25 juil 2011

Communiqué de presse de Bruno Gollnisch : de la nécessité ce comprendre ce que sont "l'anti-capitalisme romantique" et les "pèlerins du néant"

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Bruno Gollnisch, membre du bureau politique du Front National, a diffusé un communiqué de presse hier sur le massacre d’Oslo. Gollnisch "s’insurge" de la victimisation de l’extrême-droite suite au double attentat d’Oslo.

Il y explique notamment :

« La vérité, c’est qu’il ne saurait exister de responsabilité collective. Un assassin n’engage que ses complices effectifs et lui-même ».

Cette opinion est conforme à la vision fasciste de la société composée d’individus « électrons libres » qui éprouvent leur existence face à d’autres individus, sans aucun lien avec la société. C'est d'ailleurs une vision tout ce qu'il y a de plus capitaliste.

Et bien entendu par conséquent, cette approche est totalement anti-matérialiste.

En vérité, tout acte est à comprendre de manière dialectique : il existe une dimension individuelle et une dimension collective tout à la fois, car un acte correspond forcément à la matérialisation d’idées résultant de la confrontation sociale, c'est-à-dire de la lutte de classes.

Comme l'a affirmé Mao Zedong, "Dans la société de classes, chaque homme vit en tant que membre d'une classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe."

Ceci est bien sûr flagrant dans le cas d’Anders Behring Breivik qui explique son geste de manière idéologique tout au long de 1 500 pages (ce qui est bien différent de la consultation de « quelques sites Internet » comme l’évoque faussement naïvement Gollnisch).

Gollnisch appuie son argumentation en rappelant que la « droite nationale » a autrefois été victime de manipulation dans le cadre de l’attentat de la synagogue rue Copernic (en 1980) et de la profanation du cimetière juif de Carpentras (en 1990).

De même, Gollnisch considère que « les écologistes n’étaient [pas] responsables des crimes du militant écologiste Richard Durn qui avait en 2002 abattu huit élus du Conseil municipal de Nanterre et blessé quatorze autres ».

Nous allons donc revoir ces cas un par un.

1) Richard Durn et la tuerie de Nanterre (2002)

Tout d’abord, Richard Durn est un cas typique de pèlerin du néant tel que l’a analysé Contre-Informations. Membre du PS puis des Verts, Richard Durn avait participé à des missions humanitaires en ex-Yougoslavie et participé à des manifestations altermondialistes. Il était même trésorier de la Ligue des Droits de l’Homme de Nanterre.

Bref, Richard Durn est bien un pèlerin du néant, déphasés par l’évolution du capitalisme et butinant des causes politiques sans jamais véritablement s’y fixer. Les lettres laissées par Richard Durn sont très explicites à ce sujet :

« J'en ai marre d'avoir dans la tête, toujours cette phrase qui revient perpétuellement: «je n'ai pas vécu, je n'ai rien vécu à 30 ans» ; « Je suis foutu parce que je n'ai plus de repères sociaux et affectifs. Je ne suis plus qu'un numéro d'immatriculation dont tout le monde se fout. J'ai un bandeau sur les yeux et je tourne en rond dans une pièce en me cognant toutes les 10 secondes à un meuble ou contre un mur. Je ne veux pas crever sans avoir beaucoup baisé. Je ne veux pas crever sans avoir été amoureux et sans qu'une femme ait été amoureuse de moi, même si je suis faible, déglingué et immature et que j'ai déjà plus de 30 ans ».

Richard Durn est bel et bien un romantique, un idéaliste, un Anders Behring Breivik avant l’heure, un Ander Behring Breivik infantile et moins élaboré.

Richard Durn correspond ainsi parfaitement à la notion d’anticapitalisme romantique qui explique pourquoi fascisme et social-démocratie sont des frères jumeaux. En effet, il faut toujours conserver à l’esprit que le fascisme naît à gauche sous la forme d’un anti-capitalisme romantique qui le lie à la social-démocratie.

Qu’est-ce que l’anti-capitalisme romantique et pourquoi social-démocratie et fascisme y sont inextricablement attachés ?

En fait, social-démocratie et fascisme défendent tous les deux un capitalisme à visage humain qui reviendrait à une gestion "sociale", plus proche des aspirations du peuple. Fascisme et social-démocratie chantent les louanges d’une France préservée, à l’époque de l’ « âge d’or du capitalisme », dans les années 50-60 où « il y avait du boulot pour tout le monde ».

Dans l’esprit romantique, cette époque correspond encore à une France ancrée dans ses traditions et qui « tient son rang » sur la scène internationale, capable de s’opposer « aux américains », etc.

L’anti-capitalisme romantique se conçoit ainsi comme une révolte contre le monde moderne. L’anti-capitalisme romantique voit la mondialisation, tendance moderne du capitalisme, comme une menace contre l’identité ancestrale de l’Europe qui accélère la dégradation du capitalisme « social » tel que fantasmé par les frères jumeaux social-démocrate et fasciste.

Dans ce cadre, l’Islam est perçu par les anti-capitalistes romantiques comme une composante de la mondialisation car il porte une vision globalisée du monde et s’ « infiltre » dans des nations traditionnellement chrétiennes par le biais de l’immigration.

