31 mar 2013

La mobilisation réactionnaire continue après la tentative de coup de force des Champs-Elysées

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Dès le début des mobilisations réactionnaires contre le projet de loi dit du « mariage pour tous », nous avons dit qu'elles étaient « le signe de la lame de fond réactionnaire qui travaille la France depuis plusieurs années à la faveur de la crise capitaliste » et qu'elles prenaient « leur place dans la montée en puissance continue du fascisme en France. »

Les affrontements avec la police qui se sont produits durant la manifestation du 24 mars ainsi que leur répercussions politiques et les mobilisations de cette semaine prouvent à quel point nous avions raison.

Le symbole du 30 mai 1968, et sa grande manifestation sur les Champs-Elysées (nous en parlions ici), était trop grand pour que l'extrême-droite et la jeunesse bourgeoise la plus radicale n'aient pas tenté de faire déborder le second grand rassemblement national contre le mariage homosexuel.

Comme on peut le voir sur les vidéos, la jeunesse bourgeoise n'a pas peur d'aller au contact, surtout si elle est formée de militants d'extrême-droite se formant depuis quelques années maintenant ou de jeunes bourgeois ayant passé leur enfance à apprendre la militarisation dans les organisations scoutes.

Ces affrontements avec la police, victorieux puisque les réactionnaires ont pu occuper l'avenue des Champs-Elysées jusque tard dans la soirée, n'ont pas été que le fait de militants fascistes. Les groupes fascistes ont été littéralement portés par la grande masse de la manifestation y compris ses composantes les moins « radicales ». C'est la bourgeoisie « bon teint » et sûre de son pouvoir qui a poussé à l'affrontement. Cette bourgeoisie qui ne cherchait pas à affronter l'Etat mais à réaffirmer que c'est elle qui commande.

Ainsi, aux côtés des fascistes du GUD ou des identitaires, ce sont des familles, des jeunes catholiques, des religieux, des élus de droite, etc, qui ont forcé les barrages policiers. Et cette opération était prévu à l'avance ; des appels à déborder la police avait été distribués massivement dans les comités régionaux de la « manif pour tous », avec des explications sur la stratégie à aborder pour prendre les policiers en tenaille.

En fait, la mobilisation gagnant en ampleur à chaque mobilisation, la bourgeoisie réactionnaire, qui se sait portée par un mouvement de fond, radicalise la mobilisation.

On a ainsi pu voir l'émergence d'un nouveau mouvement appelé le « Printemps français » en référence aux pseudo-révolutions arabes. Un mouvement qui tire sa source dans la base catholique traditionnelle. C'est ce mouvement qui a poussé et préparé les débordements dans le but d'occuper durablement les Champs-Elysées. Et c'est lui qui a largement poussé à une politisation plus affirmée des manifestations en demandant la démission de François Hollande ou en mettant en avant le slogan « On veut du boulot, pas du mariage homo ! »

Sa porte-parole est Béatrice Bourges, une politicienne catholique de Versailles et présidente du « Collectif pour l'enfant », un regroupement de 80 associations catholiques mixant refus de l'avortement et du mariage pour les personnes homosexuelles à la lutte contre la pédophilie et la pornographie.

C'est ce même mouvement qui a lancé une série d'agitation toute la semaine dernière. Des mobilisations ont été organisé pour tous les déplacements de membres du gouvernement : devant France Télévision le soir de l'intervention de François Hollande à France 2, à Lyon où la voiture de Christiane Taubira a été bloquée par les militants, à l'Université de Saint-Quentin-en-Yvelines où un débat avec le député socialiste Erwann Binet -rapporteur du projet de loi dit du « mariage pour tous »- a été empéché par les jeunes militants réactionnaires, à Rennes pour accueillir Dominique Bertinotti ou encore à Vaison-la-Romaine pour accueillir Georges Pau-Langevin.

Un symbole de cette radicalisation de la bourgeoisie catholique à la faveur de cette montée en puissance des mobilisation est Christine Boutin. Christine Boutin est une personnalité politique de premier plan de la droite française. Ancienne députée et ministre du gouvernement de Nicolas Sarkozy, elle est la présidente du Parti Chrétien-Démocrate et ses liens directs avec le Vatican sont officiels et assumés. Et Christine Boutin et son parti ont eux aussi poussé en amont et participé à l'occupation des Champs-Elysées.

