Entre mysticisme républicain et social-chauvinisme, le programme du Front de Gauche par Jean-Luc Mélenchon est un programme réactionnaire
Submitted by Anonyme (non vérifié)Jean-Luc Mélenchon a publié récemment sa proposition de programme du Front de Gauche pour les élections de 2012. Ce document intitulé « l'humain d'abord » est une succession de propositions plus ou moins radicales balancées les unes après les autres, une sorte de liste comme l'on peut en faire pour ses courses au supermarché.
Le tout étant formulé dans une style outrancièrement racoleur propre à Mélenchon.
Cette liste à pour but de satisfaire et de rassembler tout ce que la gauche Parti Socialiste et l’extrême gauche petite-bourgeoise compte de « radicaux ». Bien sur, ce programme n'est pas un programme « de gouvernement », c'est à dire que le Front de gauche n'imagine pas véritablement remporter les élections présidentielles et parlementaires.
Mais par contre la tactique est simple, il s'agit d'obtenir le plus de voix possible afin de peser vis à vis du Parti Socialiste et ainsi négocier des places. On a là de la pure tactique politicienne propre au parlementarisme bourgeois et typique de la Vème République.
La candidature de Mélenchon aux présidentielles de 2012 signe aussi l’arrêt de mort du vieux Parti « Communiste » Français et entérine sa soumission totale à la sociale-démocratie. Mais c'est une tendance précise de la sociale-démocratie que représente Mélenchon, une tendance « radicale » face aux candidats du Parti Socialiste qui n'osent même plus garantir des augmentations de salaire. Une tendance radicale certes, mais surtout une tendance très nationaliste et violemment (sociale-)impérialiste.
Dans le programme du Front de Gauche, il n'y a pas de critique en profondeur de la société capitaliste française, ni de la bourgeoisie la classe exploiteuse qui est à sa tête. Pour Mélenchon, il n'y a pas de classes sociales qui s'affrontent selon des intérêts historiquement divergents. Pour lui il y a une « oligarchie » qui représente la « finance » et qui en quelque sorte corrompe la république française.
Cela est très clair dans son introduction quand il dit que « ce sont désormais les « marchés financiers » auxquels les gouvernements confient la réalité du pouvoir » et qu'il rajoute plus loin, à propos de la « règle d'or », la loi d'équilibre budgétaire : « Si une telle disposition était intégrée dans la Constitution française, les prétentions des détenteurs de la dette s'imposeraient à nos représentant élus ».
On a là une thèse purement démagogique et fascisante (et totalement antiscientifique) comme quoi une couche de parasites gangrènerait la République française qui serait par contre initialement « pure » et démocratique. En vérité, le capital financier n'impose pas ses choix à l’État de manière extérieure. L’État français est lui même une représentation du capital, traversé de contradictions représentant différentes fractions de la bourgeoisie. Quand Mélenchon insiste sur la défense de la Constitution française contre les « financiers », il montre bien sa nature réactionnaire, c'est à dire qu'il défend l’État en tant qu’institution bourgeoise.
Son but affiché est donc de se débarrasser de cette couche de « financiers » et de remettre la République en avant. Une République dans une version totalement mystifiée, idéalisée qui n'a jamais existée, ni en France, ni ailleurs.
Dans son programme, Mélenchon s'appuie sur la vieille thèse révisionniste du Parti « Communiste » français comme quoi il suffirait en quelque sorte de pousser la démocratie « jusqu'à bout » pour que l’État bourgeois se transforme, comme par enchantement, en un État populaire. Mais il va plus loin et il opère une synthèse entre cette thèse et l'idéalisme républicain typique de la gauche française. L’introduction au chapitre 5 du document intitulé « La République pour de vrai » illustre bien cette attitude :
« La République proclame l'égalité des citoyens. Elle ne se résume donc pas à un ensemble d'institutions , comme le régime politique républicain ou l'école républicaine. Elle constitue bien davantage un projet à réaliser : celui de légalité des citoyens, de la souveraineté de la communauté politique, de la liberté dans le respect de l’intérêt général. C'est pourquoi nous devons sans cesse nous assurer que le réel corresponde à l'idéal et notamment que les institutions contribuent bien à réaliser ces objectifs. Ce n'est souvent plus le cas aujourd'hui. Les discriminations perdurent voire s'aggravent. Les atteintes aux libertés se multiplient. Il est devenue nécessaire de réaliser une refondation républicaine de notre pays conforme à sa devise de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. »
Ce verbiage républicain est en fait du pur fantasme. La République française est une république bourgeoise, ses institutions n'ont jamais été au service des masses populaires. Mais à force de lutte et d'acharnement, les prolétaires de France ont réussi à arracher à la bourgeoisie française des avancées, des conquêtes, des acquis, des droits démocratiques, et la pression populaire permet plus ou moins de les maintenir. Le rôle des républicains tels que Mélenchon est très clair, il s'agit de nier cela.
Nier la lutte des classes, enlever leur autotomie de classe aux prolétaires et de les soumettre à l’idéologie nationale-bourgeoise. La République est alors présentée de manière totalement mystique. Au dessus des classes, elle serait capable d'unifier la nation et de permettre le bonheur des masses populaires.
Si Mélenchon peut se permettre si facilement cet affront aux prolétaires, c'est que cela fait longtemps que le P «C» F (et tout ce qui lui tourne autour) sont corrompus par l'idéologie républicaine. De la marseillaise à la laïcité, de l'école républicaine au drapeau bleu blanc rouge, des services publics au parlementarisme, c'est toute cette gauche française tournant autour du PCF qui est corrompue par ces valeurs nationales-bourgeoises.