Face à cela, l’anti-capitalisme romantique exalte une attitude « anti-système », fustige non pas le capitalisme, mais le « capitalisme financier » car celui-ci revêt une dimension apatride, mondialisé. Fascisme et social-démocratie, frères jumeaux de l’anti-capitalisme romantique, vise ainsi à freiner la roue de l’histoire et la faire revenir vers un passé idéalisé.

Cette forme d’anti-capitalisme est romantique parce qu’elle ne vise pas un dépassement du capitalisme mais une régénération de celui-ci

Les communistes considèrent au contraire que la mondialisation constitue un processus normal, inévitable, dans l’évolution du capitalisme et qu’il est impossible de faire tourner la roue de l’histoire à l’envers. Voilà pourquoi la révolution socialiste ne constitue pas une lutte contre des symboles de la mondialisation, mais un mouvement inarrêtable vers une nouvelle civilisation qui enterre définitivement le vieux monde capitaliste.

Les actes de Richard Durn et Anders Behring Breivik reposent sur des « coups d’éclat individualiste » contre des symboles politiques où suintent un profond sadisme, un sentiment de puissance (le tireur surarmé face à des victimes forcément apeurées) typique du fascisme.

La révolution socialiste ne se fonde pas dans de tels actes barbares et individualistes mais dans la guerre populaire prolongée qui possède un caractère collectif.

Si le sang des oppresseurs coule (et il doit couler ! et il coulera !), c’est pour bâtir une nouvelle civilisation tendant à l'universel, et non dans la logique nihiliste, passéiste des fascistes qui vivent dans un folklore nostalgique où dominent des symboles (à défendre ou attaquer).

On voit donc que l’exemple de Gollnisch est très mal choisi et prouve en vérité le contraire de ce qu’il affirme. Le « militant écologiste » et altermondialiste Richard Durn est un pèlerin du néant, un anti-capitalisme romantique très proche d’Anders Behring Breivik.

2) Attentat contre la synagogue de la rue Copernic (1980)

Bruno Gollnisch fait ici référence à des accusations rendant responsable la FANE (Fédération d'action nationale et européenne) de l’attentat contre la synagogue rue Copernic à Paris le 3 octobre 1980 (4 morts et 46 blessés).

Bien que les auteurs n’aient jamais été identifiés, la piste du fondamentalisme musulman apparaît quasi certaine, surtout après l’arrestation d’Hassan Diab au Canada en 2008 (toujours en attente d’extradition vers la France).

Gollnisch utilise ici cet argument pour disculper l’extrême-droite. Pourtant, le fondamentalisme musulman est le pendant dialectique du fascisme. Les fascistes ne se présentent pas comme des barbares (qu’ils sont pourtant) mais au contraire comme des « civilisateurs » capables de régénérer une société décadente (alors qu’eux-mêmes sont le fruit de cette décadence).

Voilà pourquoi les fascistes défendent, dans un style romantique, un retour aux valeurs éternelles de l’Occident qu’ils considèrent en déclin face aux multiples menaces extérieures, et en particulier l’Islam.

Les fascistes se construisent l’image d’adversaires du fondamentalisme musulman alors qu’ils en sont en fait l’autre versant, de manière dialectique. Les fascistes s’appuient ainsi sur un folklore pseudo-historique pour exalter les valeurs d’un Occident qu’ils réinventent de toute pièce.

Louis Alliot, vice-président du Front National, n’a ainsi pas hésité à honorer la mémoire de Jeanne d’Arc le 8 mai dernier à Carcassonne, une ville où elle n’a jamais mis les pieds et où sa statue représente une légitimation de l’écrasement des cathares puis des protestants qui fondent la véritable identité historique de la ville.

De même que les fondamentalistes rejettent la Falsafa et se veulent porteurs d’un projet de civilisation, les fascistes réécrivent l’histoire de manière anti-matérialiste pour se présenter comme les sauveurs de la civilisation chrétienne. Les fascistes sont donc des fondamentalistes de l’Occident, ennemis de toute « modernité » et fantasmant un retour vers un passé magnifié par leur anti-matérialisme, sans aucun souci de la dignité du réel.

Le massacre d’Oslo fait ressortir cet aspect fondamentaliste qui est constitutif du fascisme. Les fondamentalistes des deux bords, qui sont les deux faces d’une même pièce, n’hésitent pas à commettre des attentats de masse destinés à tuer le maximum de personnes.

3) La profanation du cimetière juif de Carpentras (1990)

 Dans la nuit du 8 au 9 mai 1990 (la date n’a bien évidemment pas été choisie au hasard), 34 tombes du cimetière juif de Carpentras (Vaucluse) ont été recouvertes de croix gammées et croix celtiques taguées. Le corps de Félix Germon avait été déterré, un piquet de parasol placé entre les jambes pour simuler un acte d’humiliation.

Le communiqué de presse de Bruno Gollnisch s’intitule « Bientôt, un nouveau Carpentras ? ». L’affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras est ici présentée comme une manipulation ayant faussement impliqué l’extrême-droite.

