jansénisme

5 mar 2016

Aux yeux du matérialisme historique, Port-Royal exprime donc un courant fondamentaliste. D'où vient-il ? Du décrochage de la religion catholique française par rapport au courant ascendant de la monarchie absolue, qui a établi un accord avec le Vatican au moment d'Henri IV.

La religion catholique est depuis l’Édit de Nantes indissociablement liée à la montée du pouvoir absolu du roi, elle l'accompagne, afin de tenter de récupérer son hégémonie dans la foulée...

4 mar 2016

L'histoire du jansénisme et de Port-Royal a marqué les esprits, surtout de par l'ampleur de la répression subie. Historiquement, deux ans après la mort de Jansénius, parut en 1640 son ouvrage majeur, appelée Augustinus seu doctrina Sancti Augustini de humanæ naturæ sanitate, ægritudine, medicinā adversùs Pelagianos et Massilienses.

L'oeuvre fut mise à l'index par une bulle papale, In eminenti, dans la foulée, en 1642, mais la bulle ne fut publiée qu'en 1643 ce qui laissa le temps aux jansénistes français d'intervenir pour défendre leur idéologie. La polémique fut lancée avec, en 1653, une nouvelle bulle papale, Cum occasione, condamnant le jansénisme, dont les thèses furent résumées en cinq points...

2 mar 2016

Né en 1639, Jean Racine a perdu ses parents dès 1643 et ce sont ses grands-parents paternels qui s'occupèrent de lui, à la Ferté-Milon, non loin de Port-Royal des Champs. Sa tante y était devenue pensionnaire, avant d'y prononcer ses vœux, comme l'avait déjà fait sa propre tante.

A la mort de son grand-père, il rejoint les Petites-Ecoles de Port-Royal Paris, alors que sa grand-mère rejoint l'institution en tant que religieuse...

1 mar 2016

Blaise Pascal (1623-1662) est extrêmement réputé en France, d'abord comme scientifique, ensuite comme auteur des Pensées. C'est là quelque chose d'absurde, car ces deux faces s'opposent radicalement. Blaise Pascal, ayant basculé dans la religion dans une variante mystique, est un fanatique, radicalement opposé aux sciences.

Cela a été une opération de grande envergure du catholicisme que de prétendre qu'il n'y a aucune contradiction dans ces deux aspects, tout comme par ailleurs le fait de nier que la démarche mystique de Blaise Pascal est janséniste et donc différente de la ligne officielle du Vatican...

29 fév 2016

L'école de Port-Royal a pu profiter, dans le cadre de ses activités, du soutien d'un peintre : le belge Philippe de Champaigne (1602-1674). Au départ, celui-ci eut une carrière classique, progressant comme peintre pour le régime : d'abord pour la reine mère, Marie de Médicis, ensuite pour Richelieu, qu'il sera le seul à représenter en tenue de cardinal, onze fois au total. Il devient, dans ce cadre, en 1648, un des membres fondateur de l'Académie royale de peinture et de sculpture. 

Philippe de Champaigne prend cependant le parti pris de Port-Royal, où sa fille est pensionnaire, et où il pense qu'elle a été guérie miraculeusement de sa paralysie. La voici, dans son tableau le plus célèbre, intitulé Ex-voto. En-dessous, on a le Double portrait de Mère Agnès et de Mère Angélique...

24 fév 2016

Avec Blaise Pascal et les peintures appelées « vanités », La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette (1634-1693) fait partie des grandes références « jansénistes » des professeurs de français au lycée.

C'est un grand « classique » qui, en fait, n'en est absolument pas un ; il est, dans ses valeurs, son expression, en contradiction formelle avec le XVIIe siècle, le grand siècle français...

23 fév 2016

Port-Royal apparaît comme le pendant de René Descartes : la démarche est la même, mais René Descartes a historiquement servi indirectement la bourgeoisie et sa volonté d'aller à la science, alors que Port-Royal rejetait la science.

C'était donc plus clair et plus franc du côté de Port-Royal, alors que René Descartes se noyait dans ses contradictions, étant religieux mais devant publier ses œuvres aux Provinces-Unies par crainte de l’Église...