Mardi 26 Mars, soit deux jours après la manifestation, Christine Boutin annonçait la couleur clairement en déclarant au micro de RMC/BFM TV :

« Les gens qui sont mobilisés sur le sujet sont déterminés. Les échauffourées sont révélatrices. Ca va péter si le président ne propose pas des mesures fortes jeudi prochain, dont le retrait de ce texte (...) S'il y a une prochaine manifestation (...) cette fois-ci, il n'y aura pas de poussettes, il n’y aura pas d’enfants. Ceux qui viendront seront peut-être moins nombreux, mais ce seront des gens beaucoup plus déterminés. »

Les anarcho-trotskystes se moquaient des « minables » réunions fachos et de leur ambiance scoute ; ils n'ont par là rien compris à la para-militarisation rampante qui a eu lieu et qui continue. Tout comme, ils n'ont rien compris à l'importance que joue cette mobilisation contre le droit au mariage pour les personnes homosexuelles, eux qui n'y voit que des « rassemblements de neuneus cathos ».

Le PCMLM a par contre largement averti sur la signification historique de cette tendance sociale : la bourgeoisie s'organise, avec en arrière-plan la crise générale du capitalisme.

Il faut ainsi être tout à fait conscient qu'avec l'anti-communisme agressif régnant dans l'esprit et la culture de la manifestation contre le droit au mariage pour les personnes homosexuelles, il y a une poussée très nette au fascisme.

La logique de la manifestation le mariage homosexuel, c'est celle de la bourgeoisie qui veut être totalement libre, et qui voit en Sarkozy un véritable libéral qui tuera l'impôt.

Sauf que l’État bourgeois est en faillite et que ce sont les monopoles qui prédominent : les contradictions inter-bourgeoises vont grandir toujours plus fortement, et on voit mal comment la prochaine grande manifestation nationale anti-mariage homosexuel pourrait ne pas sombrer dans ses propres contradictions.

L'extrême-droite qui a tenté de « déborder » lors de la « manifestation pour tous » le savait très bien. Elle a profité, comme lors de la première grande manifestation, d'un moyen de s'inscrire dans un élan de « masse », de se montrer, de proposer. Et elle se retrouve aujourd'hui portée par un large mouvement de masse réactionnaire.

C'est un grand et terrible entraînement, qui va de pair avec une poussée « hooligan » ultra-violente dans certaines villes (comme Lyon, Lille, voire Paris), des réunions culturelles en série, des activités de propagande diverses et variées.

Le tout s'organise bien entendu au nom du « pays réel », pour reprendre le discours fasciste traditionnel.

Voici ainsi ce que dit entre autres le Renouveau Français, organisation fasciste de type national-catholique :

« Quoiqu’il en soit, le RF a eu le plaisir de constater que des milliers de personnes ont bravé les consignes de soumission des organisateurs et les oukases de la préfecture, pour gagner les Champs-Elysées qui leur avaient été injustement et dédaigneusement refusés par les autorités.

Le RF félicite en particulier ses dizaines de jeunes – et moins jeunes – militants qui ont su courageusement résister et faire face à la violence policière, pendant plusieurs heures, en première ligne. La rue nous appartient, nous sommes le peuple !

Le RF présente ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.

Il est temps pour tout le monde de bien comprendre que face à l’extrémisme d’un gouvernement autiste et aveuglé par son idéologie, l’heure n’est plus au compromis ni à la mollesse.

Il doit désormais être clair pour le peuple que le gouvernement en place, sous des aspects de légalité, n’a aucune légitimité. En recourant injustement à la violence (en dépit des mensonges de Valls), il a dépassé toutes les bornes.

L’urgence pour notre pays est de se débarrasser de cette clique de malfaisants qui l’asservit !

Il est plus que temps de passer du conservatisme à la révolution.

Une révolution nationale, politique, morale, sociale, économique et spirituelle que le RF s’engage à servir de son mieux et jusqu’au bout ! »

Quelques jours plus tôt, une quinzaine de femmes du Renouveau Français rentrait de force dans les locaux des « Femen » pour y exhiber leur banderole ultra-réactionnaire, au nom de « l'ordre. »

A voir cela, on ne peut que comprendre que le fascisme en est à sa seconde étape, et qu'avaient tout faux les anarcho-trotskystes qui se « moquaient » il y a encore quelques semaines de l'extrême-droite.

Désormais, le fascisme va passer à l'étape de sa densification. Et il faut se préparer à cela !

Et ce n'est pas en courant après le discours chauvin et populiste du fascisme, qui est la chose qu'a à proposer la social-démocratie comme le montre Jean-Luc Mélenchon, que l'on pourra résister à cette lame de fond fasciste en train d'emporter toute la société capitaliste française.

Non, cela ne sera possible qu'en assumant pleinement la culture, la civilisation, en comprenant scientifiquement la France d'aujourd'hui et ses contradictions.

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