Pourtant, les faits sont bien connus : l’extrême-droite est indiscutablement impliquée dans cette barbarie.

Un des auteurs de la profanation s’est rendu de lui-même au commissariat d’Avignon six ans après les faits pour avouer son implication dans ce forfait. Il a dénoncé quatre complices (dont trois encore en vie au moment du procès) qui ont reconnu les faits et été condamnés pour cet acte de barbarie à des peines extrêmement laxistes, comme le prévoit la loi bourgeoise (deux ans de prison pour les deux meneurs, vingt mois pour les deux autres qui avaient montré des signes de « repentance »).

Il va de soi qu’un État socialiste aurait jugé autrement plus sévèrement des barbares emplis d’antisémitisme, capables de s’adonner à l’humiliation de cadavres et souiller des tombes avec des symboles nazis.

En citant l’affaire de Carpentras, Bruno Gollnisch falsifie délibérément l’histoire en faisant passer l’extrême-droite comme victime d’une orchestration médiatique mensongère... alors qu’elle a en vérité bénéficié d’une grande complaisance.

En effet, il faut rappeler que le cinquième homme du commando, Jean-Claude Gos, était membre du PNFE (Parti Nationaliste Français et Européen ; le nazi Vincent Reynouard, en prison pour négationnisme, était aussi membre du PNFE). Jean-Claude Gos s’est tué en décembre 1993 dans un accident de moto en percutant une voiture, dont le conducteur – Rachid Belkir - sera tué deux ans plus tard et jeté au fond du Rhône.

Jean-Claude Gos venait de purger une peine de huit mois pour avoir tabassé un algérien dans les rues d’Avignon, avec deux comparses. Il avait été défendu lors de son procès par l’avocat Guy Macary, conseiller municipal FN de Carpentras. Jean-Claude Gos avait également été condamné à trois mois de prison pour "violences volontaires" en Seine-et-Marne.

Au vu de ce passif, Jean-Claude Gos a été interpellé le 11 mai 1990, le lendemain de la découverte de la profanation, mais relâché au bout de 24 heures !

Les quatre profanateurs, qui avaient baptisé leur groupe « Tir Charlemagne », jugés en 1997 sont évidemment tous d’extrême-droite. Olivier Fimbry, militaire de carrière, avaient posté des affiches nazies et détenaient un buste d’Hitler à son domicile à Colmar (Haut-Rhin). Patrick Laonegro était membre du PNFE et également admirateur du nazisme.

Lors du procès, il se défendait d’être raciste exactement dans les mêmes termes qu’Anders Behring Breivik et que toute l’extrême-droite en règle générale. Il déclarait ainsi : « Je ne suis pas raciste dans la mesure où je n'ai pas la haine de l'autre mais l'amour de ma race ».

Yannick Garnier, celui qui avait avoué sa participation à la profanation et dénoncé ses complices, jurait avoir changé en des termes où transpirait encore la vision d’une élite juive qui contrôle tout en sous-main (cf. le terme de « rouage ») : « Les juifs, on s'en prenait à eux tout simplement parce qu'on n'avait pas réussi à être importants, à être dans des rouages importants de la société comme eux ».

Enfin, Bertrand Nouveau, qui disait aussi avoir changé, déclarait : « Le FN essaye de normaliser une haine envers les immigrés, les personnes différentes. A force de dire ça à un jeune de 20 ans, ça peut le pousser à l'extrême ».

On constate donc que l’argumentaire de Bruno Gollnisch vise surtout à étouffer une vérité qui éclate pourtant de manière flagrante avec une analyse matérialiste. Par ailleurs, Gollnisch s’étonne aussi de l’appartenance d’Anders Behring Breivik à une loge maçonnique, « peu compatible avec le fondamentalisme chrétien."

Pourtant, le protestantisme n’interdit pas l’adhésion à la franc-maçonnerie. De surcroît, la franc-maçonnerie, qui agit comme une élite intellectuelle secrète, extérieure à la lutte de classes, correspond tout à fait à la démarche d’Anders Behring Breivik, capable d’écrire un document de 1 500 pages conceptualisant à l’extrême ses agissements.

Gollnisch essaie de façon classique de présenter l’extrême-droite en victime de l’ « establishment », du « système ». Cette posture s’avère non seulement fausse mais est aussi en elle-même caractéristique de l’anti-capitalisme romantique, de l’attitude de rebelle anti-système.

La notion d'anti-capitalisme romantique est fondamentale, car elle explique comment le fascisme se fonde culturellement à gauche. L’capitalisme romantique explique aussi comment la social-démocratie et le fascisme s’allient au sein d’un même mouvement dialectique qui se veut ancré dans le « social ».

En France, le marxisme a souvent été considéré uniquement sous cet angle social sans aucune compréhension du matérialisme dialectique et au mépris de la science matérialiste.

Le PCMLM brandit haut le drapeau de la science matérialiste, car la révolution socialiste n’est pas une affaire de posture rebelle contre des symboles, mais une guerre populaire prolongée pour l’anéantissement complet du capitalisme, et la construction d’une nouvelle civilisation universelle.

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