22 fév 2016

Comment saisir le fondamentalisme de Port-Royal ? En fait, il existe un épisode absolument méconnu de tous les discours sur le « jansénisme », qui pourtant révèle la nature de celui-ci. La responsable de Port-Royal, Agnès Arnauld, a en effet écrit un texte mystique intitulé Chapelet Secret du Saint-Sacrement.

Ce texte fut écrit à la demande de son confesseur, Charles de Condren (1588-1641), qui voulait connaître son rapport à Jésus. Charles de Condren était une figure très importante de l'Oratoire de Jésus-et-Marie-Immaculée de France, fondé par Pierre de Bérulle, qui comme on le sait joua un rôle déterminant pour Saint-Cyran...

19 fév 2016

La treizième lettre s'adresse directement aux jésuites, leur répondant directement, mais de manière publique, et même politique. Blaise Pascal, en effet, attaque entièrement les jésuites ; il ne fait pas que les critiquer, il les dénonce et appelle à leur élimination. Ce n'est compréhensible que si l'on saisit cette question de la régénération mystique prônée par Port-Royal.

Car l'objectif de Port-Royal est de régénerer l’Église au moyen du « coeur », de l'adoration, du mysticisme. Blaise Pascal expose donc son point de vue de manière très franchement, et c'est donc très différent d'auparavant...

18 fév 2016

En quoi fut-il intéressant pour Port-Royal de s'appuyer sur René Descartes face aux jésuites ? Eh bien, l'accusation contre les jésuites tenait à ce qu'ils adaptent leurs règles selon les gens.

Or, ils se référent pour cela à la scolastique, c'est-à-dire la logique développée à partir des écrits d'Aristote. Il était donc nécessaire à Port-Royal d'expliquer que les jésuites tronquaient les définitions, que leur « casuistique » était incohérente...

17 fév 2016

La onzième lettre inaugure les messages directs de Blaise Pascal – qui écrit de manière anonyme – aux « Révérends Pères ». On passe ici à l'offensive ouverte, et on devine qu'il y a une véritable théologie pour se le permettre.

Attaquer les jésuites de front est en effet très osé, surtout que le vocabulaire est outrancier : « opinions extravagantes », « décisions si fantasques et si peu chrétiennes » désignent les opinion des jésuites, tandis que Blaise Pascal assume entièrement un « discours de moquerie » une « ironie piquante »...

16 fév 2016

Port-Royal entendait refuser l'approche des jésuites, visant à aller sur le terrain de ceux qui sont opposés à Dieu. Mais comment faire pour synthétiser cette approche sans basculer dans le mysticisme pur et simple?

C'est là qu'on voit que Port-Royal est une école de pensée, qui n'est pas parvenu à établir une doctrine, mais qui a tenté d'aller en ce sens...

15 fév 2016

La dixième lettre est pratiquement la dernière des Provinciales, les autres se voulant des lettres ouvertes à des révérends pères, c'est-à-dire des religieux. On notera qu'historiquement, ces attaques auront un grand écho dans leur attribution d'une mauvaise image des jésuites, du point de vue catholique lui-même.

Il s'agit d'une dénonciation des jésuites, du côté catholique même. Voici un exemple significatif, avec la définition justement de l'adjectif révérend par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales...

14 fév 2016

Le terme « janséniste » fut formé par le camp des jésuites, qui tentaient ainsi de présenter Jansénius comme une sorte de nouveau Jean Calvin, de fondateur d'un nouveau schisme, un danger pour l'Église. 

Jansénius, cependant, voulait refonder l’Église, plus que l'abolir ; quant à ses partisans français, ils représentaient un courant aux idées multiples, uni dans l'opposition aux jésuites et la volonté d'une quête spirituelle...

11 fév 2016

Lorsque Blaise Pascal commence la huitième lettre, il remarque que beaucoup de gens se demandent qui est l'auteur des Provinciales, mais que personne ne le sait. Il souligne également qu'il apprend ce que pensent les jésuites en masquant sa véritable opinion à ce sujet.

Toutefois, il ne la donne pas encore et la raison, pour nous, est qu'il ne peut pas le faire, parce que le point de vue « janséniste » n'a pas été encore synthétisé. Le point de vue « janséniste » est une approche mystique rejetant les jésuites, mais il n'y a pas de proposition stratégique pour la société française...

