Donnie Darko est un film-culte ; à peu de choses près, il aurait pu être un très grand classique du cinéma.

Film troublant, il possède une charge romantique intense, tout en étant un vibrant appel à la révolte de la jeunesse. Echec à sa sortie, il a été porté par les masses en raison de son riche contenu.

Le scénario de Donnie Darko est pourtant troublant. L'adolescent américain Donnie Darko est schizophrène et croit parler à un lapin humanoïde qu'il image être un voyageur du temps. La fiction ou plutôt la folie se mêle à la réalité, jusqu'à la plus grande confusion.

Mais l'arrière-plan est celui de la rébellion : la folie apparaît comme la seule dignité du réel dans une société américaine hypocrite et oppressante. On est en fait ici dans la rébellion grunge.

Seulement voilà, le film est sorti en 2001 ; il a plusieurs années de retard. Son opposition au délire mystico-religieux arrive trop tard, et au moment où l'hystérie en ce sens se déploie suite aux attentats du 11 septembre 2001.

Sorti quelques années plus tôt, Donnie Darko aurait été l'un des principaux films des années 1990, comme un témoignage de la culture mêlant Nirvana et les Riot Grrrrls, Alice in chains et le repli sur soi d'une jeunesse désabusée (mais encore culturellement alternative parfois et quand il le faut).

Au lieu de cela, le film a ainsi tendance à se fourvoyer dans le délire mystique de la physique quantique, avec un univers parallèle chevauchant notre propre réalité, Donnie Darko reliant les deux, etc.

Reste cependant un film d'une extrême sensibilité, touchant et imaginatif, qui montre qu'on peut faire bien sans être commercial, quand on a des idées et des acteurs et actrices vraiment efficaces.