En apparence, le programme du Front de Gauche insiste sur l'aspect social de cette république « purifiée » qui serait capable d'unir les classes. Mais c'est surtout l'aspect national qui est fondamental dans l'analyse de Mélenchon.
Car dans son discours il ne s'agit pas de n'importe quelle République mais bien de la République « française », qui serait historiquement plus sociale que les autres. Si Mélenchon en est là où il est aujourd'hui, c'est à dire à la tête du P «C» F et en fait de la « gauche » du PS, c'est grâce à l'élan social-chauvin porté par le « non » au référendum sur la constitution européenne. Et ses tirades contre la « finance » qui souillerait la République française, sa défense systématique des institutions, son silence à propos de l'impérialisme français montrent à quel point il est en fait nationaliste. Et d'un nationalisme agressif, dans la lignée de Marine Le Pen et des impérialistes français. Dans cette dynamique nationaliste raciste, l’ennemi ne saurait venir d’ailleurs que de l'extérieur.
En l'occurrence, l'ennemi est justement l'impérialisme concurrent, l'impérialisme américain. Tout cela est présenté de manière on ne peut plus clair dans l'introduction au chapitre 8 :
« La France pour changer la mondialisation.
Désormais servilement aligné sur les États-unis d'Amérique, la France de Nicolas Sarkozy ne porte aucune vision alternative à la mondialisation libérale. Si demain la cinquième puissance économique prenait un autre chemin, l'effet d’entraînement serait considérable sur les Peuples du monde. En gouvernant autrement la France, nous voulons aussi contribuer à changer le cours de la mondialisation dans laquelle des politiques de coopération et de solidarité pourront enfin se développer. »
Et cela n'est que la version travaillée, policée de son discours. Interrogé dans une émission de télévision, confortablement assis dans un voiture, il prenait moins de précautions et affirmait tranquillement :
«La France, on n'est pas la 5ème roue du carrosse, on est la 5ème puissance du monde »
, et plus tard,
« Moi je crois beaucoup à ce pays, je suis patriote tout le monde le sait, ça fait un peu désuet des fois. Moi je crois que notre pays est capable de marcher en tête et de bouleverser la donne en Europe et que on le peux car on est le peuple rebelle, le peuple politique le peuple cultivé de l'Europe, c'est la vérité ça. »
Derrière son aspect populiste « anti-finance », le programme du Front de Gauche propose en fait justement de restructurer le capital financier, les banques françaises. Dans le chapitre 2,
« Reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers »
, cela est clairement expliqué. Avec une série de mesures (« pôle public bancaire et financier », changement des politiques monétaires de la Banque Centrale Européenne et de la Banque de France, taxation des revenues financiers, etc.), le but est de rendre les banques françaises plus efficaces et surtout plus autonomes, plus « nationales » et ainsi
« mettre fin à la domination des États-unis sur le système monétaire international avec la création d'une monnaie commune mondiale alternative au dollar. Elle permettrait l'essor d'un nouveau crédit massif, peu coûteux et sélectif, pour financer les investissements nécessaire aux peuples du Sud pour maîtriser leur développement et pour protéger l'environnement et les biens communs de l'humanité. »
«Financer les investissements nécessaires aux peuples du Sud pour maîtriser leur développement », voilà tout le sens du projet social-impérialiste de Mélenchon pour le capital financier français. Et ce projet s'appuie sur une pseudo-critique abstraite du capital-financier. Pseudo critique qui n'est absolument pas scientifique, ne repose sur aucune économie-politique (typique de « l'anti-capitalisme » romantique de type fasciste) et qui focalise sur l'argent, ici le dollar :
« Le dollar, monnaie internationale de référence, n'a plus aucun lien avec une quelconque réalité matérielle ».
Le programme économique du Front de Gauche propose également un projet de modernisation de l'industrie française, qui consiste en un ensemble de propositions typiquement sociales-démocrates.
Globalement, le programme prend comme modèle la période d'accumulation de l'après-guerre, âge d'or de l'impérialisme français où régnait productivité et paix sociale, grâce aux monopoles d’État et à l'intégration des syndicats.
Et c'est justement la couche de l'aristocratie ouvrière et des fonctionnaires de la classe moyenne qui « regrettent » cette période que le Front de Gauche compte convaincre.
Le programme du Front de Gauche par Jean-Luc Mélenchon est un programme réactionnaire, Il n'est pas au service des masses populaired mais il vise à enfermer le prolétariat dans une idéologie sociale-chauvine contre-révolutionnaire.
Le fond de ce projet n'est pas différent de celui de Marine Le Pen, car ils se fondent tout les deux sur une pseudo-critique du capitalisme qui visent en fait à mettre en avant la nation et servir l'impérialisme français.
Le style populiste et racoleur de Mélenchon prouve encore une fois que sociale-démocratie et fascisme sont fondamentalement des frères jumeaux. Et ce d'autant plus que la sociale-démocratie, en faisant la promotion des institutions françaises tel que le fait Mélenchon, permet aux franges les plus radicales du mouvement fasciste de se poser comme l’alternative « anti-système », comme véritablement révolutionnaires, comme véritablement socialistes.
Les masses populaires n'ont pas besoin du projet sociale-chauvin du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon !
Les masses populaires ont besoin de la révolution socialiste, établie grâce à la dictature du prolétariat contre la bourgeoisie française, contre son idéologie, contre son impérialisme !
En avant avec la science marxiste-léniniste-maoïste !
Bâtissons le Parti Communiste marxiste-léniniste-maoïste, quartier général de l'avant garde communiste !