10 fév 2016

Il va de soi que le jansénisme en tant que courant religieux ne fut pas en mesure de s'implanter aussi rapidement en France, sans disposer d'une base pour cela. Le paradoxe est que cette base ne fut pas janséniste ; en fait, on peut quasiment dire que le jansénisme n'a en tant que tel jamais existé, étant pris comme prétexte par les uns et les autres. Il existait toutefois un dénominateur commun : un esprit tendant au renouveau de la spiritualité, contre l'aridité intellectuelle et philosophique des jésuites.

On trouve à l'origine de cette base le cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629), qui dirige la faction catholique pro-autrichienne, totalement cléricale-féodale, dans le contexte de l'Édit de Nantes et de la politique de modernisation du roi Henri IV...

9 fév 2016

Dans les sixième et septième lettres, Blaise Pascal est dans son élan ; les lettres ont eu leur succès, il peut approfondir le niveau, faire passer des messages plus âpres, avec davantage de profondeur théorique. Il peut tenter le saut qualitatif pour faire des lettres un vecteur idéologique.

Dans ces nouvelles lettres, il fait par conséquent parler un jésuite et lui fait décrire un véritable catalogue de situations, avec à chaque une fois une analyse des « intentions ». On lit par exemple et l'exemple est brutal : « Et même, selon notre célèbre P. Lamy, il est permis aux prêtres et aux religieux de prévenir ceux qui les veulent noircir par des médisances, en les tuant pour les en empêcher. Mais c’est toujours en dirigeant bien l’intention »...

6 fév 2016

Le jansénisme est donc un espace, qui permet de réaliser une offensive anti-jésuite dans la mesure où sa dynamique en est totalement indépendante. Et ce qui est frappant, c'est qu'en apparence, les lettres de Blaise Pascal que sont les « Provinciales » ne dépassent pas une critique absolue des jésuites. C'est le cas de la cinquième lettre, qui semble n'être qu'une critique morale. 

On verra par la suite que l'ampleur de la critique possède un véritable fond, de type mystique et fondamentaliste. Au départ des lettres cependant, on est toutefois dans une opération de communication moraliste, sur un ton moqueur...

4 fév 2016

Regardons ce que dit Cornelius Jansen, par rapport à la critique anti-jésuite de Blaise Pascal. Que dit Cornelius Jansen ? Il a exprimé sa thèse de manière la plus développée dans Augustinus, une œuvre posthume publiée en 1640. Ce fut considéré alors, notamment par les jésuites, comme une « déviation » au sein du catholicisme, qui fut appelée « jansénisme ».

Cornelius Jansen accepte en effet le point de vue calviniste de la prédestination divine : pour le protestantisme façonné par Jean Calvin, il n'y a pas d'intermédiaire entre soi et Dieu, et Dieu a décidé, dans sa toute-puissance...

3 fév 2016

Le jansénisme est donc né aux Pays-Bas, avec comme base le patriciat, qui pour exister ne pouvait pas accepter ni le calvinisme bourgeois, ni les jésuites et leur apologie du féodalisme le plus strict. Il s'agit d'une idéologie indépendante tant du calvinisme, que des jésuites. A ce titre, on peut la reprendre et s'en inspirer. C'est ce que fait Port-Royal, qui y voit un outil pour ses propres thèses, qui restent à exposer.

Cependant, il est un fait qu'il faut bien saisir de prime abord. En France, on a considéré souvent que puisque l'école de Port-Royal combattait les jésuites, et que ceux-ci étant les partisans de la féodalité, alors Port-Royal serait anti-féodal. On a justifié cela notamment en remarquant que les gens s'intéressant au jansénisme dans l'Eglise catholique au 18e siècle avaient une logique d'Eglise française, opposée aux jésuites et au Vatican, voire soutenant la révolution française en représentant les intérêts du bas-clergé...

1 fév 2016

Pourquoi Blaise Pascal peut-il viser les jésuites de manière aussi forte ? Il ne peut, de fait, le faire que parce que le jansénisme qu'il propage a un noyau idéologique suffisamment fort pour cela. Cela nous ramène à la question de la genèse du jansénisme, qui va nous expliquer l'indépendance idéologique du jansénisme par rapport à la noblesse et à l'Église.

