Prison avec sursis pour les sept policiers falsificateurs et indignes de Bobigny
Submitted by Anonyme (non vérifié)Les sept policiers falsificateurs de Bobigny ont finalement été condamnés en appel à des peines allant de 6 à 18 mois de prison avec sursis. Trois policiers ont interdiction d'exercer toute activité au sein de la police pendant cinq ans et un autre pendant trois ans.
La cour d'appel de Paris a donc révisé à la baisse les peines, déjà extrêmement légères, prononcées en première instance par le tribunal de Bobigny, s'échelonnant de 6 mois à 12 mois fermes. A l'époque, deux cents policiers de Seine-Saint-Denis avaient manifesté devant le tribunal de Bobigny, en soutient à leurs collègues!
Pour rappel, ces sept policiers s'étaient entendus pour accuser de manière mensongère le conducteur d'une voiture en fuite d'avoir percuté volontairement un de leur collègue policier. En réalité, c'était une voiture de police qui était responsable de l'accident.
Le conducteur de la voiture avait en outre été tabassé, les coups portés par les policiers lui occasionnant 5 jours d'ITT (incapacité totale de travail). Les faits mensongers de « tentative d'homicide envers une personne dépositaire de l'autorité publique » l'exposait à une peine de vingt ans de prison ferme.
Ainsi, la justice a quasiment décidé de passer l'éponge sur une falsification concertée de la vérité risquant de détruire la vie d'une personne innocente pour des faits qui lui sont injustement reprochés.
Quelle dignité ont donc ces policiers ?
Aucune car, comme l'immense majorité des policiers, ils sont aigris, ils ont vaguement honte d'être du côté de la répression bourgeoise, vaguement honte de ce qu'ils font, mais finissent par se convaincre qu' « il faut faire le boulot ».
Ils regardent sous le lit et sous le poêle ; s'il y a une cave, ils y descendent ; un grenier, ils y montent. Les toiles d'araignées leur tombent sur le museau, et ils râlent. ça ne les amuse pas, ils ont honte, c'est pour ça qu'ils ont l'air très méchant et qu'ils se mettent en colère.
Maxime Gorki, La mère.
Les policiers soulignent qu'ils font un métier difficile, confrontés à des délinquants sans pitié. Ils rappellent que le taux de suicide est très élevé chez les policiers.
Les policiers font effectivement un métier difficile car ils sont des pions entre les mains de la bourgeoisie qui se sert d'eux comme premier rempart contre la violence de la société qui découle du capitalisme. Mais les policiers portent eux-même la culture dominante du capitalisme, celle de la brutalité virile, du patriarcat, des humiliations, des vexations, cette même culture dominante qui se retrouve dans les crimes barbares. Par conséquent, policiers et délinquants sont unis dans une relation dialectique qui anime le capitalisme.
Et dans un pays comme la France, il n'est pas surprenant de voir qu'une grande partie des policiers sont issus des zones périurbaines, ces vastes espaces pavillonnaires et rectilignes, ni vraiment à la ville, ni vraiment à la campagne, ni vraiment village, ni vraiment banlieue... Les habitants de ces zones pavillonnaires, qui ont choisi ce mode de vie pour être propriétaires, avoir leur chez-soi, sont éloignés de la vie sociale, des sorties, de la culture. La moindre démarche nécessite la voiture (deux minimum par foyer), leurs enfants ont une mobylette ou un scooter et la customisent, plus tard beaucoup d'entre eux tunningeront leurs voitures. La culture dominante est rétrograde, beauf et donc brutalement patriarcale. Les jeunes se « mettent la tête », font les cons en voiture. Tous connaissent quelqu'un qui a eu un grave accident ou s'est tué sur la route.
Relégués en seconde zone, ils sont submergés par la « culture » de la télé. Dans ces zones périurbaines « dortoirs », sans vie sociale et prise avec le réél, les préjugés et les rumeurs prennent le dessus sur la réalité.
L'aigreur finit par l'emporter. Ces gens ont rêvé d'avoir leur maison, mais leur vie s'est amoindrie, ils se retrouvent pris à la gorge par le remboursement du prêt bancaire, les dépenses en essence, les incessants travaux dans une demeure souvent mal conçue, les temps de transport, la fatigue, le manque d'activité et l'ennui. Toute cette ambiance moribonde est évidemment propice au fascisme qui s'implante très profondément dans le périurbain.
C'est aussi du périurbain que viennent en majorité les policiers qui nourrissent déjà des préjugés envers les masses populaires, et particulièrement les minorités nationales, avant même d'endosser l'uniforme. Le métier de policier est une « bonne planque » qui ne nécessite pas de longues études et permet de bien gagner sa vie.
Mais comme le choix d'habiter en périurbain, le métier de policier n'est pas à la hauteur des aspirations que les personnes y projettent. Policier n'est pas véritablement un métier d'action. C'est l'ennui qui domine, l'impression de tourner en rond sans rien avoir à faire. Là aussi, la culture dominante est rétrograde, beauf et donc brutalement patriarcale. L'aigreur se manifeste dans l'attitude des policiers qui aiment rabaisser ceux qu'ils ont sous la main. Dans cette affaire de Bobigny, le mensonge concerté des policiers et, après le jugement de première instance, le soutien public de leurs collègues, reposent sur ce même fond d'aigreur. Les sept policiers qui ont agi de la sorte, et ceux qui les ont soutenus, se sont certainement dit que le conducteur de la voiture « n'était pas tout blanc », « l'avait bien cherché finalement »...
La bourgeoisie a besoin de préserver ses pions que sont les policiers pour maintenir son ordre inique, surtout à l'époque de la crise générale où la lutte de classes ne peut que que s'affermir. En allégeant un premier jugement déjà bien clément, la justice bourgeoise a précisément adressé ce message. Les policiers sont les relais du pouvoir bourgeois auquel se confrontent les prolétaires et se confronteront les révolutionnaires. Il est donc nécessaire de bien connaître la culture dominante qui soustend la police, dans le contexte spécifique de la France, pour la combattre et la briser.