plus de six mois.
Quand une grenade est lancée en pleine journée dans une supérette casher de Sarcelles, dans la région parisienne, comme il y a deux semaines. Quand la police démantèle un réseau islamiste et le trouve en possession d'une liste de projets d'attaques contre des associations juives de France, comme ce samedi 6 octobre.
Cette violence n'est pas indiscriminée ; elle est bel et bien ciblée. Elle est commise au nom de l'islam, censé inspirer un combat islamiste, djihadiste, al-qaïdiste. Même si ses auteurs, en général convertis de fraîche date et baignant dans le banditisme, ignorent tout de l'islam.
Elle est souvent accompagnée d'un invraisemblable salmigondis idéologique où se mêlent des causes qui ne peuvent, à juste titre, laisser les musulmans de France insensibles : cela va du Proche-Orient à l'Afghanistan.
Mais, élément nouveau et terrifiant, cette violence emprunte aussi, sinon surtout, au vieil anti-sémitisme européen, celui qui avait cours en France à la fin du XIXe siècle. Elle véhicule sur les juifs tous les préjugés racistes de l'époque ; elle réhabilite théories du complot et archétypes les plus ignobles. C'est au nom de cet antisémitisme qu'Ilan Halimi a été enlevé puis torturé à mort par le "gang des barbares" en 2006.
Internet véhicule à plaisir ce renouveau antisémite sur une floppée de site islamistes où la haine des juifs est au cœur d'un discours antioccidental.
Avant et plus encore après le drame de Toulouse, les responsables de la communauté juive avaient tiré la signal d'alarme. Sans être assez entendus, ils mettaient en garde contre la renaissance d'un antisémitisme virulent dans certains quartiers des villes françaises. La mort de Merah a été suivie d'une vague d'agressions contre les juifs.
Telle est la réalité, simple, crue – irréductible à telle ou telle explication géopolitique. C'est une réalité franco-française. Elle ne "résume" pas nos banlieues, mais elle est là. Elle occulte des initiatives admirables où juifs et musulmans luttent ensemble contre les dérives radicales.
L'islam de France ne manque pas de grandes voix pour combattre le racisme antijuif. Elles le font régulièrement, presque rituellement. Mais la prise de conscience doit être nationale : cette affaire-là nous concerne tous. »
De fait, c'est une crise « franco-française », nullement une « importation » et le ministre de l'intérieur Valls d'annoncer la couleur : « C'est toute la difficulté... Il ne s'agit pas de réseaux terroristes qui viennent de l'extérieur, il s'agit de réseaux qui sont dans nos quartiers. Il ne s'agit pas d'étrangers, il s'agit de Français convertis, de Français musulmans. »
D'où l'utilisation par les médias, de manière massive, du terme « sociopathe » pour désigner, en réalité, ceux qui sont des fascistes.
Les institutions républicaines – bourgeoises – sont dépassées par la réalité sociale en train d'imploser. D'où la tactique de Marine Le Pen de se placer comme véritable moyen de défense de la « civilisation », de la « République », etc.
La banalisation de l'antisémitisme, son intégration dans la matrice de la dynamique réactionnaire, est un fait clair et net. Et ce n'est pas contradictoire que le romantisme islamiste soit en interrelation avec le nationalisme français, bien au contraire : c'est la preuve de la dynamique fasciste, dynamique contre-révolutionnaire brisant toute tentative de lutte de classes au moyen de la désorientation et de la désorganisation.
Seule la construction du noyau dur matérialiste dialectique permet de se confronter à cette offensive réactionnaire générale, qui noie petit à petit toutes les aires d'expressions sociales.