En fait, la plupart des grandes villes de Flandres, du Brabant et de la principauté de Liège sont historiquement des « villes à charte ». Ces chartes, achetées à grand prix, leur conféraient des droits communaux forts, ainsi qu’une certaine indépendance vis à vis de la féodalité...

31 Jan 2016

Jansénius a donc agi aux Pays-Bas, dans un contexte différent de celui de la France. Mais si sa conception avait un intérêt pour des gens en France, c'est qu'elle répondait à leurs attentes. Ce qui est en jeu en fait, dans la défense du jansénisme ou plus exactement de l'abbaye de Port-Royal, c'est l'offensive anti-jésuite.

Ainsi, si les deux premières lettres avaient exposé le contenu théologique de l'affaire, Blaise Pascal profite du succès des lettres – et avec lui l'équipe de Port-Royal qui supervise leur contenu – pour déplacer le débat, pour l'accentuer et attaquer les jésuites en tant que jésuites, ce qui est par ailleurs le véritable objectif fondamental de Port-Royal...

29 Jan 2016

Pour comprendre la position du jansénisme sur la grâce de Dieu, il faut voir comment celui-ci est né.

Le terme de jansénisme vient de l’évêque de la ville flamande d'Ypres, Cornelius Jansen (1585-1653), qui a donné son contenu à ce courant religieux. En français, il fut appelé Jansénius. Ses idées elles-mêmes sont en continuité de celles de Michael Bajus (1513-1589), un professeur de l'université de Louvain, connu en France sous le nom de Michel De Bay...

28 Jan 2016

Pour comprendre ce qu'est le jansénisme, il faut saisir ce qui s'est déroulé précisément dans la France du XVIIe siècle, et pour cela étudier la constitution de la polémique provoquée par les lettres écrites par Blaise Pascal et appelées Provinciales. En effet, chacune d'entre elles révèle un aspect particulier permettant de comprendre le jansénisme en tant que phénomène.

Publiées anonymement et diffusées une par une, elles racontaient la répression contre les jansénistes, telle que contée par un parisien à quelqu'un en province. Le tirage, clandestin, passa rapidement de 2000 à 10 000 exemplaires. Elles furent ensuite rassemblées sous le titre de Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces Pères...

27 Jan 2016

C'est un phénomène historique qui a eu relativement peu d'importance en France, voire qui a été insignifiant. Pourtant, il a exercé une fascination continuelle dans la petite-bourgeoisie intellectuelle. Cela est tellement vrai que les professeurs de français, en classe de première, y accordent encore aujourd'hui systématiquement toute leur attention.

Il y a une bonne raison pour cela : le jansénisme possède, en son cœur, quelque chose qui frappe la petite-bourgeoisie intellectuelle, qui l'attire, qui exerce une fascination qui ne s'est jamais démentie. C'est une forme ambiguë, une manière de voir les choses qui aboutit à une démarche visant à faire pression, pas à contester ou à révolutionner...

20 fév 1978

Le cardinal de Lorraine s’était rendu maître absolu de l’esprit de la reine mère : le vidame de Chartres n’avait plus aucune part dans ses bonnes graces, et l’amour qu’il avait pour madame de Martigues et pour la liberté l’avait même empêché de sentir cette perte autant qu’elle méritait d’être sentie. Ce cardinal, pendant les dix jours de la maladie du roi, avait eu le loisir de former ses desseins, et de faire prendre à la reine des résolutions conformes à ce qu’il avait projeté ; de sorte que, sitôt que le roi fut mort, la reine ordonna au connétable de demeurer aux Tournelles, auprès du corps du feu roi, pour faire les cérémonies ordinaires. Cette commission l’éloignait de tout, et lui ôtait la liberté d’agir. Il envoya un courrier au roi de Navarre, pour le faire venir en diligence, afin de s’opposer ensemble à la grande élévation où il voyait que MM. de Guise allaient parvenir...

