13 Jan 2016

Neuf mois de prison pour la séquestration de Goodyear Amiens : un exemple de lutte de classe

Submitted by Anonyme (non vérifié)

recommandation militante - la séquestrationLa séquestration est un mode de lutte historique de la classe ouvrière. Il s'agit de montrer la détermination, d'exercer une contre-violence prolétarienne face aux attaques du capital. Séquestrer le personnel dirigeant d'une entreprise jusqu'à la satisfaction des revendications est moralement juste et politiquement efficace si la chose est rondement menée.

Les salariés de Goodyear, il y a deux ans, se sont arrêtés à mi-chemin dans ce combat. Ils avaient séquestrés le directeur de production, ainsi que le DRH, pendant trente heures.

Cependant, l'entreprise avait fermé quelques jours après, laissant sur le carreau 1 143 salariés, dont un peu moins de 200 ont retrouvé un travail un an et demi après.

Et hier le tribunal correctionnel d'Amiens a condamné à deux ans de prison, dont neuf mois fermes, huit personnes ayant participé à cette séquestration.

On ne doit pas être étonné. Si la séquestration est un mode de lutte historique de la classe ouvrière, l'emprisonnement en est un de la bourgeoisie.

D'ailleurs, Goodyear et les deux dirigeants séquestrés n'avaient, de manière habile, pas porté plainte afin de ne pas ajouter de l'huile sur le feu dans le conflit local. C'est l’État lui-même qui s'est chargé, de manière générale, de rappeler les principes de « l’État de droit ».

Et comme la classe ouvrière est désorganisée dans notre pays, le procès n'a pas été mené de manière politique. Quelques ouvriers d'une lutte locale s'étant rebellés sur le coup affrontant le mastodonte étatique avec toute sa rigueur répressive et sa vigueur idéologique, la condamnation était inévitable.

D'ailleurs, la séquestration a eu lieu les 6 et 7 janvier 2014 ; le fait de punir précisément deux après, le 12 janvier 2016, renforce le côté symbolique. Si les prolos bougent, on les met en prison et il n'y aura personne pour les aider, voilà ce que dit l’État.

Concrètement, ces salariés sont donc les otages de l’État. Ils servent d'exemple, ils sont également des gens qu'on garde derrière les barreaux pour paralyser la classe ouvrière, afin de montrer une éventuelle clémence en les libérant un peu plus tôt que prévu, afin de se montrer magnanime.

C'est là du terrorisme et c'est là précisément la fonction de l’État bourgeois, sa nature, sa substance même. Il est un outil de répression, de préservation de l'ordre existant. Il n'est pas neutre, il est par nature bourgeois ; seul un contre-État prolétarien peut le faire reculer et le briser.

La condamnation par l’État se prétendant « neutre » de la séquestration effectuée à Goodyear Amiens relève donc de la lutte de classe, tant du côté prolétarien que du côté bourgeois. Et il ne faut pas se leurrer : la condamnation est aussi l'expression de la faiblesse prolétarienne.

Le camp prolétarien est d'une faiblesse pathétique ; les succès du Front National justement en Picardie exprime une désorientation complète. Toute la Picardie, populaire si elle en est, pourrait se soulever en 24 heures avec une violence prolétarienne effective pour protéger les salariés condamnés – si elle le voulait.

Mais elle ne le veut pas. Les masses préfèrent avoir encore l'espoir que la bourgeoisie va être « sympathique » et céder du terrain, que la crise va passer, qu'on pourra vivre « comme avant ». Il y aussi la tentation d'assumer le nationalisme, de se soumettre entièrement à la bourgeoisie pour s'en sortir par des voies impérialistes, par les guerres, aux dépens d'autres peuples.

On remarquera ici que François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron, qui se prétendent de gauche, servent ici clairement le Front National. Ils renforcent la forme autoritaire de l’État, ils participent aux condamnations d'une justice « neutre », ils ridiculisent les idées de gauche, ils désorientent les masses par le décalage entre leur discours de gauche et leur pratique en fait ouvertement favorable au capitalisme, notamment aux monopoles.

Une partie des masses en a conscience, mais cela ne suffit pas pour renverser encore la tendance. C'est pourtant cela qui compte : il faut que le noyau dur des masses, les gens ayant le plus conscience, se ressaisisse, assume ses responsabilités.

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