14 mar 2012

Qu'est-ce que le fascisme?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Qu'est-ce que le fascisme? Il s'agit d'une question brûlante pour les révolutionnaires. Sans une bonne compréhension de la nature du fascisme, il est impossible de faire triompher les révolutions démocratiques et socialistes.

Parce que le fascisme est contre-révolutionnaire, pas seulement dans le sens qu'il veut réprimer la révolution: il cherche aussi à faire semblant d'être la révolution elle-même.

Le fascisme ne se présente pas comme conservateur, comme « contre-révolutionnaire », il se présente comme la « véritable révolution », comme le « mouvement pur », comme la « conquête idéaliste » de la beauté, de l'honneur, d'un corps purifié, comme la construction d'une authentique « communauté » purgée de tous les éléments d'oppression.

C'est l'aspect le plus dangereux du fascisme.

Le fascisme, dans les années années 1920, 1930, a été bien compris par les communistes, sous la direction de l'Internationale communiste, comme « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier. »

Cette définition faite par Dimitrov est la conclusion logique de la compréhension de la crise générale du capitalisme. La recherche du profit fait que les capitalistes monopolistes deviennent plus fort et décident de prendre le contrôle de l’État, poussant dans le sens de la guerre impérialiste.

Le fascisme est l'arme du capital financier pour mobiliser pour un « renouveau » de l'État, un renouvellement « national », allant dans le sens impérialiste. Ainsi, le fascisme n'est pas une « gangrène », une « peste émotionnelle », une « manipulation », etc, comme les forces petites-bourgeoises, trotskistes, anarchistes, le prétendent.


De la même façon, la réponse des communistes est logique: contre la dictature d'une minorité de la classe capitaliste, ce qui doit exister est l'unité la plus large des masses, c'est à dire le « front populaire. »

Le front populaire est la mobilisation des masses contre la dictature, pour maintenir les valeurs démocratiques que la bourgeoisie ne peut plus maintenir, parce qu'elle est totalement réactionnaire et est devenu dominé par le capital financier.

En Allemagne, le front populaire n'existait pas, l'action antifasciste est venue trop tard et n'était pas en mesure de faire face à l'attitude contre-révolutionnaire et de division de la social-démocratie-. Lorsqu'elle a commencé à fonctionner, la bourgeoisie a - qui étaient déjà en train de perdre des positions – poussés les nazis au pouvoir, dès que possible.

Mais en France, le front populaire a permis de l'unité des masses au niveau de toute la société, par la fusion des associations communistes et socialistes de travailleurs, du sport aux usines. Il a arrêté le fascisme.

Néanmoins, le front populaire était, en quelque sorte, une conception mécanique. Il soulignait de manière insuffisante l'aspect culturel. Il sous-estimait la capacité du fascisme à mobiliser comme un « romantisme anticapitaliste. »

Le concept de front populaire n'a pas été en mesure de comprendre le rôle très important de l'antisémitisme. De la même manière, il ne comprenait pas la question culturelle dans l'unité de la classe ouvrière: en France, les associations sportives communistes refusaient le principe bourgeois de la concurrence, et l'unité avec l'association des travailleurs socialistes les ont amené à l'accepter.

La porte était ouverte pour une acceptation des valeurs dominantes, de la société capitaliste elle-même. Cette erreur est très facile à comprendre dans les drapeaux des pays socialistes de l'Est.

Le « drapeau national » a été maintenue, mais avec des symboles communistes sur lui: une hérésie politique et culturelle, justifiée par le principe du « front populaire » parce que la bourgeoisie a été considéré comme trop faible pour assumer le drapeau de la démocratie, donc une démocratie populaire amènerait au socialisme, pour ainsi dire sans la nécessité de la dictature du prolétariat.

Dimitrov est allé jusqu'à dire cela, et si, sous la direction de Staline ce saut révisionniste n'a pas été possible, dès 1953 toutes les portes étaient ouvertes au révisionnisme dans les pays de l'Est, d'une manière très facile.

Au contraire, Mao Zedong a très bien compris le concept de front populaire, il a refusé que tout soit soumis au front, et a même théorisé le concept de la révolution démocratique comme première étape de la « révolution ininterrompue » promue par Staline. Les communistes devaient toujours garder leur indépendance culturelle, idéologique et pratique. Sans cela, il n'y aurait pas de réel nouveau État.

Mao Zedong a aussi compris quelle forme que prend le fascisme dans un pays opprimé. Alors que les forces impérialistes essaient de prendre le contrôle direct de l’État, il y a coup d’État et contre-coup, afin de dominer entièrement l'État bureaucratique, ou du moins d'avoir l'hégémonie.

Dans le pays opprimés, comme la bourgeoisie nationale est trop faible, une fraction de la bourgeoisie bureaucratique prétend être « progressiste », véritablement démocratique, alors qu'en fait ce qu'elle promeut c'est le fascisme.

C'est ici la grande différence avec les forces révisionnistes, qui ont toujours soutenu la « bourgeoisie réformiste » de n'importe quel pays opprimé - alors qu'en réalité une telle bourgeoisie ne peut pas exister. Le révisionnisme, dans son soutien aux « réformes », soutient le renouvellement de l'ancien État par le fascisme, par la prise du pouvoir par une nouvelle fraction bureaucratique.

En France, nous utilisons cette compréhension pour voir d'une meilleure façon comment la bourgeoisie française est elle-même divisée en deux fractions principales: l'une traditionnelle, conservatrice, et une moderniste, agressive.

C'est aussi très important et difficile en France, parce que la défaite de la France en 1940 fait que la bourgeoisie impérialiste a pris un masque « démocratique », tandis que celle traditionnelle, conservatrice, est devenu un collaborateur de l'Allemagne nazie.

 

Après la deuxième guerre impérialiste, la bourgeoisie impérialiste dirigée par De Gaulle ne pouvait pas maintenir sa position, la reconstruction a renforcé le capitalisme et la bourgeoisie traditionnelle. Mais maintenant, quand le capitalisme n'a aucun moyen de « croître », le capital financier commence à vouloir le pouvoir pour lui seul de nouveau: ce qui explique le come-back d'un néo-gaullisme agressif, que le PCMLM a été en mesure de prévoir d'une manière parfaite.

Et la seule réponse communiste était nécessairement de saisir la contradiction entre travail manuel et intellectuel, entre ville et campagne. Ce dont on a besoin, c'est de tenir le drapeau de la civilisation, de comprendre le communisme pour les êtres humains comme un retour à un état non aliéné, qui ne peut exister que dans une perception correcte de la nature.

Comme Karl Marx l'a expliqué dans les manuscrits de 1844: « L'essence humaine de la nature n'est là que pour l'homme social; car c'est seulement dans la société que la nature est pour lui comme lien avec l'homme, comme existence de lui-même pour l'autre et de l'autre pour lui, ainsi que comme élément vital de la réalité humaine; ce n'est que là qu'elle est pour lui le fondement de sa propre existence humaine. Ce n'est que là que son existence naturelle est pour lui son existence humaine et que la nature est devenue pour lui l'homme. Donc, la société est l'achèvement de l'unité essentielle de l'homme avec la nature, la vraie résurrection de la nature, le naturalisme accompli de l'homme et l'humanisme accompli de la nature. »

Ainsi, le fascisme vient dans un moment de crise. Soit, le fascisme parvient à promouvoir une communauté romantique, la mobilisation pour les guerres impérialistes ... ou le socialisme gagne sur la barbarie!

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