20 fév 1978

Cependant, quelque rempli et quelque occupé que je fusse de cette nouvelle liaison avec la reine, je tenais à madame de Thémines par une inclination naturelle que je ne pouvais vaincre. Il me parut qu’elle cessait de m’aimer, et, au lieu que, si j’eusse été sage, je me fusse servi du changement qui paraissait en elle pour aider à me guérir, mon amour en redoubla, et je me conduisais si mal que la reine eut quelque connaissance de cet attachement. La jalousie est naturelle aux personnes de sa nation, et peut-être que cette princesse a pour moi des sentiments plus vifs qu’elle ne pense elle-même. Mais enfin le bruit que j’étais amoureux lui donna de si grandes inquiétudes et de si grands chagrins, que je me crus cent fois perdu auprès d’elle. Je la rassurai enfin à force de soins, de soumissions et de faux serments ; mais je n’aurais pu la tromper long-temps, si le changement de madame de Thémines ne m’avait détaché d’elle malgré moi...

20 fév 1978

Vous savez l’amitié qu’il y a entre Sancerre et moi ; néanmoins il devint amoureux de madame de Tournon, il y a environ deux ans, et me le cacha avec beaucoup de soin, aussi-bien qu’à tout le reste du monde : j’étais bien éloigné de le soupçonner. Madame de Tournon paraissait encore inconsolable de la mort de son mari, et vivait dans une retraite austère. La sœur de Sancerre était quasi la seule personne qu’elle vît, et c’était chez elle qu’il en était devenu amoureux.

Un soir qu’il devait y avoir une comédie au Louvre, et que l’on n’attendait plus que le roi et madame de Valentinois pour commencer, l’on vint dire qu’elle s’était trouvée mal, et que le roi ne viendrait pas. On jugea aisément que le mal de cette duchesse était quelque démêlé avec le roi : nous savions les jalousies qu’il avait eues du maréchal de Brissac pendant qu’il avait été à la cour, mais il était retourné en Piémont depuis quelques jours, et nous ne pouvions imaginer le sujet de cette brouillerie...

20 fév 1978

La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri II. Ce prince était galant, bien fait, et amoureux : quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants.

Comme il réussissait admirablement dans tous les exercices du corps, il en faisait une de ses plus grandes occupations : c’était tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets, des courses de bagues, ou de semblables divertissements. Les couleurs et les chiffres de madame de Valentinois paraissaient par-tout, et elle paraissait elle-même avec tous les ajustements que pouvait avoir mademoiselle de la Marck, sa petite-fille, qui était alors à marier...

31 Jan 1956

Monsieur,

Je viens de recevoir votre Lettre, et en même temps l’on m’a apporté une copie manuscrite de la censure. Je me suis trouvé aussi bien traité dans l’une, que M. Arnauld l’est mal dans l’autre. Je crains qu’il n’y ait de l’excès des deux côtés, et que nous ne soyons pas assez connus de nos juges. Je m’assure que, si nous l’étions davantage, M. Arnauld mériterait l’approbation de la Sorbonne et moi la censure de l’Académie. Ainsi nos intérêts sont tout contraires. Il doit se faire connaître pour défendre son innocence, au lieu que je dois demeurer dans l’obscurité pour ne pas perdre ma réputation. De sorte que, ne pouvant paraître, je vous remets le soin de m’acquitter envers mes célèbres approbateurs, et je prends celui de vous informer des nouvelles de la censure...

30 Jan 1956

Monsieur,

Comme je fermais la lettre que je vous ai écrite, je fus visité par M. N., notre ancien ami, le plus heureusement du monde pour ma curiosité ; car il est très informé des questions du temps, et il sait parfaitement le secret des Jésuites, chez qui il est à toute heure, et avec les principaux. Après avoir parlé de ce qui l’amenait chez moi, je le priai de me dire, en un mot, quels sont les points débattus entre les deux partis...

30 Jan 1956

MONSIEUR,

Nous étions bien abusés. Je ne suis détrompé que d’hier ; jusque-là j’ai pensé que le sujet des disputes de Sorbonne était bien important, et d’une extrême conséquence pour la religion. Tant d’assemblées d’une compagnie aussi célèbre qu’est la Faculté de théologie de Paris, et où il s’est passé tant de choses si extraordinaires et si hors d’exemple, en font concevoir une si haute idée, qu’on ne peut croire qu’il n’y en ait un sujet bien extraordinaire...

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